Fonctionnement du semis direct
Qu’est-ce que le semis direct?
Le semis direct est une technique culturale sans labour (TCSL), c’est-à-dire une méthode agricole qui n’inclut pas de travail au sol préalable.
En agriculture et en sylviculture, cela signifie que la graine est introduite directement dans la terre, sans passer par la culture en pépinière, ni par le travail au sol en profondeur ou entre les rangs déjà semés. Seule la ligne de semis est touchée.
À quoi sert cette technique d’implantation?
Que ce soit par la méthode du semis à la volée (à la main ou avec un épandeur) ou avec un semoir, la technique du semis direct consiste à planter des graines céréalières ou oléagineuses telles quelles, sans retourner, préparer ou décompacter le lit de semences. Le principe se base sur le respect de la vie des sols.
Cela permet notamment d’adapter le travail aux conditions pédoclimatiques, donc aux interactions entre le sol et le climat. Grâce aux techniques sans labour, on peut accéder à l’agriculture de conservation, écologiquement intensive, un pilier de la troisième révolution agricole.
Avantages du semis direct
L’avantage est double : écologique et économique.
En effet, comme l’affirment de nombreuses études américaines, la technique améliore la structure du sol, car celui-ci résiste davantage aux aléas climatiques. Il est ainsi moins sujet à l’érosion et aux problèmes de battance, et peut stocker plus d’eau.
C’est aussi un point fort pour le retour de la biodiversité. La faune et la flore homogénéisent naturellement la terre, lui donnant une texture proche des sols forestiers et concentrant la matière organique au niveau de l’horizon le plus proche de la surface.
En outre, lorsqu’il est sous couvert notamment, le semis direct permet de baisser drastiquement la consommation de carburant. L’investissement matériel est plus faible à l’hectare et le temps de travail s’en retrouve nettement réduit, de même que le coût en main-d’œuvre.
Inconvénients du semis direct
Par rapport au labour, le semis direct est moins efficace en termes de planification d’une campagne agricole. En particulier :
- Pour retrouver un sol naturel, il faut compter entre deux et cinq ans après l’arrêt du labour ;
- Il est plus difficile de lutter contre les nuisibles : mulots, campagnols et limaces ;
- Le réchauffement des sols est plus lent : ceux-ci restent plus humides, car, contrairement au labour, le semis direct ne permet ni l’aération, ni le dessèchement à l’origine du désherbage ;
- De même, si la rotation des cultures n’est pas suffisamment diversifiée, les mauvaises herbes nouvelles sont moins aisées à traiter.
Quel est le coût du semis direct?
Une étude de CUMA France estime le coût moyen à 25,38€/ha.
Voici comment sont réparties les charges :
Charges | Moyenne | Répartition |
Amortissement (€) | 3192 | 71% |
Frais financiers (€) | 485 | 11% |
Entretien réparations (€) | 594 | 13% |
Autres charges (€) | 224 | 5% |
Total (€) | 4495 | |
Volume d’activité (ha) | 214.5 | |
Coût moyen (€/ha) | 25.38 | |
dont entretien (€) | 2.63 |
Les semoirs étudiés mesurent entre trois et six mètres, valorisés à 100 ha/m.
Techniques culturales associées
Semis direct sous couvert
Cette technique utilise des couverts étouffants (d’avoine ou de seigle, par exemple) en interculture, qui sont ensuite naturellement détruits par roulage ou par le gel. Elle permet surtout d’éviter l’utilisation d’herbicides.
Le couvert peut être potager ou végétal. Dans ce dernier cas, on distingue deux cas :
- semis direct sous couvert végétal : le couvert est détruit mécaniquement ou naturellement et la biomasse est donc conservée à la surface du sol ;
- semis sous couvert végétal vivant : le couvert n’est pas détruit, il est conservé vivant.
Semis direct sur couverture végétale permanente
Le semis direct en agriculture biologique utilise la biodiversité. En maintenant une couverture végétale avec des résidus de culture, la croissance des adventices est limitée et la température du sol est gardée fraîche, ce qui conserve mieux l’eau et donc limite l’érosion.
Semis direct sur prairie
Le semis direct sur prairie permanente utilise un désherbage systémique non rémanent. En effet, les sursemis de plantes comme le méteil fourrager ou le trèfle servent à implanter des cultures qui s’adapteront aux changements climatiques. Ces plantes agressives détruisent les indésirables, favorisent la porosité du sol et nourrissent les micro-organismes.
Il est également possible de pratiquer le semis direct de céréales, sur prairies temporaires. Celles-ci servent surtout à la constitution de silos de fourrages, pour nourrir les troupeaux, en alternance avec les céréales (graminées et légumineuses).
En conditions humides
La pluie et l’humidité sont des contraintes pour le semis direct, car elles rendent le travail plus difficile. Le sol colle et fait remonter les graines. Il faut donc travailler avec une machine adaptée, comme un semoir à dents. Cependant, ces intempéries peuvent s’avérer utiles si elles permettent aux adventices de pousser avant la culture et donc, d’être plus facilement retirées.
Par cultures
Presque tous les types de cultures peuvent utiliser la technique du semis direct. Bien entendu, certaines céréales ou légumineuses (carotte, oignon, épinard, betterave, pomme de terre, etc.) nécessitent un traitement différent les unes des autres, car les conditions de pousse de ne sont pas les mêmes.
Pour sélectionner vos semences, renseignez-vous sur la zone agroclimatique (pour les céréales, comme le blé, l’orge, le tournesol ou le colza) ou encore le nombre d’unités thermique (pour le semis direct de maïs ou de soja).
Semoirs pour semis direct
Les semoirs pour semis direct peuvent être équipés de disques ou de dents, afin d’ouvrir le sol et d’insérer la graine dans les lignes de semis, tout en coupant la végétation présente. La méthode intervient le moins possible sur le sol, pour ne pas agresser la biodiversité. Cela permet notamment de remplacer le travail en chaîne charrue, grille, semoir, rouleau et épandeur.
Quel semoir de semis direct choisir?
Comme la terre n’a pas besoin d’être énormément déplacée, les machines demandent moins de puissance. Il n’est donc pas nécessaire d’investir directement dans un gros outil. En revanche, misez sur la qualité des levées.
Voici un aperçu des types de semoirs…
Semoirs à disques
L’avantage de ces semoirs réside dans la régularité des rangs et de la profondeur, ce qui amène une meilleure levée.
C’est l’outil parfait dans les couverts développés. Cependant, il est inadapté en conditions humides. Pour un prix assez élevé, le disque permet de travailler proprement en couverts ou résidus, mais peut avoir du mal à refermer le sol.
A noter, les semoirs à disques inclinés offrent une bonne capacité de pénétration. On distingue les semoirs mono-disques, des semoirs doubles disques et des semoirs triples disques.
Semoirs à dents
Les semoirs à dents trouvent leur force dans leur polyvalence pédo-climatique et la qualité des levées en couverts broyés. Surtout, à la sortie de l’hiver, les cultures sont robustes.
En revanche, la profondeur des semis est assez variable, il est parfois nécessaire de procéder au roulage.
Ils sont donc intéressants pour débuter.
Outils viticoles
Le cas particulier des vignes nécessite une machine qui puisse rajeunir les couverts herbeux vieillissants, mais aussi qui permette de restructurer les sols viticoles, souvent endommagés et tassés par les passages des tracteurs. Un semoir à dents et à disques peut être envisagé.
Prix d’un semoir de semis direct
Les valeurs d’achat sont très variables selon le type d’équipement.
Les tarifs évoluent entre 15.000€ et 20.000€ par mètre de largeur, soit environ 52.500€ pour un semoir de trois mètres et 105.000€ pour un semoir de six mètres.
Meilleures marques de semoirs de semis direct
Sur le marché, trois marques principales dominent, au niveau de l’équipement : il s’agit de Horsch, Sky Agriculture et Amazone. Suivent de très près des acteurs tels que Väderstad, Sulky et John Deere. Vous pouvez également vous tourner vers Agrisem, Gaspardo, Kuhn, Lemken, Semeato, Sola et Virkar.
Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :
En résumé
Comment passer au semis direct?
La condition pour se lancer dans le semis direct est de bien connaître son sol et de s’assurer qu’il est de la meilleure qualité possible, par exemple grâce au couvert. Il faut nécessairement apporter les correctifs que le sol requiert (pH, fertilité, drainage, nivellement etc.). Pour cela, procédez graduellement, en commençant sur une petite parcelle. N’hésitez pas à interroger les Cuma, qui offrent expertise et conseils pour vous aider.
Quel est le meilleur semoir pour le semis direct?
Cela dépend de plusieurs facteurs, comme la qualité du sol (friabilité, humidité), les conditions climatiques, la qualité des levées et bien sûr le prix. Pour les débutants, choisissez plutôt un semoir à dents. Pour des couverts développés ou résidus, préférez le semoir à disques.
En quoi le semis direct limite-t-il le changement climatique?
Une étude britannique a prouvé que le semis direct, par rapport au labour, pouvait réduire de plus de 30% les émissions de gaz à effet de serre liées à la production agricole, mais aussi augmenter la quantité de carbone stockée dans les sols.
Comment choisir son semoir en semis direct?
Le meilleur moyen pour ne pas vous tromper dans le choix de votre semoir en semis direct est de participer à des essais gratuits. Beaucoup de fabricants ou d’associations organisent ce genre d’événement, qui vous permet de prendre en main un modèle sur une courte période.
Comment réussir le semis direct sous couvert?
Ne vous lancez pas dans cette aventure sans vous renseigner correctement au préalable. Il faut tenir compte :
- De l’environnement : type de sol, résidus, humidité, friabilité, etc. ;
- De la profondeur du semis : on conseille de semer entre un pouce et un pouce et demi ;
- De la température du sol : entre 10°C et 12°C ;
- Du choix de la machine : à dents ou à disques.
Combien coûte un semoir de semis direct?
Les semoirs à disques reviennent à un prix situé entre 22€ et 28€ par hectare, en comptant les charges, amortissements, entretiens et frais financiers. Le prix d’achat se situe, lui, entre 15.000€ et 20.000€ par mètre de largeur.