Selon Odette Ménard, ingénieur de référence depuis 20 ans en conservation des sols et de l’eau au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, « les sols sont à la base de tout ! » Les préserver est une priorité et cela passe par éviter la compaction des sols.
Pour la détecter et l’identifier, elle explique qu’il n’y a qu’une solution : le profil de sol. Un examen en profondeur de 75 à 80 cm. On le réalise à un endroit représentatif de la parcelle, où l’on soupçonne l’existence d’un horizon compact. Attention aux hétérogénéité intra-parcellaire. Pour ce type de procédure, il vaut mieux se faire accompagner par un agronome.
Compaction des sols : 5 symptômes observables
Dans son livret Santé des sols, le club Action Semis Direct précise les cinq symptômes pour détecter une compaction des sols : densité, structure, couleur, présence d’eau et développement racinaire. L’évaluation de la densité se fait dans la paroi du profil de sol, via des petits coups de couteau avec un angle de 45°, et permet de constater une éventuelle différence de résistance. Une analyse de la structure est également possible, à la main : en cas de compaction « le sol se défait en gros blocs sous la pression des mains. S’il se défait. »
Autre analyse visuelle facilement réalisable : l’observation de la couleur. « Tous les sols, peu importe la texture (argile ou sable), développeront une teinte grisâtre lorsqu’ils sont privés d’oxygène, plutôt que brun-rouille lorsqu’ils sont bien aérés. » Si une couche grise contient des tâches de rouille, ou des marbrures, cela indique une capacité d’infiltration ralentie.
En conditions humides, la présence d’eau peut également indiquer une compaction. S’il y a compaction, un profil de sol se remplira à partir de ses côtés. De même, s’il y a un problème de drainage, il se remplira d’eau par le fond (remontée). « S’il y a véritablement de la compaction, on constate un sol plus humide en surface qu’au fond. » Enfin l’observation des développements racinaires est aussi une bonne option, la compaction freinant la croissance des racines (même pour la luzerne ou le radis fourrager).
Eviter la compaction des sols : sacrifier une saison ?
Remettre en état un sol compacté n’est pas une chose facile. En outre, « il faudra une période beaucoup plus longue sans pluie pour qu’un champ très compacté atteigne le degré d’assèchement requis pour le sous-solage » explique Action Semis Direct. Certains agriculteurs rencontrés au Canada font ainsi le choix, lorsqu’ils achètent une terre ou qu’ils en louent une pour la première année, de sacrifier une saison pour se donner le temps de remettre en état les sols, souvent via un drainage, un nivelage et la mise en place d’un couvert végétaux. Un sacrifice payant, puisqu’ils observent à chaque fois un impact positif sur les rendements.
A noter concernant l’impact des couverts végétaux sur la structure des sols une étude réalisée en France (dans l’Oise) dans le cadre du projet Sol-D’Phy a démontré que, non seulement les racines des couverts végétaux étaient capables de coloniser les zones tassées, mais en plus que cette colonisation contribuait à améliorer l’état structural du sol (par fissuration) et à augmenter la vitesse d’infiltration d’eau dans le sol.
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Le décompactage ? Un correctif, pas une habitude !
Décompacter un sol peut également se faire via une sous-soleuse, mais « il s’agit d’un correctif et non d’une méthode de travail de sol habituelle » insiste l’organisation canadienne. Si intervention il y a, elle doit se faire impérativement par temps sec, avec un sol sec sur toute la profondeur, et la profondeur de travail doit dépasser d’au moins 10 cm la zone compacte.
Pour optimiser ce travail de sous-solage, il est possible d’utiliser des cultures de couverture en effectuant un semis quelques jours avant le passage du décompacteur, « pour stimuler la vie microbienne et l’établissement d’un système racinaire actif le plus tôt possible. » Il ne faut ensuite plus effectuer aucun passage dans cette parcelle jusqu’au printemps suivant.
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