Pratiquer une agriculture de conservation des sols nécessite de prendre le temps de la réflexion et de réapprendre à observer son sol afin d’en comprendre le fonctionnement. La transition est une phase délicate: modifier ses pratiques culturales, adapter la fertilisation, ajuster les rotations, introduire des couverts végétaux sont autant d’étapes à franchir pour faire évoluer positivement son sol, réduire le travail et aboutir au semis direct. Avec des expériences, du recul et un bon appui technique, il est assez facile de franchir le pas et de bénéficier des multiples avantages de cette approche.
Prendre le temps de la réflexion
Le passage à la pratique du semis direct est souvent le fruit d’une réflexion longue motivée par différents enjeux:
- Reprendre son sol en main,
- Améliorer sa qualité de vie,
- Optimiser son temps de travail et ses coûts,
- Produire mieux dans le respect de l’environnement,
- Améliorer les marges à moyen terme,
- Baisser l’IFT, y compris des herbicides (mais il faut être bon !).
Témoignage
«On ne travaille pas moins mais différemment, avec plus d’observation et moins de matériels», entend-on souvent. Le passage à ce nouveau système de culture est souvent facilité par l’appartenance à un collectif. Le travail de groupe permet des échanges, d’accéder à des formations, de bénéficier de l’entraide et surtout, de s’enrichir et de mutualiser l’expérience.
Guillaume Bourgues, président et responsable des semoirs de la cuma du Lautrecois (81), explique : «On s’enrichit les uns des autres, de nos différentes expériences, heureuses ou non! Le groupe permet d’être plus audacieux car on tente des mélanges. Nos couverts peuvent changer d’une année sur l’autre ainsi que nos rotations. La cuma est incontestablement un lieu de rencontre privilégié pour aborder l’agriculture de conservation.»
Diagnostiquer son sol: un préalable incontournable
Il est important d’évaluer le potentiel du sol et son niveau de fertilité. Un tour d’horizon des caractéristiques physiques, hydriques, chimiques et biologiques du sol est nécessaire pour identifier sa fertilité. Il faut «préparer» le sol à ces nouvelles méthodes de cultures.
Observation de surface: 1-2 cm
En surface (1 à 2 cm), étudier la quantité de résidus végétaux présents, la porosité de surface, la croûte de battance, l’activité des vers de terre, l’érosion hydrique, la présence de mousses et d’algues. Cette observation de surface permet de savoir si le milieu sera favorable à la germination de la graine.
Observation en profondeur: 20 cm
En profondeur (20 cm), examiner la texture, la porosité, l’hydromorphie, la compacité, la faune, le taux de matière organique, etc. Tous ces facteurs témoignent du fonctionnement du sol et de sa dynamique. Cette observation de profondeur informera sur la capacité des racines à s’implanter, et de la plante à se développer.
Décision
Si le sol s’avère en bon état —pas de compaction, porosité et régularité de la surface, bon drainage, développement des vers de terre, sol souple— il peut recevoir du semis direct! Si le sol est en mauvais état, avant le passage au semis direct, il est possible de le travailler plus ou moins profondément en fonction de son état. Il faudra implanter immédiatement une culture ou un couvert pour ne pas le laisser nu. Pour un travail profond, préférer un outil de pseudo-labour (dent Michel, Agrisem, Actisol) qui bouleverse moins le sol et ne mélange pas les couches de terre.
La pratique du semis direct modifie le comportement du sol Un travail profond peut se faire sur un sol pris en masse avant l’implantation d’un couvert abondant et non avant la culture de vente. Dès lors, le travail profond est à proscrire ; le métal sera remplacé par la mise en place d’un couvert végétal qui maintiendra le sol structuré. Le sol change alors dans sa capacité à absorber l’eau, sa vitesse de ressuyage, sa stabilité structurale, sa sensibilité à la compaction. L’exploitant gagne du temps de préparation mais les créneaux de travaux dépendent de la météo. Tant que le sol n’a pas pleinement acquis ses fonctionnalités naturelles grâce à l’installation d’une forte biodiversité (micro-, méso-, macro-organismes), il faudra lutter contre un excès de salissement des sols, faire face à leur compaction, et accepter une baisse, souvent légère et passagère, des rendements. Ce n’est qu’au bout de 3 ans en moyenne (jusqu’à 6 à 7 ans pour les sols argileux!) que l’activité biologique du sol est améliorée et que les rendements reviennent à un niveau normal voire supérieur. |
Tout savoir sur le semis direct
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Commencer par diagnostiquer le sol
Accepter les difficultés du début
Quelle rotation mettre en place ?
Comment assurer la levée des graines ?
Les semoirs à disques inclinés
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