Alors qu’en 2020, un tracteur de 220 ch valait en moyenne 150 000 €, il faut dorénavant compter 35 000 € de plus en 2024 ! Alors forcément, ça peut changer la donne lors du renouvellement du tracteur. Analyse.
Baisse du prix de revient
Lorsque le groupe est en rythme de croisière, les adhérents ont tendance à renouveler rapidement leurs tracteurs. Cela leur permet de profiter des garanties, de l’entretien peu onéreux ou encore leur éviter de changer certaines pièces d’usure, ou les pneus.
Cependant, avec la conjoncture actuelle et l’envolée des prix, certains groupes hésitent à renouveler leur tracteur et pensent le faire vieillir encore un peu. Dans ce cas, nous avons calculé plusieurs évolutions du prix de revient. On remarque une réduction drastique de celui-ci pendant les années supplémentaires d’utilisation. En effet, le tracteur est financé. Seules les charges et frais d’entretien, un peu plus élevés sont comptabilisés.
Renouvellement du tracteur : faut-il garder le même niveau de facturation ?
Le groupe peut choisir de réduire le coût facturé ou de garder le même niveau de facturation, pour lisser cette fluctuation. Ces deux années supplémentaires, moins onéreuses peuvent permettre de financer l’entretien un peu plus cher ou remplacer des pièces d’usure. Egalement de payer des réparations dues au vieillissement du tracteur.
En revanche, le coût de revient augmente près de 7 €/h lors du renouvellement, comme prévu. Si le groupe veut conserver le même coût (soit 33 €/h) il faudrait qu’il réalise plus de 850 heures chaque année. Au détriment des coûts d’entretien dans ce cas. En cas de renouvellement retardé, il ne faut pas oublier qu’en deux ans, le coût de revient bondit de près de 10 €/h. Reculer pour mieux sauter ?
Hypothèses de calculs pour les simulation de renouvellement du tracteur
Nous nous sommes appuyés sur les données du guide des coûts de revient des matériels en cuma de 2024 de l’Est et de Cumacalc. Nous avons imaginé la création d’une activité tracteur au sein d’une cuma en 2020. L’achat de ce tracteur est alors amorti sur quatre ans. Il est financé par un appel de capital social équivalent à 10 % du prix de l’achat.
Le reste étant emprunté à la banque à un taux de 2 % en 2020 et 4 % en 2024 d’une durée de cinq ans. Le groupe a prévu de l’utiliser 700 heures chaque année. Face à l’inflation de 2024, nous avons augmenté les coûts d’entretien et de réparation de 5 €/h en 2020 à 6,10 €/h lors du renouvellement. Nous nous sommes basés sur une valorisation du matériel de 5 %/an. Le capital restant dû est intégré au coût du renouvellement.
Avis de l’expert : faire le point sur les motivations à changer de tracteur
Valentin Nugues, ingénieur-conseil agroéquipement à la frcuma des Hauts-de-France, pousse à se questionner sur les motivations à changer de tracteur.
« Dans un premier temps, il est nécessaire de connaître ce qui motive un groupe à renouveler son tracteur : est-ce que c’est par nécessité d’avoir des options, de la puissance en plus ? Est-ce pour anticiper des frais d’entretien élevés, éviter des risques de casse ? Ainsi on questionne le groupe sur sa stratégie et sa périodicité de renouvellement.
Si on allonge cette périodicité sur le prochain tracteur, un amortissement plus long peut être envisageable, ce qui permet de réduire le coût d’utilisation. Ensuite il faut faire le point sur les différentes possibilités pour y parvenir. Pour cela il faut s’appuyer sur des calculs de coûts de revient selon les différents devis de tracteur. Il peut être pertinent de les comparer au coût prévisionnel de l’ancien tracteur auquel on ajoutera des frais de réparation plus importants.
Avoir un vrai cahier des charges
Mais avant de décider d’un renouvellement du tracteur ou non, il est primordial d’établir un cahier des charges clair en amont. Pour ainsi définir clairement les besoins du groupe et éviter d’investir dans des options inutiles qui peuvent coûter cher.
Pour tenter de réduire les coûts de revient, on peut essayer d’optimiser au maximum le tracteur en l’utilisant davantage. Avec le groupe on peut essayer de déterminer les activités pour lesquelles on peut imposer l’utilisation du tracteur : presses et bineuses par exemple.
Par ailleurs, il peut aussi être intéressant d’estimer les économies potentiellement réalisables lors de l’utilisation du tracteur. À l’image de la consommation. La puissance est souvent peu exploitée, le lestage et la pression des pneus peuvent être améliorés. Les économies de GNR peuvent compenser au moins en partie le surcoût du tracteur à l’achat. Toutefois, la hausse du matériel peut être l’occasion pour les agriculteurs de faire vieillir le tracteur personnel et s’engager davantage dans celui de la cuma. »
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