La casse en cuma n’est pas une fatalité

Partager sur

La casse en cuma n’est pas une fatalité

Le problème de casse concerne la plupart des cuma mais les causes sont multiples. Si certaines casses s’expliquent par une utilisation plus intensive et de fréquents déplacements sur la route, beaucoup de casses sont évitables en mettant en place des règles simples.

Quatre cuma sont venues témoigner sur des solutions pratiques et efficaces pour lutter contre la casse lors de la journée des cuma, organisée par la fdcuma d’Indre-et-Loire, en partenariat avec le Crédit agricole, le 3 décembre à Ligré.

Cuma de St Flo : une franchise à la charge de celui qui casse

«A la cuma de St Flo, les casses sur le télescopique, c’était tous les mois : capot, garde-boue, vitres et systématiquement un à deux rétroviseurs», explique Emmanuel Magnan, président. Avec le changement de matériel en 2014, une réunion a été organisée entre les onze utilisateurs et le conseil d’administration. Les casses récurrentes ont lassé les administrateurs qui hésitaient à racheter un nouveau télescopique. Groupama aussi a réagi face à l’ensemble des sinistres et a proposé une franchise de 200€ pour limiter la hausse de la prime d’assurance. La réunion a permis au conseil d’administration de rappeler les règles d’entretien et de bon usage du matériel et d’informer les adhérents que désormais cette franchise serait à la charge de celui qui a cassé. Depuis, la situation s’est améliorée. Il y a peu de casses et pour celles de moins de 200€, l’adhérent répare sans déranger les responsables de la cuma.

Cette solution de franchise est simple et pratique à reproduire dans les autres cuma et pour d’autres matériels, notamment pour les protèges-cardans, l’éclairage, etc.

Cuma de l’Arc en Ciel : des faucheuses bien entretenues

Dans plusieurs cuma, les responsables constatent des casses sur les faucheuses (roulements d’assiettes, boitiers, courroies, sécurités à frictions…). Parfois, certains groupes achètent une faucheuse de plus pour faire face aux casses répétées pendant la pleine saison. Ce type de casse est difficilement imputable à un seul adhérent. En effet, les fenêtres de récolte sont limitées ; il faut aller vite et les tracteurs puissants le permettent. Les faucheuses le supportent d’autant moins bien que l’herbe est haute ou versée. Néanmoins, des solutions existent.

«Il faut que tout le monde s’implique.» Frédéric Cadieu, président de la cuma de l’Arc-en-Ciel à Charnizay, a présenté le fonctionnement des deux faucheuses conditionneuses et du groupe de fauche acheté en 2014. Les faucheuses conditionneuses (l’une à fléaux, de 2013, et l’autre à rouleaux, de 2012) se portent bien, avec un coût de 15€/ha pour 580ha et une dizaine d’adhérents, contre 18€/ha de moyenne (selon le guide des prix de revient cuma).

Comment expliquer ce bon résultat ? En premier lieu, les adhérents sont tous responsables d’au moins un matériel de cuma. Il faut que tous soient impliqués et ainsi responsabilisés sur l’entretien. Pour les conditionneuses, les tracteurs des adhérents sont de puissance adaptée et l’entraide limite les manipulations d’attelage. Pour le groupe de fauche, la cuma a investi dans un tracteur qui reste attelé pendant la saison de fauche.

Par ailleurs, la cuma a une politique de renouvellement des faucheuses conditionneuses tous les 3 ou 4 ans. Bien qu’elle ne soit pas encore prête à franchir le cap de l’embauche d’un salarié, Frédéric Cadieu a néanmoins signalé cette possibilité pour encore améliorer le fonctionnement et répondre à des problèmes de main-d’œuvre en période de pointe sur les exploitations.

Cuma de la Maulne : savoir appliquer des sanctions

«A mon arrivée, la casse a été le premier enjeu à régler», explique Stéphane Charbonnier, président de la cuma de la Maulne depuis deux ans. Avec près de 120 adhérents pour une cinquantaine de matériels, l’implication des adhérents est variable. Des dérives ont été constatées et en partie corrigées avec une règle simple : pour les casses, c’est l’adhérent fautif qui paie. «En cuma, on mutualise de l’usure, on ne mutualise pas de la casse», affirme Stéphane Charbonnier. Il a appliqué ce principe vis-à-vis d’un adhérent négligent qui a causé l’arrêt d’un épandeur (grosse casse pour 8.000€ de réparation) suite à une absorption de pierres. C’était la troisième grosse casse de cet adhérent. Même si c’est l’adhérent et son assurance qui ont pris le coût en charge, cet arrêt de plus d’une semaine a désorganisé le chantier et gêné les autres adhérents.

Après consultation de la fdcuma, l’adhérent a été invité à venir s’expliquer devant le conseil d’administration de la cuma et a signé un engagement à respecter les matériels sous peine d’être exclu de la cuma en cas de nouvelle casse. Cette solution a marché non seulement pour cet adhérent mais a globalement sensibilisé l’ensemble des adhérents par le bouche à oreille.

Cuma du Val de Veude : un mécanicien pour du matériel toujours prêt

«La casse, ce n’est pas un gros problème dans notre cuma. Il y a un responsable par outil. Tout le monde joue son rôle», explique Willy Braud, le président. En effet, la cuma avait une politique de renouvellement rapide pour avoir toujours du matériel en état. Sauf que cette politique a un coût avec des matériels neufs de plus en plus chers. Cette cuma a donc cherché une solution pour faire vieillir le matériel sans avoir de soucis de casse en pleine saison.

En 2014, la cuma a embauché un mécanicien confirmé pour l’entretien des 50 matériels de la cuma et de trois autres cuma voisines, soit un total d’environ 90 matériels auxquels s’ajoutent quelques matériels d’adhérents, ce qui respecte la règle d’un temps plein pour 100 matériels. «L’avantage d’avoir un mécano expérimenté, c’est qu’il a l’œil, il sait. Il voit les problèmes à l’avance.» Ainsi, les outils sont toujours prêts pour faire la saison.

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer