Depuis plusieurs années la cuma de la Prévoyante envisageait de mettre en place une activité tracteur. Pourtant, « nous ne voyions plus trop aboutir ce projet », se souvient Jean-Pierre Yvon, administrateur et utilisateur du tracteur. L’élément déclencheur du premier tracteur, outre le soutien d’une subvention, fut l’engagement d’un adhérent, alors principal utilisateur du service. C’est donc ce déclic qui a concrétisé le lancement. « Cela faisait déjà un engagement de 300 h », complète Jérôme Debieu, vice-président de la cuma de la Prévoyante, sur une activité prévisionnelle de 600 h à l’époque.
Le tracteur de plus de 200 ch pour 22 €/h
En février 2022, soit cinq ans plus tard, la coopérative confirme son activité tracteur désormais installée, alors même que le principal instigateur qui avait allumé l’étincelle n’est plus dans le groupe : Elle renouvelle son engin, pour un volume annuel entre 700 à 800 h. Sur la bonne trentaine d’adhérents, « nous sommes sept aujourd’hui dans le groupe de traction », complète Maël Jouault, le président d’une cuma qui a débridé ses projets.
À l’époque où la cuma décide d’acheter son premier tracteur, « nous avions généralement des tracteurs de 130 à 150 ch sur nos exploitations. Cela devenait un peu faible pour utiliser les outils de la cuma », expliquent les représentants du collectif dont les matériels ont continué de grandir. Une remorque triple essieu sillonne désormais les routes autour de Brecey. De son côté, la tonne à lisier 18 000 l avec enfouisseur charrie 4 000 l de plus que la précédente. « Nous allons aussi vers des matériels de travail du sol et de semis de 6 m. Tous ces investissements n’auraient pas pu se réaliser sans la traction dans la cuma. Nous ne sommes plus bridés par le besoin de puissance », soulignent-ils.
Le matériel a évolué pour l’activité tracteur
Si le tarif pour le tracteur de 245 ch vient d’augmenter d’un euro, ce coût (22 €/h) reste « très raisonnable ! jugent les responsables. Surtout si l’on regarde par rapport à ce qui se pratique pour de la location. » Au lancement d’activité, le groupe avait opté pour le matériel, « le plus simple possible », précise Jérôme Debieu. « Le but était d’une part que tout le monde puisse monter dessus », complète le président. « D’autre part, c’était pour que ça coûte moins cher. Cela n’aurait pas été pareil si nous avions payé 50 000 € de plus », analyse enfin Jean-Pierre Yvon.
Et depuis le renouvellement de 2022, c’est un New Holland T7 que la cuma de la Prévoyante propose à ses adhérents. Au-delà de sa quarantaine de chevaux supplémentaire, il se démarque du premier tracteur grâce à la transmission à variation continue, ou encore au guidage par GPS.
Un second tracteur dans le sillage du premier
En outre, les cumistes normands disposent d’un second tracteur, facturé 14 €/h, depuis mi-2022 : un John Deere 6130 M monté en roues étroites. Il sert prioritairement sur les chantiers de pulvérisation et d’épandage d’engrais minéral. Ce sont là deux activités que la cuma lançait récemment et pour lesquelles les adhérents espéraient accéder à un ensemble complet. Cela afin de simplifier les réglages et la connexion entre tracteur et outil. Alexis Bigot est vice-président et utilisateur des tracteurs de la cuma de Brécey. Il analyse l’avancée plus rapide du projet d’acquisition de ce second tracteur : « Le groupe existait déjà et nous étions rodés sur le fonctionnement. »
« Que ce soit quand il faut être quatre ensembles dans le même champ, ou même parce qu’on est en panne avec notre tracteur, c’est tout de même bien pratique d’avoir cette solution de traction. C’est polyvalent. Et ce n’est pas cher », résument les adhérents. Ils constatent également que le fait que la cuma s’équipe a modéré leur besoin d’investissement individuel. « Nous utilisons moins nos propres tracteurs. Cela ne nous évite pas d’acheter, mais on renouvelle moins rapidement. Et en même temps nous ne prenons pas des moteurs aussi puissants que s’il n’y avait pas celui de la cuma », s’accordent les représentants de la cuma de la Prévoyante.
L’activité tracteur en cuma multiplie les intérêts
Au bout de quelques mois d’utilisation de son premier tracteur, la cuma de la Prévoyante a fait évoluer son organisation des réservations. Elle a adopté le calendrier en ligne Mycuma planning. Alexis Bigot, vice-président de la cuma de Brécey, précise une nuance entre les deux tracteurs actuellement en service : Le plus petit réalise des interventions qui s’enchaînent assez facilement chez plusieurs adhérents sur la même journée « et le nombre d’utilisateurs principaux est moindre sur celui-ci. C’est plus adapté d’organiser le planning et les réservations par téléphone. »
En revanche pour le T7, que les utilisateurs mobilisent généralement sur des journées complètes, tout passe par le planning en ligne. Entre autres avantages, la méthode apporte de la transparence, donc de l’équité. Ce fonctionnement rend plus facile la planification des chantiers : « En un coup d’œil sur l’écran, au moment où on appelle l’entrepreneur, on arrive à organiser son ensilage, avec les tracteurs et les remorques. » Le président observe : « Et cela n’empêche pas de s’appeler pour affiner l’organisation, et la transmission du matériel. » Tandis que pour les responsables qui logent le matériel, « c’est moins contraignant que d’avoir à répondre constamment au téléphone. »
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