Dans la Loire, la cuma des Cotes de Périgneux possède des charrues depuis toujours. Régulièrement renouvelées, deux exemplaires sont à la disposition des adhérents. Une charrue 4 corps et une 3 corps, « car dans notre région d’élevage, tous les adhérents n’ont pas la puissance disponible pour emmener un modèle 4 corps, surtout dans les parcelles en pente », indique Jocelyn Vialla, président de la Cuma.
Des habitudes qui évoluent
La charrue arrive en tête dans les outils de travail du sol. Elle reste l’outil privilégié, « car dans nos itinéraires, nous implantons des cultures derrière des prairies. Détruire des prairies avec un outil à dents demande généralement plusieurs passages. Cela demande plus de temps que nous n’avons pas forcément et une consommation de GNR supérieure. Avec le labour, le travail est réalisé en un seul passage et nous retrouvons un sol propre, sans repousses pour la mise en place des cultures. »
Comme beaucoup, la façon de pratiquer le labour a évolué. Avec des terrains peu profonds, la profondeur du travail a changé. « Les habitudes étaient de labourer à une profondeur de 25 cm. Avec des terrains superficiels, on remontait à la surface de la terre inerte et on enfouissait profondément la matière organique. Aujourd’hui la tendance est plutôt de ne pas dépasser les 20 cm. On gagne ainsi sur plusieurs tableaux. Au niveau agronomique avec des résidus qui se décomposent mieux. Au niveau des débits de chantier qui ont ainsi augmenté, mais aussi sur la consommation de GNR. »
Le choix de la charrue déchaumeuse
Il y a cinq ans, la cuma voulait investir dans une troisième charrue afin de répondre à la demande et avoir un matériel plus disponible. Et pourquoi ne pas faire le choix d’une charrue déchaumeuse ? Mais quelles sont les capacités de l’outil ? Quel est le travail réalisé ? Pour répondre à ces questions, les adhérents ont organisé différents essais avec plusieurs marques proposant ce matériel. Le choix s’est porté sur une charrue de sept corps en 12 pouces de marque Ovlac.
Charrue déchaumeuse : avantages et inconvénients
Après cinq années d’utilisation, la charrue déchaumeuse a trouvé sa place. Certains ont abandonné la charrue classique et d’autres utilisent les deux en fonction des besoins. Pour la majorité des adhérents, la charrue déchaumeuse est privilégiée pour un travail derrière une récolte de céréales. « on retrouve à peu près le même résultat qu’avec une charrue classique mais avec un travail à seulement 15 cm de profondeur. Les débits de chantier sont plus importants et on diminue en même temps la consommation de GNR. »
Les adhérents constatent aussi que le travail moins profond avec quelques résidus en surface permet de limiter les phénomènes d’érosion. En revanche, derrière une culture de maïs, les résidus sont trop importants et la charrue déchaumeuse peine à les enfouir. Un inconvénient pour les adhérents en bio qui, dans ce cas, préfèrent le labour classique qui laisse un sol propre pour le passage des outils de désherbage mécanique sensibles aux bourrages.
Avec des corps de 12 pouces, créant un sillon trop petit pour les pneumatiques des tracteurs, la charrue déchaumeuse travaille hors raie. Pas de GPS sur le tracteur des adhérents, « mais c’est un coup de main à prendre, même si parfois il y a quelques écarts. » L’inconvénient de la technique est parfois un manque d’adhérence. « Surtout quand on laboure derrière un épandage de fumier. Le sol est un peu gras et le patinage est plus important.
La charrue déchaumeuse a trouvé sa place. Aujourd’hui, c’est une vingtaine d’adhérents qui l’utilise pour une surface de 500 ha par an. « C’est un matériel qui sera renouvelé, sans pour autant abandonner les charrues classiques. »
En Haute-Marne, une charrue pour résoudre de nouveaux problèmes
En Haute-Marne, la cuma de Faverolles est sur des terrains argilo-calcaire superficiels. Depuis quelques années, la façon de travailler change, « car nous sommes arrivés au bout de l’assolement traditionnel colza/blé/orge » indique le président, Emmanuel Sausseret. « Les rotations s’allongent et la disparition des herbicides fait que la lutte contre les adventices est devenue une priorité. » Pour cela, la cuma s’est progressivement équipée d’une combinaison d’outils à dents et à disques. « Aujourd’hui, du fait de l’allongement des rotations et du travail du sol, je suis arrivé sur mon exploitation à maîtriser les graminées. En revanche, il y a une modification de la flore adventice avec de nouveaux venus comme le bleuet, le géranium ou le coquelicot. »
Pour cela, la cuma a racheté une charrue qui réalise tous les ans un peu plus d’hectares. « La charrue sert aux adhérents passés en bio qui sont de gros utilisateurs. Mais elle sert aussi pour enfouir les Cipan, ou encore avant l’implantation d’un blé, quand les parcelles sont sales et qu’il n’est pas possible d’intervenir avec d’autres matériels. C’est une solution supplémentaire, devenue parfois obligatoire pour lutter contre le salissement des parcelles. »
À la recherche de sols propres
« Avec le passage en bio, la charrue est devenue un outil indispensable dont on pourrait difficilement se passer », constate Emmanuel Jeaugey en Haute-Marne. Auparavant, le labour était réservé pour certaines cultures de printemps comme avant l’implantation d’un maïs. « Maintenant, notre priorité est d’avoir des sols sans résidus. Ceux-ci provoquent des bourrages avec les différents appareils de désherbage mécanique intervenants dans les cultures. » Le labour revient aussi pour lutter contre la prolifération des adventices. « La charrue permet de lutter contre les mauvaises herbes de deux manières. La première en enfouissant la plante et les graines. La seconde en réchauffant le sol. Cela permet à la culture de démarrer rapidement et de couvrir le sol, ralentissant ainsi le développement des adventices. On aimerait s’en passer, mais on n’a pas encore trouvé un outil aussi efficace. »
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :