D’un tracteur vieillissant, la cuma Agriculture et mécanique, située à Courcelles-le-Comte dans le Pas-de-Calais, est passée à une véritable flotte. Elle compte à ce jour six tracteurs des marques Fendt et Claas, allant de 150 à 220 ch. « Lorsque nous avons renouvelé notre vieux tracteur dans les années 2000, nous avons fait naître une demande, se souvient le président, Dominique Carnel. L’année suivante, nous en avons acheté deux autres. L’année encore d’après également. »
La cuma Agriculture et mécanique mise sur du matériel bien dimensionné
La cuma, face à ce besoin important, décide en parallèle de proposer des prestations en chantier complet. « C’est le cas principalement pour les semis de betteraves, de maïs et de céréales, explique Bastien Raison, trésorier de la cuma. Mais aussi pour l’épandage d’engrais ou encore l’arrachage des pommes de terre. » Le groupe, composé d’une quarantaine d’adhérents, embauche deux salariés à temps plein et possède une belle gamme de matériel : combinés de semis de betteraves, de céréales, arracheuse de pommes de terre, bennes, etc.
Pour accélérer le débit de chantier, la cuma choisit toujours de s’équiper avec du matériel bien dimensionné. « Nous avons investi dans des outils plus larges, ce qui nécessite une plus grosse puissance de tracteur, illustre le président. De même pour les bennes qui demandent une puissance de traction élevée. » Une stratégie qui incite les adhérents à utiliser le matériel en commun plutôt que le leur, et donc à s’engager.
Des tracteurs bien équipés à 24 €/h
Idem pour le choix de l’équipement : « Nous choisissons toujours des tracteurs bien équipés, ajoute Dominique Carnel. Les six derniers que nous avons achetés possèdent un GPS, un relevage avant, une boîte à variation continue et plusieurs gammes de pneus et de roues. » Un choix qui semble être payant malgré un surcoût estimé à 3 €/h pour chaque tracteur.
Outre la volonté de booster la cuma, c’est aussi une demande de la part des adhérents. Le tracteur ne doit pas être une limite aux différentes techniques que peut mettre en place la trentaine d’agriculteurs engagés dans cette activité. En plus de cela, le choix d’un tracteur ergonomique et confortable est important pour les utilisateurs.
Chacun des tracteurs de la cuma est lié à des engagements de 700 h/an, en chantier complet avec chauffeur ou en libre-service. « L’objectif est de convenir d’un prix à l’avance mais aussi d’avoir de la souplesse dans l’utilisation, souligne le président. Quitte à ce que le coût horaire soit un peu plus élevé. » D’ailleurs, celui-ci s’établit à 24 €/h, Adblue, entretien et équipement compris. Au total, chaque année, ce sont 4 000 à 5 000 h de traction qui sont réalisées.
L’utilisation des tracteurs dépend principalement des conditions météorologiques. L’outil MyCuma planning permet de gérer les réservations des tracteurs. Toutefois, pour les chantiers de semis et de récolte où le temps peut presser, une réunion avec tous les adhérents est organisée afin d’établir des plannings justes et adaptables.
Heures engagées, heures facturées à la cuma Agriculture et mécanique
Pour garantir le prix et inciter les adhérents à respecter leurs engagements, les membres du bureau de la cuma ont décidé d’appliquer un règlement bien ficelé. « Qu’elles soient réalisées ou non, les heures engagées sont facturées, lance le trésorier. Les heures payées non utilisées peuvent être toutefois récupérées l’année suivante. »
En revanche, si l’agriculteur a utilisé le tracteur plus que ce à quoi il s’était engagé, ces heures seront facturées, avec un surcoût. L’adhérent sera également incité à revoir ses volumes engagés. « Bien sûr, on applique une tolérance de 10 % dans ce genre de cas, toujours dans notre objectif de souplesse mais sans favoriser l’opportunisme », précise le président.
Côté entretien des tracteurs, les pièces détachées et coûts d’entretien sont déjà intégrés dans le plan de financement. « Et puis il faut le dire, une panne d’un montant important répartie sur le volume a une faible incidence. Elle ne fait donc quasiment pas varier le prix d’utilisation », relève Bastien Raison. De plus, les deux salariés ont pour mission de conduire mais aussi d’entretenir le matériel grâce à l’atelier de la cuma.
Renouvellement rapide
Toujours dans l’objectif de proposer du matériel performant, la cuma renouvelle son parc de tracteurs tous les cinq, voire six ans. L’occasion aussi de remettre à plat les engagements. « Nous choisissons nos tracteurs selon plusieurs critères. Mais la fiabilité et la robustesse de la marque sont les premiers, explique Dominique Carnel. Cela garantit le prix de reprise. Ensuite, on essaye d’évaluer le service après-vente, la proximité avec l’atelier mais aussi le confort et l’ergonomie du tracteur. » Bien souvent, avant le renouvellement, les échanges entre concessionnaires, chauffeurs et agriculteurs vont bon train. La cuma s’efforce de les choisir de la même marque, histoire de ne pas perturber les chauffeurs.
Cependant, pour le groupe tracteur de la cuma, l’année prochaine sera une année charnière. « Nous sommes dans le renouvellement des générations avec de nombreuses exploitations reprises par des doubles actifs, indique Dominique Carnel. Ils n’ont pas forcément besoin de main-d’œuvre puisqu’ils s’appuient sur celle familiale. On manque de visibilité et d’engagement. Et au vu des prix du matériel, on risque de repousser le renouvellement des tracteurs. » Car si les adhérents de la cuma veulent conserver leur souplesse et disposer facilement d’un tracteur, il faut maintenir le nombre de tracteurs dans le bâtiment. Afin de ne pas pénaliser ceux qui restent. « Le levier qui est très important dans la cuma reste celui de l’entraide, qui apporte beaucoup d’agilité pour la réalisation de travaux. Nous devons le développer », fait remarquer le président.
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