Le coût de l’implantation d’une culture est une charge variable. C’est peu de le dire. Sous l’influence des choix d’itinéraire, l’écart est grand. C’est sans compter que la stratégie d’équipement et d’organisation des chantiers ajoute aux différences. Ainsi, l’agriculteur qui sème son colza pour plus de 160€/ha peut très bien regarder en même temps son voisin implanter la même culture pour un coût 2,5 fois inférieur. Le réseau cuma présentait une comparaison du coût du semis, préparation du sol incluse, en fonction des techniques, à l’occasion du dernier Mécasol. «Nous avons aussi voulu regarder l’impact économique des largeurs de travail, sur la base de ce qui se pratique sur le terrain», introduisent les animateurs de cuma Mickaël Madier (79), Augustin Fouillet (85) et Pierre Pichet (72).
Coût du semis: faut-il semer en 3 ou 6 mètres?
Ainsi l’exposé considère deux stratégies pour chaque méthode d’implantation. D’un côté l’envergure des outils est assez standard pour semer une surface annuelle de 150ha. De l’autre, les outils sont plus larges, plus chers. Ils améliorent les débits de chantiers mais en même temps imposent de les valoriser sur une plus grande surface. Ces hypothèses d’équipement grande largeur retiennent un volume d’activité de 350ha/an. Celui-ci semble particulièrement accessible à un usage collectif.
Ainsi, le semis d’un couvert ou d’un colza avec un combiné 3m derrière une charrue 5 corps revient à 161,7€/ha. Le même travail avec une herse rotative et un semoir deux fois plus large ainsi qu’un charrue 6 corps qui parviennent à couvrir les 350ha/an ne coûte plus que 138,3€/ha. «On voit que la solution collective génère des économies», résument les intervenants. Par la même occasion, cette seconde stratégie divise par deux le temps de travail nécessaire à l’ensemble de ces interventions.
Bien valoriser le potentiel du semoir est d’autant plus important que l’investissement est lourd
L’organisation et la stratégie d’équipement constitue donc un des deux leviers principaux de la maîtrise du coût de l’ensemencement que ce travail identifie. Les choix techniques en sont un autre. Ceux-ci répondent bien entendu à d’autres objectifs que le seul coût économique de l’implantation. Néanmoins, les écarts ne sont pas anodins. Dans leurs calculs, les experts prennent un tarif du GNR de 1,40€/l et un coût de la main d’œuvre de 20€/h. Sans surprise, le coût des modalités avec un labour est le plus élevé.
L’implantation avec un combiné herse rotative et semoir après un passage de déchaumeur reste relativement sécurisant du point de vue technique. Avec un déchaumeur de 5m et un combiné de 6m, le groupe qui réalise 350ha/an peut viser un coût de chantier total de 92€/ha.
L’implantation en un seul passage de ces mêmes cultures revient à près de 87€/ha avec un semoir SD de 3m. Valorisé à la hauteur de son potentiel, le semoir haut de gamme de 6m propose également un chantier performant sur le plan économique: environ 60€/ha(1). En revanche, sous-utiliser un tel matériel coûte cher. Si l’activité n’est plus que de 250ha/€ au lieu des 500ha précédents, le coût unitaire de l’implantation revient aux alentours des 90€/ha. «Quand on évolue vers ce genre d’outils spécifiques , le poids de l’investissement est plus fort. Il faut alors avoir absolument la surface en face», analysent les conseillers.
(1) Le calcul ne prend pas en compte l’application d’un herbicide préalable au semis.
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