La ‘surtraction’ coûte cher ! Trop souvent, les tracteurs de forte puissance ne sont pleinement valorisés que sur une durée limitée d’heures. Une machine de 10 à 15ch en moins pourrait suffire à réaliser l’intégralité des travaux de l’exploitation. D’autre part, pour les quelques travaux ponctuels qui nécessitent une forte puissance, il peut être préférable de recourir à une solution extérieure. Ajoutons que cette recherche d’alternative vaut aussi pour les cuma qui ont l’utilité d’un tracteur de forte puissance seulement sur une durée courte. Là aussi, des solutions sont possibles, en intercuma par exemple. Nous approfondissons ces trois cas de figure dans les trois exemples concrets ci-contre.
Partir sur un cheval moins puissant, mais plus économe
Quelle puissance choisir : 175, 200 ou 225ch ? Cibler le tracteur adéquat qui correspond le mieux aux besoins de traction est important. Les choix opérés génèrent en effet des différences de coûts significatives. Prenons l’exemple d’une exploitation qui envisage l’achat d’un tracteur qu’elle compte garder huit ans, pour une utilisation moyenne de 500h/an. Elle hésite entre des modèles de tracteurs ayant des fonctionnalités et des options semblables, mais avec des niveaux de puissance différents qui vont de 175 à 200 puis 225ch.
Choix puissance tracteur: des différence de coûts
En tout, le différentiel de coût entre le tracteur le plus puissant et le moins puissant approche les 7€ avec un GNR à 0,75€/l et 8€ avec un GNR à 1,50€/l. Avec une utilisation annuelle de 500h, le surcoût est marquant, puisqu’on atteint presque les 4.000€/an. Quant à l’argument du gain de temps que générerait le tracteur le plus puissant, il est à relativiser si le parc des outils utilisé est le même.
D’autre part, une fraction du temps d’utilisation du tracteur est consacrée aux manœuvres d’attelage et de réglage des outils, ainsi qu’au temps de déplacement jusqu’aux champs. Le gain de temps net que procurerait le tracteur le plus puissant reste donc modeste à l’échelle de la durée annuelle de temps de travail d’un exploitant.
Parmi les postes qui varient le plus dans cet exemple figurent en premier lieu les charges d’amortissement. Elle s’explique par la différence de prix d’achat. Le poste carburant varie beaucoup également. Et ceci, même si on applique un coefficient de charge du moteur supérieur pour les tracteurs de plus faible puissance. La différence de consommation subsiste néanmoins. Les autres postes de charges que sont les coûts d’entretien et de réparation, les frais financiers, et l’assurance sont beaucoup moins significatifs.
Solliciter un tiers pour les besoins en forte puissance
Certaines exploitations disposent d’un parc matériel adapté à un tracteur de moyenne puissance. Pour les travaux nécessitant une forte puissance, elles préfèrent recourir à une solution extérieure. Exemple dans la Sarthe avec l’exploitation laitière de M. Durant qui ressemble à beaucoup d’autres. Sur 85ha de SAU, elle comprend, 50ha de prairies, 28ha de cultures de printemps et 7ha de cultures d’automne.
Le parc tracteurs comprend un tracteur 70ch de 1992 utilisé 150h/a, un tracteur 90ch et un chargeur de 2007 utilisé 250h/an. Et, enfin, un troisième tracteur 125ch de 2005 pour 350h/an. Cet agriculteur de 50 ans souhaite maîtriser les coûts de mécanisation et les investissements, ménager le parc matériel existant et s’offrir la possibilité d’externaliser certains travaux avec le recours à de la main-d’œuvre.
Choix de la puissance du tracteur : Maîtrise des coûts
Les charges de mécanisation de l’exploitation ont été passées au crible d’un diagnostic Mécagest. Elles sont inférieures à la grille objectif Mecaflash. Cela traduit une bonne maîtrise des coûts générant un gain de 98€/ha par rapport au groupe d’exploitations ayant le même système de production.
En cas de besoin de grosses puissances, essentiellement pour les travaux de récolte (transport) et d’épandage de fumier ou de lisier, l’agriculteur fait appel aux cuma locales et à une ETA. Cette stratégie présente des atouts. Le parc de matériels est ajusté au système d’exploitation (pas d’excès). Les coûts de mécanisation sont donc maîtrisés.
Ainsi, la charge correspondante à la dépréciation des matériels est très limitée: 53€/ ha contre 120€/ha pour le groupe. L’efficacité des chantiers est optimisée grâce à la délégation. Les limites de ce système sont de deux ordres: avec un parc plutôt vieillissant, l’agriculteur s’expose davantage à un risque de panne importante qui pourrait pénaliser l’exploitation.
D’autre part, les frais d’entretien sont plus élevés: 90€/ha alors que la moyenne du groupe est de 60€/ha. Cette stratégie reste toutefois plus sécurisante que le choix de la sur-mécanisation.
Rayons X
Cet article et ses données sont issus d’un travail d’enquête et d’étude économique publié dans l’univers Rayons X en Juillet 2022. Six tracteurs de 200ch sont passés au scanner économique de la rédaction d’Entraid.
- John Deere 6195R: prix d’achat et coût de détention.
- Fendt 722 Vario: prix d’achat et coût d’entretien.
- Claas Axion 810: prix, décote et coût de détention.
- New Holland T7 245: prix d’achat et coût de détention.
- Massey Ferguson 7722 S: prix d’achat et coût de détention.
- Case IH Puma 200 CVXDrive: prix d’achat et coût de détention.