Le maïs figure parmi les cultures les plus adaptées au désherbage mécanique. En conditions favorables, il est possible d’obtenir une bonne efficacité du binage. Il n’en reste pas moins une pratique exigeante qui demande de la technicité, notamment pour les réglages, et du temps, autant pour la surveillance que pour les interventions.
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Le binage est très dépendant de la météo. Le nombre de jours disponibles pour intervenir est extrêmement variable selon les conditions pédoclimatiques de printemps. De manière générale, il est plus facile à réussir en zone continentale qu’océanique et en semis tardif que précoce.
Huit essais, conduits dans le Sud-Ouest entre 2014 et 2017 en situation de graminées dominantes, donnent l’avantage à un désherbage mécanique positionné de manière précoce, suivi d’un dernier passage chimique en plein ayant une meilleure rémanence sur les levées tardives d’adventices.
Gare aux vivaces
En présence importante de vivaces, le binage peut atteindre ses limites. Sur rumex, plusieurs passages répétés peuvent affaiblir les plantes. Vis-à-vis des chardons aussi, le binage est un moyen de supprimer des plantes mères, mais il lève aussi la dormance apicale et provoque le démarrage de pousses sur les drageons accélérant ainsi la multiplication végétative. Enfin sur liseron, la technique se montre inefficace.
Autre point faible à gérer : le contrôle du salissement sur le rang. Il peut toutefois être facilité par l’utilisation d’équipements spécifiques : doigts Kreiss, herse peigne à l’arrière, disques de buttage. Dans tous les cas, les systèmes de guidage améliorent la précision et augmentent le débit de chantier qu’il s’agisse de roue traceuse, caméra, palpeur sur le rang…, jusqu’aux systèmes GPS avec correction RTK dont la précision de quelques centimètres permet de s’approcher au plus près du rang de maïs.
Multiplier les interventions en bio
La houe rotative et la herse étrille peuvent aussi être utilisées dans les programmes de désherbage du maïs. Pour une bonne efficacité, ces outils doivent être mis en œuvre « à l’aveugle » sur des adventices non levées ou très jeunes, au stade « fil blanc ». En bio, ils sont indispensables et complémentaires de la bineuse. Il faut multiplier les interventions pour obtenir un résultat satisfaisant : plusieurs passages successifs 3-4 jours après le semis, jusqu’à 3-4 feuilles du maïs, suivis d’un ou plusieurs passages de bineuse, selon les conditions.
Synthèse de ces facteurs de réussite
Le binage doit s’anticiper dès le semis et les conditions de mise en œuvre sont primordiales. Synthèse de ces facteurs de réussite (©Arvalis-Institut du végétal).
- Parcelle : éviter les parcelles trop caillouteuses, les fortes pentes (devers).
- Flore adventice : le binage est efficace sur la plupart des dicotylédones annuelles, intéressant sur les adventices résistant aux herbicides, notamment le ray-grass. Il est d’autnt plus efficace que les adventices sont à un stade jeune. Pas d’effet (contre-effet) sur les vivaces.
- Préparation au sol : sol bien nivelé, sans grosses mottes, ni résidus en surface.
- Semis de maïs : semis rectiligne, compatibilité semoir-bineuse (même nombre de rangs).
- Stade du maïs : de 4-5 à 8-10 feuilles, bineuse équipée de protège-plants si stade jeune.
- 6 à 10 km/h sur stade développé, une vitesse élevée permet d’obtenir un buttage sur le rang (projection de terre).
- Réglage agressivité : selon type de dents (rigidité), inclinaison et type de soc
- Réglage profondeur : travail superficiel 3-4 cm maxi. Ne pas favoriser les germinations ultérieures et préserver les racines du maïs.
- Météo : temps sec après l’intervention.
- Réactivité : si nécessaire, renouveler l’opération avant 8-10 feuilles (couverture inter-rang).
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COMPLÉMENT ENTRAID, direction le terrain
Efficace en deux passages : La cuma de Castandet a investi en 2018 dans une bineuse Hatzenbichler. L’avis de son président, Philippe Gaulin.
L’idée étant, au-delà du binage, de scalper l’herbe entre les rangs sur 3 ou 4 centimètres sur la largeur du rang. Le choix des adhérents s’est donc porté sur des socs plats et larges (plus étroits à l’avant qu’à l’arrière où ils atteignent 15 cm de large). Les socs, à l’origine fixés via des clavettes mécanindus, ont été remplacés par des versions boulonnées. Cette bineuse peut travailler sur 7 rangs à 60 cm ou bien 6 rangs à 80 cm.
La dizaine d’adhérents impliqués dans cette activité a aussi décidé d’investir dans un dispositif de guidage par caméra. Une option opérationnelle jusqu’au stade huit feuilles. Après quoi, la caméra ne dispose plus d’assez de visibilité, ce qui impose un retour au mode manuel.
Cette année constituait une phase d’essais pour la cuma, qui a fait évoluer la bineuse sur 183 hectares dans un premier temps. Le Département des Landes, à travers le Sydec*, qui participe financièrement à cette expérimentation, observe avec attention cet équipement, dans l’objectif de faire évoluer les pratiques des agriculteurs vers moins d’interventions chimiques, dans un bassin versant sensible.
Le protocole initial devait permettre de biner sans rattrapage chimique. Ceux qui l’ont respecté cette année constatent des salissements importants. Les adhérents qui ont mixé les approches mécanique et chimique s’y retrouvent par contre, avec des parcelles très propres.
« Cet équipement me paraît efficace en termes de désherbage mécanique, résume Philippe Gaulin, président de la cuma de Castandet, à condition de pouvoir passer deux fois, la première au stade 3-4 feuilles et la deuxième à 6-7 feuilles. » Deux passages qui par définition coûtent plus cher en termes de mécanisation et main-d’œuvre qu’un seul passage en désherbage chimique. « Pour ma part, complète Philippe Gaulin, cela a aussi permis de buter légèrement le maïs et, me semble-t-il, d’économiser un tour d’irrigation. »
L’investissement doit aussi se raisonner en fonction du terrain, souligne le président : « Le binage est efficace, mais d’autant plus délicat dans nos terres, des limons battants, puisqu’il nous est difficile de rentrer dans nos parcelles plusieurs jours après un épisode pluvieux. Ce qui n’est pas forcément le cas dans des terrains plus sableux, que l’on peut trouver dans les Hautes-Landes par exemple. »
Elise Poudevigne
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