La Chambre d’agriculture de l’Yonne mène depuis trois ans des essais de semis d’orge sous couvert . Un travail conduit en partenariat avec les cuma, des groupes structurés d’agriculteurs et les constructeurs et concessionnaires de matériel agricole. Moins rustique que le blé, l’orge est plus discriminante, d’où ce choix. Pour chacun des trois essais, 7 à 11 semoirs ont été comparés, afin de juger leurs performances dans cet exercice particulier. Au total, 20 modèles différents, typés semis direct ou TCS. Mais deux semoirs représentatifs chacun d’une catégorie bien spécifique ont été présents trois fois : un Sky Easydrill pour les appareils à disques et un Eco-Mulch Contour Master pour ceux à dents. Attention : « la qualité de semis n’est pas le seul facteur explicatif du rendement d’une culture de ce genre », prévient Richard Wylleman, responsable de ces essais. Mais c’est un facteur important. Un protocole rigoureux de mesures, comptages et observations a permis de fiabiliser les résultats obtenus.
Nombreuses contraintes
Semer de l’orge dans un couvert demande une série de qualités au semoir. Il doit d’abord pénétrer dans la végétation et traverser l’éventuel matelas de pailles broyées. Ensuite ouvrir le sol pour y déposer les graines. Et enfin refermer le sillon pour assurer le contact sol-graine et protéger la future plantule. Premier écueil : certains semoirs à disques se révèlent très performants pour les deux premières étapes, mais ils peinent à refermer le sillon. La levée est plus aléatoire, ou alors les pertes de pieds levés durant l’hiver sont plus importantes.
Effet adventices
Les semoirs à dents ont sur ce point l’intérêt de créer plus de terre fine et donc un milieu plus favorable pour les semences. Ce très léger travail du sol crée par contre des opportunités de levée pour les graines d’adventices. Une autre différence a été relevée entre catégories de semoirs. En sortie d’hiver, les pieds issus d’un semoir à dents étaient plus développés (plus de biomasse), avec des talles moins nombreuses mais robustes, par rapport à ceux issus d’un semoir à disques.
Vitesse
On devine intuitivement que la vitesse de semis joue sur la qualité de la levée. En 2014, les semoirs qui ont été poussés à 18 km/h ont vu le pourcentage de pieds levés tomber à 51%, contre 73% à 9 km/h. En parallèle, le brassage de terre supplémentaire généré par la vitesse a multiplié par 3 les levées d’adventices. Les essais 2015 et 2016 se sont donc réalisés à des vitesses modérées, pour tous, autour de 6 km/h. Un seuil de 8 km/h à ne pas dépasser est même annoncé pour les semoirs typés « TCS ».
Deux grandes options
Ceci étant posé, cette série de trois essais commence à livrer des enseignements. Globalement, la qualité de semis des différents semoirs est jugée intéressante, mais elle reste influencée par le couvert. Les semoirs spécialisés « semis direct » font mieux que les autres. Ils atteignent 65 à 91% de taux de levée, selon le type et l’année, contre environ 90% pour un itinéraire classique derrière labour. Richard Wylleman identifie deux critères de choix au sein de ces appareils spécialisés. « Préférer un semoir à disques dans les situations de végétation importante, pour réduire les levées d’adventices, et en sol sain. Préférer un semoir à dents pour la qualité d’implantation, pour le développement des pieds levés, et en sol collant ».
Dans le détail
Voilà pour la tendance. Il faut ensuite entrer dans le détail. Ainsi, les essais montrent par exemple des différences de régularité de profondeur, même au sein d’une même catégorie. En 2016, le Sky Easydrill a placé 73% des grains levés entre 20 et 40 mm de profondeur, quand le Weaving GD 3000 n’atteignait que 39%. Le risque de gel mécanique est alors plus important pour les grains semés trop profond. Autre exemple : en 2016, deux semoirs ont peiné à fournir la dose de semis demandée, par manque de précision de leur distribution. Une étape pourtant essentielle avant de vouloir semer en conditions difficiles. Un document mis en ligne par la Chambre d’agriculture de l‘Yonne permet à ce propos d’aller plus loin.
Et les rongeurs ?
En marge de l’essai, les techniciens ont aussi mesuré les infestations de campagnols. Ils ont observé clairement une différence entre les semoirs qui couchent le couvert et ceux qui le laissent debout. Les rongeurs étaient 3 fois plus nombreux quand 90% des tiges de la moutarde étaient restées en place que lorsque le semoir n’en avait laissé que 30%. Ils avaient d’autant plus le choix que les différentes modalités représentaient des petites surfaces, et qu’ils avaient donc une alternative à leur portée pour chercher un abri.
Retrouvez notre article précédent sur ces mêmes essais de semis direct sous couvert.
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