La rédaction d’Entraid vous emmène à travers une série de 15 articles à la découverte de la production laitière Nouvelle Zélande. Un voyage d’étude rendu possible grâce à notre partenaire Agrilys spécialisé dans l’organisation de voyage d’étude professionnel à l’étranger. Suivez notre journaliste en visite en exploitation laitière Nouvelle Zélande. Cliquez sur le lien suivant pour voir le sommaire et l’intégralité des articles traitant de l’élevage laitier.
Comment s’organisent les éleveurs laitiers en Nouvelle Zélande durant la traite ? Utilisation de main d’oeuvre, robot de traite, …?
Une vingtaine de cas de traite entièrement automatisée, dans un pays de cinq millions de vaches laitières. C’est peu. De plus, le modèle de stalles qui s’est développé dans nos stabulations françaises, ne devrait pas s’y développer incroyablement dans les années à venir. Car avec des troupeaux de plusieurs centaines de vaches, la plupart du temps envoyées au pâturage entre chaque traite, les structures néo-zélandaises les plus classiques sont assez inadaptées aux installations de traite automatisées que nous connaissons dans notre pays.
Décalage des horaires pour la traite ?
Dans les élevages, il y a donc toujours l’heure de la traite pour rythmer la journée des troupeaux. Cette année, chez Bill Hare, il n’y en a qu’une par jour. « A cause de la sécheresse, pour limiter le besoin alimentaire », l’éleveur a recours à la monotraite. Sécuriser ainsi un peu son système fourrager ne l’empêche pas de manipuler ses lots plusieurs fois par jour afin d’alterner les paddocks de chicorée (1/4 de la ration pâturée) avec les prairies traditionnelles.
Ce genre d’exceptions à part, il y a bien deux traites quotidiennes dans le cas général de l’élevage kiwi. Pour les salariés de Grant Wills et son sharemilker, c’est à 5h15, le matin et 14h30, l’après-midi. Les horaires n’ont rien d’extraordinaire par rapport au rythme de vie du pays : la journée de travail doit être finie à 17h.
Des postes alignés par dizaines ou en manège
Pour passer les 800 femelles, «il faut deux heures», présente l’agriculteur du Waikato. Dans sa salle de traite. Le nombre de postes se compte sur les doigts de cinq paires de main. Les places sont alignées en épi sur deux quais. D’autres éleveurs font le choix du manège : des rotos de 40, 50 ou 60 places leur permettent de conserver un temps de travail d’astreinte gérable en dépit du nombre de mamelles à brancher.
Le robot rentre, par la porte ou par la fenêtre
S’il n’offre pas le contexte idéal au développement des automates en stalle, l’élevage néo-zélandais devrait néanmoins voir arriver de plus en plus de robots dans ses salles de traite. Ils sont déjà en marche. Sur l’île Sud, l’élevage de Jeff Gould se distingue par ses infrastructures et sa conduite relativement inspirées de systèmes américains ou européens. Côté salle de traite, qui a mobilisé 1,5 de dollars néo-zélandais pour sa construction (soit 950.000€), le roto de 60 places dispose déjà d’équipements automatiques pour le décrochage, mais aussi pour le trempage post-traite.
En la ferme de Andrew Hoggard, l’automatisation pourrait bien aussi trouver une belle showroom. Dans la salle de traite rotative de 44places, les mêmes fonctions que chez Jeff Gould sont automatisées.
« Nous avons une difficulté pour trouver de la main-d’œuvre », explique Andrew. Celui qui est aussi vice-président de la Federated Farmers(1), concède que la Nouvelle-Zélande n’est pas le seul endroit du monde où ce constat est vrai, mais il y est aussi une réalité. « Nous devons donc rendre nos postes plus attractifs ». Avec ses trois salariés, le cadre est désormais 5 jours travaillés puis un jour off. Auparavant, « c’était 12 jours pour 2 jours ».
Andrew Hoggard attend aussi beaucoup de la technologie. Une fois les charges payées, rémunération du travail incluse, «je réinvestis tout» dans l’outil de production. En priorité pour acheter les parts que ses parents détiennent encore dans la ferme familiale. Il cite aussi ces dispositifs de surveillance des réseaux de l’eau de boisson et de clôture électrique dans les pâtures qui lui feraient gagner beaucoup de temps.
L’année au rythme de la prairie… sauf qu’il évolue
Comme Andrew Hoggard dans le Manawatu, Grant Wills cultive ses prairies sans irrigation. Elles sont aussi sa principale culture fourragère. Mais, toute l’année, ses vaches consomment du maïs ensilage, du tapioca, du tourteau de palme, des drêches de maïs et du pain dur. Sa ration, Grant la distribue sous abris où le troupeau séjourne plus ou moins longtemps (au maximum: 21h/j) selon les conditions de portance de la prairie. Dans ce système, il a pu passer à deux périodes de vêlages. A la fois pour gagner une prime sur le prix du lait produit en hiver. Et pour réduire la pression de sélection liée à la fertilité.
Andrew Hoggard mène aussi une réflexion d’allègement de la contrainte de saisonnalité. Avec des lactations prolongées, sur 1,5 campagne, la mise en place de deux saisons de vêlage… Il pourrait gagner aussi la prime, restreindre l’impact de la fertilité sur les choix de sélection génétique et mieux répartir la charge de travail sur l’année. Il note qu’avec le changement climatique, l’irrégularité saisonnière de la croissance de l’herbe se réduit. Avec les étés plus secs, tandis que lors des hivers, qui deviennent plus doux, la végétation poursuit son développement. La courbe théorique de croissance de l’herbe qui justifiait le regroupement des vêlages intense, n’est plus aussi vraie.
Le responsable syndical justifie donc que les systèmes néo-zélandais doivent évoluer pour s’adapter. Pour éviter de dégrader ses prairies en hiver, il faudrait qu’Andrew construise un bâtiment à 1MNZ$ (630.000€) pour abriter son troupeau de 550 laitières. Et si pour lui, «le bâtiment, c’est là qu’il faut aller!», cet investissement n’est pas encore dans ses priorités personnelles.
(1) Syndicat agricole du pays qui rassemble 50 à 60% des exploitations.
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