Direction la Nouvelle Zélande : c’est le monde à l’envers

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Direction la Nouvelle Zélande : c’est le monde à l’envers

Aux antipodes, les vaches vêlent une fois par an pour produire du lait. Néanmoins tout dans la sphère laitière ne ne fonctionne pas forcément de la même manière qu'en France.

Voici un top 10 des petits détails qui surprennent lors de visites de fermes laitières en Nouvelle-Zélande. Il est la preuve qu’aux antipodes, il n’y a pas que le calendrier des saisons, l’heure ou le sens des tourbillons qui dépaysent.

La rédaction d’Entraid vous emmène à travers une série de 15 articles à la découverte des fermes laitières Nouvelle Zélande. Un voyage d’étude rendu possible grâce à notre partenaire Agrilys spécialisé dans l’organisation de voyage d’étude professionnel à l’étranger. Suivez notre journaliste parti à la découverte de l’agriculture et la filière laitière en Nouvelle Zélande. Cliquez sur le lien suivant pour voir le sommaire et l’intégralité des articles traitant de l’élevage laitier.

Visite des fermes laitières en Nouvelle Zélande : 10 manières de voir les choses différemment

La vertu écologique du maïs ensilage

Si en France, la culture du maïs pâtit facilement d’une image de culture gourmande en intrants peu recommandables, surtout quand on la compare avec la prairie, Grant Wills, éleveur en Nouvelle-Zélande, tient un tout autre discours. Il argumente que développer sa sole de maïs améliore la performance écologique de son système du fait de son aptitude à pomper les nitrates. « Ici, le lessivage d’azote est limité à 21kg/ha ». Valoriser les effluents issus de l’installation de traite et des fosses des abris du cheptel, est un des facteurs grâce auquel il respecte ce plafond.

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Avec son apport énergétique, le maïs est aussi un élément pour mieux équilibrer les rations et l’ensemble du système fourrager qui, grâce à la prairie, était plutôt excédentaire en protéines.

Les vaches sont mieux dedans que dehors

Disposer de bâtiments est mis en avant par l’éleveur Grant Wills ou des chercheurs, comme Stewart Ledgard (AgResearch), comme un élément favorable vis-à-vis de la maîtrise des flux d’azote. « La conduite avec des aires de stand off, où le troupeau est alimenté et où les effluents sont collectés, semble avoir un effet très positif », explique ce dernier. Chez Grant, les aires sur caillebotis couvertes de 600m² hébergent chacune 200 vaches (parfois jusqu’à 21h par jour). Elles sont aussi un moyen de préserver les prairies lorsque que les conditions climatiques sont humides et un atout vis-à-vis de l’image et du bien-être animal.

En été, il y fait plus frais d’une dizaine de degrés. L’hiver, «on gagne 8°C en plus…» et les animaux ne vivent pas dans la boue. Jeff Gould, un autre éleveur, argumente enfin: «Les gens qui ne connaissent pas trop l’élevage trouvent que le fait que les vaches soient en bâtiment, est bien pour elles.»

 

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Grâce à ses bâtiments d’élevage, Grant Wills trouve et fidélise plus facilement sa main-d’œuvre. L’abri réduit le gaspillage des rations distribuées et tempère les conditions atmosphériques: les conditions de vie du troupeau sont aussi améliorées.

Le combiné glyphosate + pâturage pour détruire les prairies

Autour des salles de traite, les prairies s’étendent sur plusieurs centaines d’hectares de plateforme laitière. Pour le renouvellement, des éleveurs introduisent par exemple un cycle de betterave fourragère, valorisée par du pâturage. Une méthode pour la destruction de l’herbe consiste à réaliser un passage de désherbage (glyphosate). Puis faire pâturer le paddock par le troupeau quelques dizaines d’heures plus tard.

 

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Dès le départ, les prairies sont faites pour être productives. Grâce une irrigation intensive un paddock peut être prêt pour le pâturage et offre les allures d’une prairie dans la fleur de l’âge.

Quand on dispose de l’irrigation, mieux vaut mettre de l’herbe

Dans le Canterbury, les pivots d’irrigation s’empilent à l’horizon. Dessous, presque uniquement de l’herbe. « Avec une bonne irrigation, on implante une prairie pour 20 ans », explique Ted Rollinson, éleveur dans la région. Avec l’irrigation, « on contrôle le lessivage », pour un rendement de l’herbe de l’ordre des 20tMS/ha. Le maïs, « il faut le cultiver, le récolter, le stocker, distribuer… Il y a beaucoup de pertes, à moins d’avoir un bâtiment. Mais tout cela a un coût et ça ne permet pas de rester en dessous du prix critique ». Pour Ted, le maïs sert à faire du stock pour compenser quand l’herbe ne pousse pas or avec l’irrigation, c’est quelque chose qui n’arrive pas.

Avec des cultures annuelles (maïs, méteil orge/pois…), Jeff Gould, obtient 23 ou 24tMS/ha, contre 17,5 avec l’herbe. Il ne dresse pas le même constat et explique que la différence de coût de production entre la ration à la saison de pâturage (30NZ$ par vache et par semaine) et celle pour l’hiver (45NZ$) est largement compensée par la meilleure productivité et la prime pour le lait produit à cette période.

 

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Les rampes des pivots qui couvrent la plaine du Canterbury, arrosent presque exclusivement des prairies.

Les litres de lait produits ont peu d’importance

Ce qui compte, c’est le kilo de milksolids (matière utile). C’est avec ce critère que sont exprimés les volumes de lait produits par les élevages ou traités par les transformateurs. Chez Fonterra, le litrage livré est même pris en compte pour pénaliser les livraisons qui augmenteront le coût de séchage de lait.

En résumé, la rémunération du lait au producteur se fait selon la formule: rémunération de la matière protéique + rémunération de la matière grasse – pénalité liée au volume. Bien qu’au niveau national, la flotte de camions de lait porte haut et fort ses couleurs –85% de la collecte nationale passe par ses camions– la coopérative cherche à limiter le coût de leurs déplacements: elle organise par exemple ses tournées en 3D, en prenant en compte les distances et les dénivelés.

 

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Fonterra cherche dès le début à optimiser sa logistique et n’aime pas transporter de l’eau. La coopérative paie les matières utiles et insère une ligne de calcul dans ses paies de lait pour pénaliser le volume.

L’emprunt tout en détente

Il y a une dizaine d’années, la ferme de Bill Hare était peuplée de moutons et de vaches allaitantes. Période sombre pour ces filières, l’élevage, comme beaucoup d’autres, est en difficulté. La dette qu’il ne parvient à assumer, se compte en centaines de milliers, voire en millions de dollars néo-zélandais (1NZ$ = environ 0,60€).

Pour rester propriétaire du foncier, la solution alternative convenue entre l’éleveur et ses partenaires a été d’emprunter 4MNZ$ pour convertir la ferme. Du jour au lendemain, 600 laitières sont arrivées chez l’éleveur qui ne connaissait « rien à cette production ». C’est aussi à cette période que le couple s’est accordé une année sabbatique pour voyager en Europe. « Nous l’avions décidé, c’était prévu, nous l’avons fait », résume simplement Bill.

Plus au nord, Grant Wills illustre aussi l’aversion au risque relativement faible qui semble régner dans les rangs de la production locale. Son ambition de limiter ce que lui coûte l’impôt le pousse à suivre avec attention le ratio dette/actif pour la gestion financière de son entreprise: «Quand j’arrive en deçà de 40%, c’est qu’il est temps d’investir.»

 

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L’aversion au risque financier ne semble pas être une clôture infranchissable pour les éleveurs de Nouvelle-Zélande. Emprunter pour améliorer leur système, acquérir des parts sociales… ne les effraient en rien.

La gestion en troupeau

Dans les analyses technico-économiques des troupeaux, l’unité prise en compte pour évaluer la productivité est plus souvent la surface (ha) que la vache. La conduite saisonnée laisse moins de place à la sélection des réformes sur des critères de production. Tandis que le choix des accouplements se fait de manière beaucoup moins individualisée que dans nos élevages français.

Néanmoins, à l’université de Lincoln, certaines vaches étaient dotées de capteurs utilisés pour la détection des chaleurs. Pour Peter Hancox, responsable de l’élevage, «ces équipements vont se développer». Dans la mesure où ils répondent à des enjeux d’efficacité de la main-d’œuvre et de performance de la reproduction des vaches. Son commentaire renforce l’idée que les éleveurs néo-zélandais adopteront un suivi de plus en plus individualisé de leurs vaches aujourd’hui conduites en troupeau. Si le nombre de têtes dans le pays semble atteindre un maximum, le développement du volume produit dans le pays pourrait continuer de croître. Avec l’amélioration des performances des vaches qui aujourd’hui, produisent en moyenne 4,8t/an de lait, contre 6,9 en France, par exemple.

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Jusqu’ici, la conduite des effectifs est peu individualisée. Le critère de productivité à l’hectare compte plus que celui ramené à la vache. Avec les contraintes croissantes vis-à-vis du nombre de vaches ou de la qualification de la main-d’œuvre, cela pourrait changer.

La conversion de la ferme

Témoignage de l’ampleur du mouvement généré par les fortunes inverses d’une filière laitière séduisante et des productions allaitantes en difficulté. Quand un éleveur explique que la conversion de la ferme a eu lieu à telle date, sans autre précision, il ne parle aucunement de la date au passage en bio. Sujet relativement peu présent dans l’actualité des fermes laitières. Il est en effet question dans ce cas du moment où les vaches laitières sont arrivées pour remplacer les allaitantes ou les moutons. En 20 ans, la production laitière du pays a ainsi augmenté de 100%.

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En difficulté, la filière ovine est passée au second plan, laissant le champ aux bovins laitiers. Dans cette ferme, 600 vaches kiwi sont arrivées du jour au lendemain.

L’azote n’est pas un engrais

Ted Rollinson explique la répartition des dépenses à assumer entre lui-même (en tant que propriétaire) et son partenaire, le sharemilker. « Je paie la moitié de la fertilisation, lui l’autre moitié et l’intégralité de l’azote… ».

Comme si l’azote n’était pas un fertilisant. Il s’agît certainement d’un quiproquo linguistique qui illustre surtout la façon de voir sur les exploitations et la répartition des rôles entre l’éleveur propriétaire de la ferme, impliqué dans l’achat des engrais de fond, et le responsable de l’opérationnel, seul en charge de la fertilisation azotée.

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Avec sa femme, Ted Rollinson est propriétaire de sa ferme. Il assume plutôt la responsabilité des investissements, de la structure… Il paie une partie de la fertilisation de fond. Son sharemilker est son partenaire financier qui gère l’opérationnel. Payer pour l’azote lui revient.

Les parcellaires font la différence

Ultra-groupés, les parcellaires des fermes laitières sont un des facteurs essentiels à la stratégie du système pâturant. Des dizaines d’hectares d’un seul tenant autour des sites de traite permettent aux éleveurs d’être efficaces. Avec un réseau de chemins larges en bon état, les troupeaux gagnent leur paddock en autonomie dès leur sortie du quai de traite.

boviducs (©Pascal Rougier)

Grâce aux parcellaires groupés, les éleveurs entretiennent des prairies sur des dizaines d’hectares autour de la salle de traite. Ils se donnent les moyens de les rendre accessibles, quittes à devoir financer des boviducs (©Pascal Rougier).


Retrouvez l’intégralité des articles sur les fermes laitières en Nouvelle Zélande dans notre sommaire

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Pour aller plus loin, vous pouvez également aller dans notre dossier spécial Nouvelle Zélande :

Filière laitière Nouvelle Zélande : cap sur la Nouvelle Zélande avec une série de quinze reportages réalisés par Ronan Lombard, journaliste chez Entraid.

Cliquez sur l’image pour suivre le roadtrip de notre journaliste parti 15 jours en Nouvelle Zélande.

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