La filière laitière néo-zélandaise s’empare du sujet environnemental

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La filière laitière néo-zélandaise s’empare du sujet environnemental

La densité des troupeaux n’est pas sans conséquence sur les écosystèmes de certaines régions de Nouvelle-Zélande. Les éleveurs et toute la filière s’adaptent pour défendre son acceptabilité.

Le tourisme est une secteur économique important pour la Nouvelle-Zélande. Pas question donc de mettre à mal l'image d'un pays "propre et vert". La protection de l'environnement est donc abordée par la filière lait de façon pragmatique. Exemples.

La rédaction d’Entraid vous emmène à travers une quinzaine d’articles à la découverte de la production laitière Nouvelle Zélande. Un voyage d’étude rendu possible grâce à notre partenaire Agrilys spécialisé dans l’organisation de voyage d’étude professionnel à l’étranger. Suivez notre journaliste dans ces articles sur la filière laitière Nouvelle Zélande. Cliquez sur le lien suivant pour voir le sommaire et l’intégralité des articles traitant de l’élevage laitier.

La production laitière néo-zélandaise et la réglementation environnementale : état des lieux

La Nouvelle-Zélande, c’est un joli pays. Aller le visiter vous est conseillé. Vous seriez ainsi parmi les 3 millions de touristes que revendique le bel archipel. Là-bas, les paysages, la nature, le « Clean & Green »(1) sont les arguments majeurs de cet autre secteur économique stratégique. Cette place du tourisme n’est pas sans conséquence pour la filière laitière nationale. Dans cet état relativement calme, la deuxième préoccupation des habitants (juste derrière le pouvoir d’achat) est l’environnement. Pour la filière laitière et ses éleveurs, ce mot est ainsi, «un vrai sujet dont ils se saisissent de façon pragmatique», explique Christophe Perrot, de l’Idele. L’OCDE qui constate que l’expansion, en particulier de l’élevage laitier, a aggravé la qualité des eaux douces, note aussi que c’est le pays membre qui consacre «la part la plus importante de son budget de recherche publique à l’environnement»: 10%.

Une mentalité bien différente, ou pas tant que cela

Chez les éleveurs, le constat que la filière et la profession sont sous le feu des critiques semble partagé et accepté, en particulier vis-à-vis de l’eau. Si les gens veulent pouvoir se baigner dans les cours d’eau, «même si finalement ils ne le feront pas, les éleveurs doivent faire en sorte» que la quantité et la qualité de l’eau y soient satisfaisantes, résumait un de ces éleveurs laitiers rencontrés en janvier par un groupe en formation avec l’Idele. Andrew Hoggard insiste sur une des préoccupations actuelles du syndicat agricole qu’il représente: travailler sur les attentes sociétales vis-à-vis de l’environnement ou de bien-être animal. Entre autres actions, «il faut convaincre les éleveurs. Nous faisons surtout de l’explication. Les éleveurs se montrent plutôt réceptifs et positifs pour faire le nécessaire».

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L’épandage des effluents récupérés des parcs d’attente et salle de traite se fait via les installations d’irrigation. Depuis quelques années, les éleveurs sont incités à augmenter la surface sur laquelle ils les distribuent.

Parmi les agriculteurs intervenant, ils ont été plusieurs à pointer une différence avec ce que leurs interlocuteurs européens du jour connaissaient à propos des contraintes environnementales: «Nous fonctionnons plus avec des obligations de résultat que de moyens.» Dans les faits, selon les secteurs, une limite de lessivage d’azote est fixée en fonction du bassin versant et le contrôle des exploitations se fait majoritairement via un calcul avec le logiciel Overseer qui détermine la quantité d’azote lixiviée officielle, à partir des données pédoclimatiques et de production. Dans le Waikato, cœur historique de la production laitière, 95% des élevages valident leurs pratiques ainsi.

Le maïs, miraculeuse plante écologique

Chez Grant Wills et Caro Preston, le système de production s’intensifie, avec des bâtiments pour distribuer la ration complémentaire à base de maïs produit à côté de l’entreprise laitière. La construction de stabulations répondait à des enjeux techniques, de confort des animaux et de conditions de travail pour fidéliser les salariés. L’éleveur y voit par ailleurs un facteur favorable à la performance écologique de son troupeau. Pour lui, le maïs est une plante idéale pour pomper les nutriments. C’est aussi un ingrédient favorable à l’équilibrage des rations riches en protéines grâce à l’herbe. Grant prend à témoin la rivière traversant ses pâtures pour justifier de ses bonnes pratiques: «Je fais des analyses en amont et en aval de la plateforme de pâturage. L’eau est plus propre en sortant de chez moi qu’en y entrant.»

D’une manière générale, les éleveurs ont été encouragés à augmenter leurs surfaces d’épandage des effluents récupérés des salles de traite. Car la densité des arrosages est un des premiers axes sur lesquels la filière s’est penchée, y compris à l’échelle des paddocks de pâturage. Au centre de recherches dédié au pastoralisme, les travaux regardent le plantain et ses effets sur le lessivage de l’azote. Stewart Ledgard (chercheur d’AgResearch) explique le double principe: l’azote dans l’urine des vaches ayant consommé du plantain serait moins sujet au lessivage, tandis que grâce à leurs propriétés diurétiques, les plantaginacées introduites dans la flore ingérée augmenteraient la fréquence des pissats et donc, améliorerait leur répartition.

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Grant Wills explique que le taux de nitrates dans la rivière qui traverse sa ferme, est plus faible en aval qu’en amont.

Du même ordre, un essai démarre par rapport à l’effet d’une complémentation alimentaire en sel. En incitant les animaux à boire, il est attendu une dilution des urines et donc, une meilleure répartition spacio-temporelle de l’azote rejeté directement des animaux.

Christophe Perrot trouve un point de questionnement quant à l’acceptabilité d’un tel levier par rapport au bien-être animal et sa réelle portée. « Pour moi, c’est aussi révélateur d’un côté apprenti sorcier ». Qui n’est pas sans lui rappeler l’épisode « des inhibiteurs de nitrification qui ont été épandus sur prairies pour limiter le lessivage un temps », jusqu’à ce que leur présence dans le lait, révélée par des analyses, fasse réagir de puissants clients. « On peut aussi être surpris de la pratique usuelle pour les renouvellements de prairie », plus précisément pour leur destruction, avec un passage de glyphosate « puis un pâturage par les laitières au bout du délai réglementaire, soit 60heures ».

Des clôtures et du plantain

Parmi les autres axes que le chercheur dévoile, la conduite, avec des aires de stand-off où le troupeau est alimenté, semble avoir un effet très positif sur le lessivage issu des élevages. Les effluents y sont collectés. Ils peuvent donc ensuite être répartis sur une surface plus grande que lorsqu’un troupeau pâture et c’est très favorable à la maîtrise du lessivage. Ainsi, le chercheur confirme l’argument que Grant Wills exprimait devant sa rivière protégée par une dense ripisylve et le réseau de clôtures électriques. Car quand la filière ouvre le dossier «environnement», la communication se porte assez vite sur le chantier pharaonique réalisé en une décennie: la pose de clôtures pour interdire aux bovins d’aller poser leurs sabots dans les cours d’eau. «Nous avions un problème d’image, nous commençons par résoudre ce problème d’image», résumait un éleveur.

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En plus de la clôture, Grant Wills entretient une bande d’arbustes le long de sa rivière.

L’autre dossier qui met en avant le pragmatisme local, se situe certainement au centre de l’île du nord, dans les eaux du Lac Taupo. Pour préserver leur bijou touristique, les autorités y ont réglementé le développement de la production laitière. Avec des quotas d’azote… Le petit nombre de fermes laitières en exercice sur le bassin versant (seulement trois) et des taux de nitrates affichés qui restent bien en deçà de 10mg/l, prouvent la célérité des acteurs économiques à transformer la contrainte et la menace en argument marketing.

Comme ses concurrents locaux, Fonterra voit déjà venir d’autres sujets desquels s’emparer. Loin du bio (par exemple), qui apparaît peu dans les préoccupations locales, et autres labels, les fabricants du lait néo-zélandais semblent travailler pour que ce soit le lait, frais, de tout un pays vert qui continue de donner le sourire à ses clients. Fonterra se veut aussi en pointe pour restaurer l’image des agriculteurs lorsqu’ils sont taxés de pollueurs. L’enjeu est que la société accepte qu’ils puissent continuer de produire pour exporter. Charlotte Rutherford, chargée du développement durable du principal opérateur du pays, explique: «Nous accompagnons les éleveurs dans la construction d’un plan environnemental pour leur ferme.» Elle précise qu’il s’agit d’un service gratuit qui de plus, constitue un argument qui incite les producteurs à rester chez Fonterra.

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Robin Moore, de Fonterra, explique que la coopérative travaille en faveur de l’image de la filière et de la production laitière. Elle incite aussi les éleveurs à mettre en œuvre les mesures préconisées pour limiter l’impact environnemental de leurs ateliers.

Outre son implication dans les méthodes concrètes pour régler les problèmes sur le terrain –l’installation du réseau de clôtures près des eaux en est un exemple– la coopérative s’occupe aussi de communication pour les promouvoir.

« Nous avons organisé 40 visites de ferme en décembre 2017 pour faire de la pédagogie et donner une meilleure connaissance de la production. Les visiteurs ont été très surpris par les mesures prises par les producteurs et Fonterra», explique Robin Moore, manager de l’image de l’entreprise. Avec la biodiversité, la qualité des sols, les émissions de gaz à effet de serre… autant de termes qui agitent l’actualité, «en provenance notamment de l’Europe», remarque Charlotte Rutherford, le travail n’est pas fini. Le monde de l’élevage laitier qui s’intéresse à l’augmentation de la productivité individuelle de ses vaches aujourd’hui à moins de 4.300kg, a encore des défis à relever.

(1) Propre et vert

Repères du système d’élevage du Waikato

Le système de production représentatif du Waikato se résume en quelques chiffres.
Il se base sur une prairie (RG+TB) productive: 11.800l/ha obtenus grâce à un chargement qui frise les 3 vaches/ha et un rendement en herbe de 18tMS/ha/an, 83% de l’alimentation provenant du pâturage (pour le maïs, les rendements moyens peuvent atteindre 24tMS/ha).
Côté fertilisation, cet hectare moyen reçoit 115kg/an d’azote minéral, tandis qu’une limite de 150kg/ha/an est fixée pour l’apport d’azote organique par épandage. Sachant que la part d’effluent collecté ne représente que 9%, cette limite traduit une volonté d’obliger les éleveurs à répartir les effluents maîtrisables sur une surface un peu plus grande qu’auparavant.

Retrouvez l’intégralité des articles sur notre reportage sur la filière laitière Nouvelle Zélande dans notre sommaire

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Pour aller plus loin, vous pouvez également aller dans notre dossier spécial Nouvelle Zélande :

Filière laitière Nouvelle Zélande : cap sur la Nouvelle Zélande avec une série de quinze reportages réalisés par Ronan Lombard, journaliste chez Entraid.

Cliquez sur l’image pour suivre le roadtrip de notre journaliste parti 15 jours en Nouvelle Zélande.

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