La solidarité : une vraie valeur des cuma

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La solidarité : une vraie valeur des cuma

Les membres de la cuma des 4 Routes de Senilhes ne se sont pas posé la question, ils se sont juste organisés pour réaliser le chantier.

Quand on évoque les cuma, on pense en premier à la réduction des charges de mécanisation, l’accès à des matériels performants et aussi à des emplois partagés. Des éléments qui permettent de rendre les exploitations plus performantes avec des projets et des chantiers collectifs. C’est en outre un lieu d’échanges, d’expérimentation de nouvelles pratiques et de formation. Il s’y pratique souvent l’entraide pour différents travaux et chantiers.

Si la solidarité est forte en cuma, c’est parce que les habitudes de partage et de collaboration font que le groupe peut plus facilement se mobiliser en cas de coups durs. Les problèmes que peuvent rencontrer certains concernent souvent l’ensemble du groupe, comme le montrent ces exemples.

Tout le monde a joué le jeu de la solidarité

L’incendie, un évènement redouté par beaucoup : c’est ce qui est arrivé à Alain Boudet. En Gaec avec son fils et président de la cuma de la Madeleine en Haute-Loire, il a en effet connu un départ de feu en pleine nuit dans un bâtiment d’élevage. Dès le début, une solidarité s’est mise en place et elle continue aujourd’hui.

À 4 heures du matin dans la nuit du 18 août, une alerte sur le téléphone portable se déclenche. C’est le robot de traite qui signale une panne de courant. « La panne de courant était en fait due à un incendie qui s’était déclaré dans un bâtiment. Le robot de traite n’a fait que donner l’alerte », résume Alain Boudet.

Les voisins arrivent immédiatement pour essayer d’éteindre l’incendie avec leurs extincteurs. Les tracteurs et tonnes à lisier de la cuma sont mobilisés pour lutter contre le feu. Le troupeau a été sorti mais le robot, du fourrage, de l’aliment et quelques matériels sont perdus. « Les pompiers sont aussi arrivés mais trop tard. C’est allé très vite. »

Les adhérents ont montré de la solidarité lors d'un incendie dans un bâtiment d'élevage

L’incendie d’un bâtiment d’élevage, une tragédie redoutée par beaucoup.

Une mobilisation immédiate

Pourtant, la traite doit continuer. « Nous avons rapidement trouvé une salle de traite mobile de six places que l’on a installée dans un second bâtiment non touché par l’incendie », explique Alain Boudet. Chaque jour un adhérent vient donner un coup de main. « Dans la cuma, nous avons aussi un éleveur de lapins, ajoute-t-il. Un jour, il est arrivé en disant qu’il venait pour aider à traire et c’est là que j’ai compris qu’il se passait quelque chose de spécial. Nous avons un groupe WhatsApp pour s’organiser entre nous. Les adhérents avaient créé un second groupe dans lequel on ne figurait pas. Ils ont prévu un planning de manière que chaque jour il y ait quelqu’un qui vienne nous donner un coup de main. C’était génial, cela a vraiment fait chaud au cœur. »

La solidarité, c'est aidé son voisin quand il ne peut rentrer son foin, comme ici à la cuma de la Madeleine en Haute-Loire.

Les adhérents se sont mobilisés et ont donné de leur temps pour rentrer la paille en temps et en heure.

Le mois d’août était aussi la période des moissons. Les trois quarts de la paille devaient encore être rentrés. Un adhérent nous a dit qu’il avait du temps et qu’il allait prendre le tracteur et le plateau de la cuma pour rentrer la paille. « Il a commencé tout seul et finalement, ce sont sept ensembles tracteurs et plateaux qui ont effectué le travail. Un petit message via WhatsApp et toute la paille était rentrée dans la journée. Le soutien de l’ensemble de la cuma a été phénoménal. C’est l’esprit du groupe qui a pris le dessus. »

Une solidarité célébrée

Aujourd’hui, la reconstruction a débuté. « Pour le moment, la cuma me met à disposition une partie de son bâtiment pour stocker des aliments et autres », indique l’éleveur. Le troupeau est hébergé dans un bâtiment loué par un ancien adhérent. Le robot de traite y est installé et durant les trois semaines nécessaires pour réaliser les aménagements, les coups de main des uns et des autres n’ont pas cessé. « L’hiver dernier, nous avons organisé une journée pour remercier tout le monde pour cette solidarité. Pour moi c’est très important, il faut faire vivre ce relationnel. C’est aussi quelques heures où on se retrouve en dehors du boulot. Ce sont des moments qui valent de l’or. », insiste-t-il.

Un incendie détruit un bâtiment d'un adhérent de la cuma de la Madeleine en Haute-Loire

Une journée pour remercier les adhérents de leur solidarité. Pour Alain Boudet, le soutien des adhérents a été « phénoménal. »

On ne s’est pas posé la question

Il y a un an, Jean-Marc Brunhes, président de la cuma des 4 Routes de Senilhes, dans le Cantal, était victime d’un grave accident de travail et a été hospitalisé. Les adhérents de la cuma ont pris le relais. « C’était durant la semaine où l’ensileuse de la cuma devait venir pour réaliser l’ensilage d’herbe », se souvient le président.

« J’étais donc absent et avec d’autres soucis, poursuit-il. C’est appréciable de voir des personnes donner de leur temps pour quelqu’un d’autre, prendre eux-mêmes cette initiative et réaliser le chantier comme si c’était pour chez eux. Dans une cuma, on partage beaucoup de choses mais là c’était le côté humain qui était en avant. De nos jours, cette solidarité spontanée se perd, même dans les campagnes. Les gens pensent beaucoup à eux mais c’est aussi l’époque qui veut ça. Quand on a vécu ce que j’ai vécu, on se dit que finalement, seul on n’est pas grand-chose. »

David Plantecoste est adhérent de la cuma des 4 Routes de Senilhes. « Nous constituons un groupe qui travaille depuis des années en cuma. Dans cette situation, cela nous a paru logique de réaliser le chantier. On ne s’est pas posé la question, on s’est juste organisé. C’est quelque chose qui s’est vraiment fait naturellement. Plusieurs adhérents se sont relayés sur le chantier, certains sont aussi venus avec leur tracteur et leur benne pour donner un coup de main. Cette attitude de tous fait partie des valeurs cuma. »

Une solidarité aussi en dehors de la cuma

Il y a quatre ans, un incendie se déclare près de la cuma des Margeliers, dans le Puy-de-Dôme. Le feu menaçait les alentours. Les pompiers ont sollicité la cuma pour qu’elle intervienne avec leur tonne à lisier. « En une demi-heure, la tonne était attelée, remplie et sur les lieux de l‘incendie », résume Cédric Monier, un des adhérents. La tonne comporte un canon d’une portée de 80 m. Elle a été utilisée pour éviter que le feu ne déborde et ensuite pour éviter les reprises.

En 2022, année exceptionnelle avec plus de 65 000 ha détruits par le feu, plus de 30 cuma se sont mobilisées pour lutter contre les incendies qui ont touché plus de 10 départements.

Du matériel cuma pour aider les pompiers lors des incendies

La cuma des Margeliers est intervenue avec son matériel pour prêter main-forte aux pompiers lors d’un incendie.

La cuma : une base de travail pour les pompiers

Dans le Puy-de-Dôme, le bâtiment et les matériels de la cuma servent aussi à l’entraînement des pompiers. « Nous avons un adhérent qui est aussi pompier volontaire », indique Yohann Chaffreix, président de la cuma. « Sa demande était de pouvoir organiser des manœuvres d’entraînement. Le but était de simuler un accident avec un chauffeur coincé dans une ensileuse et avec un départ d’incendie. Nous avons donc mis à disposition des pompiers le bâtiment et l’ensileuse. Ce type de manœuvre en relation avec les accidents agricoles devrait se répéter chaque année. Un bon moyen aussi pour les pompiers pour se familiariser avec les différents matériels. »

Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com