Sa méthode tient en un mot : la solidarité. Michel Rouvier, président de la cuma varoise La Roque-Esclapon, n’y va pas par quatre chemins. Il livre le fond de sa pensée. « Si j’ai pris la présidence de la cuma en 2021, à la suite du décès de l’ancien président, explique-t-il, c’est parce que cette structure est vitale pour certaines exploitations. Mais faire la morale aux adhérents et gérer les pannes ne m’amuse pas. Je ne souhaite pas m’éterniser. » S’il a pris la présidence, c’est pour être efficace. « Cela fait deux ans que l’atelier battage est en déficit. Mon objectif est de le remettre sur pied et ensuite je laisserai la place aux jeunes », poursuit-il.
La solidarité permet de sauver l’atelier battage de la cuma La Roque-Esclapon
Selon lui, la moissonneuse-batteuse est « un avion de chasse » probablement surdimensionné par rapport aux besoins des adhérents. De plus, le contexte mondial joue en défaveur de la filière céréalière. Il met en péril l’équilibre financier de l’atelier battage, l’activité originelle de la cuma. « Nous avons décidé lors de la dernière assemblée générale d’augmenter le tarif. En plus, durant les trois prochaines années, tous les adhérents devront participer au remboursement de la machine. Même ceux qui ne l’utilisent pas. À l’issue de ces trois ans, nous n’aurons plus de remboursement à effectuer ». Quel meilleur exemple de solidarité ? C’est un effort colossal auquel consent l’ensemble des adhérents. Il devrait permettre de conserver l’activité historique en même temps qu’une machine très performante.
« Nous avons été contactés pour aller moissonner jusqu’au Muy mais nous avons refusé, c’est trop loin, il faut rester raisonnable. Néanmoins cela montre l’intérêt de cette machine. Une fois qu’elle sera remboursée, elle sera un outil d’attractivité pour notre cuma. Nous continuons d’ailleurs d’investir pour assurer son bon état de fonctionnement », tranche Michel Rouvier. La moissonneuse-batteuse avec barre de coupe repliable permet de circuler sans escorte, et sur les petites routes sinueuses de l’arrière-pays varois. C’est un véritable atout.
Le renouvellement des adhérents, une partie de la solution
Pour préserver l’atelier battage de la cuma La Roque-Esclapon, le président mise aussi sur une augmentation du nombre des adhérents. « Notre cuma est ancienne. Lorsque je suis arrivé aux manettes, je me suis assez vite rendu compte que plusieurs adhérents n’avaient plus d’activité agricole. Beaucoup étaient inscrits mais ne venaient pas aux assemblées générales, si bien que nous n’arrivions pas à atteindre le quorum pour prendre des décisions », explique Michel Rouvier. Il a donc choisi de faire une petite mise à jour des adhérents dès son arrivée.
« Nous sommes une trentaine d’adhérents actifs désormais et nous espérons qu’à l’avenir d’autres viendront nous rejoindre. Ils peuvent venir du canton de Fayence, de Combs du côté de Castellane dans les Alpes-de-Haute-Provence ou des frontières des Alpes-Maritimes. Peut-être qu’ils adhéreront pour pouvoir utiliser la moissonneuse-batteuse », espère le président qui ne perd pas de vue son objectif. Car sa plus grande crainte est évidemment que l’équilibre financier de la cuma soit impacté. « L’an prochain il ne faut plus être en déficit », souligne-t-il. « Pour l’instant nous arrivons à garder la tête hors de l’eau grâce à la ramasseuse de pierre, une machine extrêmement rentable, qui est amortie depuis longtemps », ajoute-t-il. Preuve de la bonne santé de ce second atelier : « Nous avons récemment voté la mise en place d’un forfait de 250 €/an pour une utilisation indéfinie ».
La cuma peut être une aide à la diversification des cultures
À l’avenir, le président de la cuma de la Roque Esclapon envisage aussi de partager du matériel avec d’autres cuma « sans leur prendre leurs adhérents » précise-t-il. Mais ceux sur qui il compte le plus c’est peut-être encore les nouveaux agriculteurs qui viennent de s’installer dans le secteur. « L’avenir de la cuma viendra de la diversification. De jeunes agriculteurs sont venus s’installer dans le périmètre de notre cuma, ils cultivent des lentilles, des pois chiches, ils vont avoir de nouveaux besoins, de nouvelles idées, la diversité des activités est l’une des clés pour notre cuma. En attendant, nous devons faire le dos rond, mettre en place des solutions concrètes comme nous l’avons fait et voir l’avenir avec optimisme », conclut-il.
Michel Rouvier évoque aussi les nouvelles cultures comme le Sorgho ou le Moha comme autant de filières à développer dans l’arrière-pays varois, en espérant que les futurs exploitants utilisent la moissonneuse-batteuse de la cuma naturellement.
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