Le ciel voilé de cette matinée annonce un changement de temps dans le Pas-de-Calais. Les trois dernières semaines de sec et d’ensoleillement ont précipité les agriculteurs dans les travaux des champs. Ce retour aux champs s’illustre avec une campagne de semis de betteraves 2025 avancée de quelques jours. « Nous semons trois semaines plus tôt que l’année dernière« , se souvient Sylvain De Reu, chauffeur du semoir de la cuma du moulin. Si la date optimale de semis reste établie au 20 mars, tous les betteraviers ont en tête les printemps pluvieux de ces deux dernières années.
Des semis de betteraves 2025 dans la sérénité
Avec cette avance, l’agriculteur est serein. « D’ici ce soir, nous devrions avoir semé la soixantaine d’hectares sur les 100 prévus », précise-t-il. Si les conditions météo sont favorables, ce qui pêche, c’est le travail du sol. « La structure des sols est bonne grâce aux épisodes de gel, poursuit-il. En revanche, les labours réalisés un peu tardivement à cause de la pluie ont tendance à sécher rapidement. » Ce qui complique la préparation des sols qui peinent à se réchauffer.
D’autant que cette année, les couverts végétaux ont bien poussé. Dans certaines parcelles, les débris de ces engrais verts sont encore imposants. « La gestion des couverts est très compliquée dans notre région, avoue Sylvain De Reu. Pour les semer, on n’a aucune difficulté, en revanche pour s’en débarrasser c’est autre chose. » Les hivers humides ne permettent pas aux agriculteurs de les broyer suffisamment en avance. Résultat, lorsqu’il s’agit de semer et de travailler le sol, les plantes sont encore bien vigoureuses.
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Travail du sol selon les besoins
Ce qui ne facilite pas le travail à l’équipe de « préparation du sol ». Car dans cette cuma intégrale, les chantiers sont mutualisés et découpés selon les tâches à réaliser. Organisation rendue possible puisque les parcelles se situent à une dizaine de kilomètres à la ronde. Ainsi, Sylvain De Reu, est responsable du semis des betteraves, il conduit le tracteur et le semoir pour emblaver la centaine d’hectares des sept adhérents de la cuma intégrale. Avant, lui, les adhérents ont travaillé les sols selon les besoins: labour si besoin, fissurateur, rotative et déchaumeur à disques.
L’organisation est rodée depuis ses débuts. « Nous avons une banque de travail qui permet de compter et rendre les heures travaillées aux collègues, explique le chauffeur du semoir. Ca évite les transactions. L’objectif de cette organisation est de ne pas atteler et dételer toujours les outils. Deux chauffeurs sont responsables d’un outil, ce qui permet de se relayer mais aussi de bien le connaitre. » C’est aussi un moyen de déléguer certaines tâches pour se concentrer sur d’autres activités de leurs exploitations.
Passe partout
Pour cela, on peut dire que la cuma est équipée. Elle possède onze tracteurs. Et pour les semis, de betteraves, c’est le John Deere de 175 chevaux, 6175 R, équipé d’un GPS qui s’y colle. « Il manque juste un jeu de roues fines pour ne pas marquer dans la parcelle. » Pour ce qui est du semoir, celui-ci est un peu moins clinquant mais a fait ses preuves. Le Monosem Meca V4 de treize ans d’âge sème sur douze rangs. « Il est vieux mais encore très fonctionnel, reconnaît son chauffeur. Simple d’utilisation, il ne possède pas d’électronique, tout est mécanique. » Passe partout, il est équipé d’un disque ouvreur ce qui permet de semer correctement même lorsque les débris de couverts sont encore importants.
La cuma n’a pas prévu de le renouveler. D’autant que les prix actuels des matériels agricoles ne permettent pas de rentabiliser un tel achat. Sylvain De Reu en est bien conscient. « Un neuf coûterait 60 000 euros, alors que nous l’avions acheté d’occasion à 25 000 il y a neuf ans. Avec un coût d’utilisation d’environ 20 €/ha, il serait difficile de ne pas l’augmenter. » À cela s’ajoute le coût du tracteur et du GNR, estimé environ à 40 €/h.
Semis de betteraves 2025 : jusqu’à 25 ha/jour
Seul bémol, il n’y a pas d’incorporateur d’engrais. La fertilisation doit se faire un peu en avance et pour cela, les betteraviers ont choisi la solution azotée. Ainsi, le débit de chantier apporte un confort aux adhérents. « On peut semer jusqu’à 25 ha par jour, calcule le chauffeur. Je reçois toutes les semences commandées par les adhérents et j’ai toutes les doses et variétés à l’avant de mon tracteur. » Pour la plupart, les agriculteurs du groupe ont choisi les variétés F8. Sylvain De Reu sème à une profondeur de 2 à 2,5 cm et une densité de 1,2 unité/ha à un écartement de 18 cm et un interang de 45 cm.
Si les chantiers sont mutualisés, chaque agriculteur reste responsable de son exploitation. « C’est à l’adhérent de se manifester s’il veut qu’on vienne semer, désherber ou traiter, explique le chauffeur. En contrepartie, nous sommes équipés et organisés pour être réactifs et contenter tout le monde. » Les adhérents faisant partie d’un groupe WhatsApp, chacun connaît les besoins de tous. Et les agriculteurs peuvent s’appuyer sur leurs techniciens pour prioriser les chantiers si nécessaire.
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Que le début
Si les semis de betteraves 2025 avancent rapidement, ce n’est que le début pour les agriculteurs du Pas-de-Calais. Les agriculteurs devront enchainer leurs travaux avec les semis de lin, la semaine prochaine si la météo le permet et les plantations de pommes de terre ensuite. Pour l’heure, Sylvain De Reu termine sa parcelle et attendra lundi pour se remettre dans les semis.
Une autre équipe viendra si nécessaire désherber en post semis. « Nous sommes également équipés d’une bineuse de 12 rangs qui nous permet, quand le temps est assez sec de faire l’impasse sur un passage de désherbage, explique t-il. Mais chez nous, c’est tout ou rien. » À l’image de l’année dernière où aucun désherbage mécanique n’avait pu être réalisé.
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