Ciel gris, quelques gouttes et vent froid, à en croire la météo, les semis de betteraves 2024 seraient presqu’en avance. Seulement, sur le calendrier, c’est déjà le 26 avril et ni la chaleur, ni le soleil ne se sont vraiment installés dans le Pas-de-Calais, où se trouve Jérôme Mathon. Ce betteravier estime le retard à trois semaines minimum. À ce jour, sur le bassin de production, il ne resterait plus que 10 % des surfaces à emblaver.
Semis de betteraves 2024, gros retard
En ce 24 avril, pour ce betteravier, c’est la fin d’un marathon. Cette année, il a emblavé 85 ha sur les 400 ha qu’il cultive avec ses deux autres associés sur trois sites. Avec des terroirs différents, il a ainsi pu répartir la tâche entre les averses. « Il a fallu s’armer de beaucoup de patience cette année », estime l’agriculteur.
En effet, il lui aura fallu plus de trois semaines pour semer ses betteraves, faute de temps sec et de portance des sols. Car, comme de nombreux agriculteurs de la région, l’hiver pluvieux a rendu les sols peu praticables en ce début de printemps. Toutefois, grâce au travail du sol, les conditions de semis restent idéales. Après un labour cet hiver pour détruire les cultures intermédiaires, il a fallu deux passages d’outils de travail du sol pour pouvoir poser le semoir dans la parcelle.
Un débit de 2,3 ha/h
Le tracteur est équipé d’outil animé à l’avant, d’une herse rotative, d’un rouleau et d’une croskillette. Avant le travail du sol, il a été enrichi d’engrais organiques ou minéraux, cela dépend des parcelles. « On sème, on fait du bon travail, estime l’agriculteur. Pour le reste, c’est la météo des prochaines semaines qui fera en sorte que ces semis soient une réussite ou un échec. »
Pourtant, Jérôme Mathon et ses associés sont bien équipés. Avec leur tracteur Valtra de 120 chevaux équipé de GPS et leur semoir Monosem Mg 12 rangs, ils sont capables de semer plus de 2,3 ha/h. « J’ai acheté mon semoir il y a cinq ans, il était d’occasion, c’est sa douzième campagne, explique t-il. Il m’a couté 35 000 euros. Depuis, j’en suis très satisfait. Avec un amortissement sur dix ans, j’estime mon coût d’utilisation à 40 €/ha maximum. »
Dix variétés, toutes génétiques
Équipé de disques ouvreurs, l’enterrage de la graine se fait de manière plus précise. « Cela permet de semer sans un labour préalable », précise Jérôme Mathon, bien conscient que c’est le devenir de l’agriculture. La roue plombeuse, elle, permet une bonne germination. D’ailleurs, dans les premières parcelles semées, les graines germent. Une bonne chose.
Pour choisir ses variétés, Jérôme Mathon s’est tourné vers toutes les génétiques avec un point d’attention sur la précocité. « Nous devons fournir les deux sucreries sur les trois périodes, allant de mi-septembre à début janvier, décrit-il. Il faut donc une partie hâtive et une autre partie que se conserve bien en tas. »
Vigilance sur les maladies
Parmi les 10 variétés qu’il a déterminé, toutes sont résistantes à la cercosporiose, maladie de fin de cycle. Quant à la lutte contre la jaunisse, il compte utiliser les dérogations publiés récemment pour appliquer les insecticides si besoin. Il sait qu’avec l’humidité actuelle, il faudra être très vigilant face aux maladies. Quant au désherbage, « je n’applique pas d’herbicide après le semis, je prends le risque et ne pulvérise qu’après la levée, ajoute le betteravier. En revanche, je n’exclus pas de faire passer une bineuse d’ici les prochaines semaines. Si la météo le permet. »
Il y a encore beaucoup d’inconnues. Mais Jérôme Mathon sait déjà que le potentiel de rendement sera réduit. « Moins 10 t/ha », évalue-t-il. L’année dernière, les rendements étaient déjà en berne avec des semis également retardés avec 87 t/ha, contre 95 t/ha en moyenne. Cependant, même si les contrats sur plusieurs années sont signés, pour le moment, l’agriculteur ne connaît pas la rémunération de ses betteraves. « Peut-être 35 €/t, comme on entend dans la plaine ? »
À jour dans les semis
Qu’importe, d’ici le lendemain midi, Jérôme Mathon pourra souffler. Les betteraves seront semées et les températures devraient remonter. Une pression qui redescend avant les semis de pois et haricots. Le lin étant déjà semé depuis dix jours. Mais pour l’heure, la relève est en marche. C’est sa fille qui conduit le semoir et son fils qui prépare le sol. Les retards de semis de betteraves en 2024 ont du bon, cela permet de profiter de la main d’œuvre proposée par les vacances scolaires.
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