La pluie et l’humidité ambiante n’ont pas laissé de répit aux betteraves pendant cette campagne 2024. Les rendements estimés sont décevants, avec une moyenne de 79 t/ha à 16° et de fortes disparités. « Cette année, les rendements sont en replis de 5 % par rapport à 2023, annonce Nicolas Rialland, directeur de la confédération générale des planteurs de betteraves, la CGB. Ils sont en retrait de 3 % par rapport à la moyenne olympique. » La faute principalement au manque de soleil et de luminosité qui n’a pas permis à la betterave de grossir et de se gorger de sucre. Retour sur le bilan de la campagne betteravière 2024 en France.
Un bilan de la campagne betteravière 2024 décevant
Outre les conditions climatiques, il y a également un retard de croissance de la plante. « Avec un mois de retard dans les semis, la racine partait déjà avec un réel handicap, fait remarquer Franck Sanders, président de la CGB. Retard qu’elle n’a pas réussi à combler. » Même pire, elle a été attaquée par de nombreuses maladies. La cercosporiose principalement, mais dans une moindre mesure, par le mildiou sporadiquement. En revanche, aucune attaque de virus et de développement de jaunisse n’a été constaté.
Cependant, ces conditions ont forcé les betteraviers à traiter davantage. « Et ça joue sur le coût de production », rappelle le directeur. De quoi faire basculer l’équilibre de la rentabilité de la betterave et son attrait. « Cette année, nous avons emblavé 410 000 ha de betteraves, c’est un record depuis la fin des quotas, annonce le président. Le prix de la betterave, il faut l’avouer, était très attractif. »
Manque de visibilité
En effet, si le prix de la betterave 2024 n’est pas encore tout à fait établi, certaines sucreries ont déjà annoncé un prix de 40 €/t. Suffisant pour couvrir les charges et la rémunération, établies à 37,5 €/t.
Cependant, il faut être très prudent. « Le climat, les contraintes réglementaires et les moyens de production qui diminuent ne sont pas des signaux très positifs, précise le président. En 2025, on s’attend à une diminution des surfaces. Avec la conjoncture actuelle, les cours et le manque de visibilité, les betteraviers risquent d’être plus prudents. »
Car le marché européen, saturé, est peu porteur, à l’inverse de celui mondial. « Nous importons 13 fois plus de sucre d’Ukraine qu’avant 2022, lance Franck Sanders. Si la commission européenne a mis du temps à réagir et à réduire les contingents, la betterave française reste peu compétitive. Ce n’est pas uniquement aux betteraviers français de supporter l’effort de guerre. »
Un coût de production de 37,5 €/t
Sur la place internationale, c’est le flou. Certains opérateurs annoncent un déficit quand d’autres prévoient un surplus. La petite récolte française 2024, établie à 32,4 millions de tonnes, soit 3,9 millions de tonnes de sucre et 8 millions d’hectolitres d’éthanol, pèse peu sur le marché.
Pour 2025, les calculs sont pessimistes. Soit les rendements devront atteindre les 95 /ha, soit les prix devront être supérieurs à 40 €/T pour ainsi combler le taux de rentabilité moyen de 37,5 €/t. Outre des prix rémunérateurs, les betteraviers demandent plus de visibilité, que ce soit d’un point de vue économique qu’agronomique. Mais ce n’est pas pour l’heure… La politique française en a choisi autrement.
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