Il y a des printemps secs, il y en a des très humides… La fréquence de conditions difficiles pour la préparation du lit de semences du printemps augmente. Nous parlerons ici des itinéraires techniques avec travail du sol en plein.
Préparation du lit de semences : adapter les travaux
Deux situations se présentent. Il faudra parfois reprendre un sol nu, ou presque, préalablement labouré ou travaillé au-delà de 10 cm de profondeur. Dans d’autres cas, la parcelle sera encore occupée par un couvert, des adventices, des résidus ou des repousses. Dans tous les cas, l’objectif reste le même : obtenir un sol qui favorise une bonne émergence de la culture, son enracinement, puis son développement.
Autrement dit, une structure favorisant le contact terre-graine à la profondeur de semis, et une circulation verticale de l’eau, de l’air et des racines, y compris sous le dernier horizon travaillé. D’autres considérations, comme un bon nivellement facilitant le désherbage mécanique et la conduite de la récolte, sont aussi à considérer.
En sols semi-plastiques, ça se complique
En année « normale », il est fréquent de réussir la préparation des semis. Intervenir en sol ressuyé, lorsque la terre s’effrite entre les doigts, et le plus dur est fait.
Un examen du profil du sol (test-bêche ou mini-profil 3D) aidera à déterminer son état : est-il ressuyé ? A-t-il besoin d’une correction de structure, à quelle profondeur ?…

Un test bêche ou un miniprofil 3D, ici en photo, permet d’évaluer les travaux requis pour une future bonne implantation de la culture de printemps.
En sol nu, l’équation est a priori la plus simple à résoudre : le facteur « gestion des résidus » est absent. Simple reprise avec émiettement, ou précédée d’un passage d’outil à dents pour détruire une semelle éventuelle.
En sol plus ou moins couvert, l’aspect « gestion des résidus » risque de compliquer le calcul, au point d’ajouter le passage d’un outil. Surtout s’il faut tuer la végétation présente. « Favoriser un couvert avec ‘tiges creuses’ (certaines crucifères, légumineuses, phacélie) facilitera sa destruction mécanique, indique Matthieu Abella, ingénieur Terres Inovia. Les graminées sont très difficiles à éliminer. » Notons que la destruction chimique est interdite sur un sol labouré plus tôt dans la campagne, sauf exceptions.
Anticiper avant qu’il ne soit trop tard
Il est recommandé d’anticiper la préparation du lit de semences le plus tôt possible, en respectant la structure du sol et la réglementation liée au couvert. Le risque étant de n’avoir que peu de temps pour tout faire avant les semis. Corriger un défaut de structure, gérer des résidus et affiner un sol ne pourra pas se faire en un passage.

Le Graal en itinéraire avec travail du sol : un lit de semences à la fois fin et poreux, sans obstacle avec l’horizon inférieur.
Attention toutefois à éviter les pièges : « Un travail trop profond en sol à peine ressuyé peut créer de grosses mottes et des lissages difficiles à reprendre si elles subissent des conditions séchantes, commente Damien Brun, ingénieur Arvalis. Plusieurs passages à la même profondeur accentuent le risque de lissage en fond de lit de semences. » Si une période sèche se profile, Arvalis conseille de ne pas laisser un sol ouvert, trop longtemps, pour limiter son assèchement.
Et si l’on ne peut pas anticiper ? Il faudra s’adapter, en commençant par guetter la bonne fenêtre météo.
Ouverture d’esprit pour la préparation du lit de semences
« La clé, c’est le nombre de jours disponibles », affirme Damien Brun. À savoir évaluer le créneau pouvant recevoir le travail du sol et le dessèchement des végétaux indésirables. Notion complexe à définir dans l’absolu, que chaque agriculteur, connaissant ses sols, sait jauger ». « Intervenir dans les bonnes conditions pédoclimatiques est au moins aussi important que le choix de l’outil, appuie Matthieu Loos, ingénieur chez Terres Inovia. Si l’on prévoit un passage tardif, le droit à l’erreur n’est plus permis. »
À chaque passage, a fortiori lors du dernier, les instituts techniques mettent l’attention sur les risques de compaction, peu appréciée des cultures de printemps. Selon la profondeur de ressuyage du sol, il pourra se compacter sous le poids du tracteur et de son outil.
Il n’y a plus de routine en matière de travail du sol. Observer, anticiper et s’adapter sont les maîtres-mots. « La solution est parfois chez le voisin, rassure Matthieu Loos. Parler avec d’autres agriculteurs permet de partager les bonnes idées et les matériels adaptés. »
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