Au moindre rayon de soleil, ils sont prêts à dégainer leur tracteur et leurs outils. Les agriculteurs n’ont pas profité d’un bel hiver avec de grosses quantités de pluie tombées dans une bonne partie de la France. Malgré la météo humide, ils retournent dans les champs pour ce printemps 2024.
Les agriculteurs retournent dans les champs pour ce printemps 2024, état des lieux
À l’image de ceux du Grand Est qui ont eu beaucoup de pluie cet hiver, mais qui ont profité d’une semaine de sec début mars pour fertiliser leurs céréales, voire les désherber s’ils en avaient besoin. De ce point de vue, la fenêtre météo a été suffisante pour tenter de redynamiser les céréales qui ont été mises à rude épreuve.
En revanche, l’état des cultures est très hétérogène. Dans certaines parcelles ou en contre-bas, les céréales d’hiver sont parfois jaunes. Asphyxiées par l’eau, il faudrait que la pluie cesse. « À certains endroits, les escourgeons sont jaunes, ils sont prêts à mourir », lance un agriculteur lorrain. « J’ai complètement loupé mes semis de céréales, avoue Romuald Carrouge, agriculteur dans la Marne. Je vais devoir re-semer 25 ha car les céréales d’hiver ont été implantées trop tard et dans de mauvaises conditions. Je vais les remplacer par des cultures de printemps, des lentilles et du sarrasin notamment. »
Printemps 2024, un constat national
Constat partagé sur toute la France par la cellule CéréObs de FranceAgriMer. Avec d’abord un retard dans les semis de blé tendre d’hiver. Ces derniers se sont achevés en décembre avec une date médiane située autour du 22 octobre. Soit trois jours plus tard par rapport à 2022. Le stade levé est atteint, lui, avec sept jours de retard. Ainsi, début mars, 94 % des céréales sont au stade « début tallage ».
Sur le plan national, ce sont les céréales de la façade atlantique et le Sud-Ouest qui souffrent le plus. Entre 35 et 55 % des céréales sont en bon, voire en très bon état, contre 67 % à l’échelle de l’Hexagone. Une situation qui paraît être semblable à celle de 2020.
Pourtant, le temps sec n’est pas au programme. Des précipitations sont encore annoncées dans les prochains jours. Difficile de s’imaginer préparer les sols pour les semis de printemps. « D’habitude, on commence en ce moment, mais cette année, il faudra être patient, se résout un agriculteur d’Alsace. Il faudra attendre encore quelques jours avant de travailler le sol pour réaliser un faux semis avant le maïs ou semer les betteraves. »
Patience et longueur de temps
L’institut technique Arvalis appelle à la patience, lui aussi. « Il est indispensable de s’assurer que le sol est ressuyé a minima sur toute l’épaisseur de la couche arable, peut-on lire dans une note. Même si les 10 ou 20 premiers centimètres sont bien ressuyés, les horizons profonds, plus humides, restent sensibles au tassement. » Au risque de ne pas réussir à créer un lit de semences adapté et de générer du tassement en profondeur. Et de préciser, « de ne pas travailler trop profond et d’utiliser le matériel le plus léger possible ».
Mais quoi qu’il en soit, les agriculteurs n’espèrent plus passer un printemps serein. « Pour certains, il n’est pas rentable de retourner les blés qui poussent mal ou qui n’ont pas levé, estime Benoît Pietrement, agriculteur dans la Marne. On ne peut plus semer de céréales de printemps sans affecter les potentiels de rendement. Les agriculteurs risquent de remplacer ces cultures par le maïs. »
Plantés par les plants
L’autre point qui cristallise les agriculteurs du nord de la France, c’est la disponibilité en plants de pommes de terre. En effet, depuis plusieurs années, les producteurs de plants alertent sur la rentabilité de leur activité face aux débouchés moins contraignants et aussi valorisés que représentent la pomme de terre de consommation. Cette année, les producteurs de pommes de terre peinent à trouver en quantité les plants nécessaires à leur activité. D’autant que les surfaces risquent d’augmenter sensiblement.
Le Semae et l’interprofession rappellent les risques de coupure de plants de pommes de terre et l’autoproduction de plants avec potentiellement une germination impossible et des risques sanitaires pour les sols. « Pour les producteurs, il est clair qu’une prime de risque plus importante qu’auparavant sera nécessaire », estime l’UNPT dans un communiqué.
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