Mêmes modèles
« Arrêtons de regarder sans cesse les prévisions météo, lance Emmanuel Buisson, directeur produits et innovations chez Weenat. D’abord, les modèles météo sont grosso modo les mêmes. Ensuite, les prévisions sont calculées que deux fois par jour. »
En effet, pour prévoir la météo, il faut une vision à l’échelle mondiale. Pour cela, tous les pays du monde réalisent des photographies au-dessus de leur pays. Il y en a quatre chaque jour : à minuit, à 6h, à midi et à 18h. Les clichés de meilleure qualité sont envoyés à midi et à minuit. Le temps que ces photos soient agrégées, étudiées et qu’on puisse en faire des prévisions, il faut un délai de cinq heures. Les prévisions météo les plus fiables sont donc annoncées le matin et le soir.
Regarder les radars
Celles à la mi-journée le sont moins. En d’autres termes, « la prévision météo du midi pour le temps à 14h sera plus fiable si elle est consultée le matin plutôt qu’à midi, explique le météorologue. Dans ce cas, pour tenter de mieux organiser ses chantiers, il est préférable à l’agriculteur de consulter les radars météo. » Rien ne sert donc, de consulter les prévisions trop souvent, on pourrait y perdre la tête !
36 000 modèles météo
Pour réaliser les prévisions météorologiques, les ingénieurs peuvent s’appuyer sur plusieurs modèles. Il en existe cinq en France et chacune a des avantages et des limites. Les deux premiers, et les plus précis, sont les deux modèles développés par Météo-France : Arum et Arpege (numérique). Ils sont mis à jour toutes les trois heures et le maillage des observations est de 1,3 km. Seul inconvénient, au-delà des 48 heures, le modèle propose des tendances. Rien n’est donc précis pour ces périodes-là.
Des tendances mais pas de prévisions
Le modèle ECMWF (European Centre for Medium-Range Weather Forecasts) est maillé de 9 km. Il est payant mais très fiable pour des prévisions entre 10 et 15 jours. Le modèle, ICON, est allemand lui. En France, son maillage est de 7 km et propose des prévisions jusqu’à trois jours. De par sa nature, le modèle reste peu fiable en France.
Enfin, le GFS (Global Forecast System) est le modèle le plus utilisé dans le monde. Son maillage est de 20 km et est très utilisé dans le monde. Il est capable de donner des tendances mais pas de prévisions locales.
Aucun d’entre eux n’est donc à favoriser, car aucun n’est parfait. Il est donc important de les utiliser avec intelligence selon la volonté de connaître les prévisions météo à moyen ou plus long terme. Les modèles proposent chacun des scenarii qui sont ensuite analysés par probabilités.
Témoignage : « J’organise mieux mes chantiers avec une météo fiable »
Thibault Munier, agriculteur à Chaource dans l’Aube, utilise sa station météo et son appli reliée pour mieux prédire la météo.
« Avant je consultais la météo sur cinq ou six applications météo gratuites différentes. J’avais des informations pas toujours très représentatives de ma situation. Et les prévisions ne se ressemblaient pas. J’avais accès à une donnée, l’hygrométrie par exemple sur une appli mais pas sur une autre.
Prévisions personnalisées
Je me suis équipée d’une station météo grâce à l’aide régionale fin 2021 qui subventionnait 40 % de l’investissement. Avec l’application liée à ma station météorologique, j’ai accès à des prévisions un peu personnalisées grâce à des niveaux de fiabilité.
En effet, j’ai accès à six modèles météorologiques différents. Ceux-ci sont notés selon la fiabilité sur mon exploitation. Ils comparent les prévisions annoncées avec celles sur le terrain grâce à ma Sencrop et celles aux alentours. J’obtiens donc des prévisions assez fiables.
Comme pour le vent par exemple. C’est une donnée que je consulte très souvent car elle est importante au moment de la pulvérisation. Je sais que sur mon exploitation c’est le modèle Icon 7 qui est le plus fiable pour cette donnée. Pour la pluviométrie, c’est Arum 2 mais je n’ai que les prévisions pour deux jours, le modèle Météo blue est aussi fiable pour cela. En température, j’ai moins d’exigence, mais je crois que c’est l’Icon 7 le plus fiable.
Fenêtre de travaux mieux définie
Depuis deux ans, je ne consulte plus les autres applications gratuites. J’organise mieux mes chantiers grâce à cette application, je n’ai pas besoin des autres. À l’image de l’automne très venteux que nous avons eu. C’était impossible de désherber mes céréales. L’appli prévoyait une accalmie que d’autres ne notifiaient pas. J’ai choisi d’attendre ce créneau et j’ai eu raison puisqu’en dehors de cette fenêtre, je n’aurai pas pu traiter mes céréales dans d’aussi bonnes conditions.
Ça m’aide dans l’organisation de mes chantiers et heureusement car c’est un investissement tout de même. La station météo valait 800 euros et j’ai un abonnement de 179 € /mois. C’est le prix pour avoir une prévision fiable, adaptée au territoire et pouvoir consulter l’hygrométrie. C’est une donnée que je ne consultais pas avant mais qui m’aide grandement dans le choix d’aller dans les champs ou non.
Indispensable ?
Au moment des grands chantiers, je consulte tous les jours la météo, même plusieurs fois par jour. L’accès à cette application me permet d’être plus précis et d’avoir encore plus de rigueur dans mon travail. Pour moi, c’est indispensable d’avoir cet outil. »
Thibault Munier préfère consulter ses prévisions météo sur la pluviométrie et la température du modèle ICON.
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