Avec les fortes précipitations tombées ces derniers mois en France, les agriculteurs doivent revoir leur stratégie de fertilisation des sols en 2024. S’ils peuvent toujours s’appuyer sur la méthode du bilan, ils devront rester prudents pour déterminer la dose d’azote à apporter.
Fertilisation des sols en 2024, quels besoins ?
Pour s’adapter à l’état des cultures, il convient de revoir les besoins de la plante. Notamment en fonction de son stade de développement, généralement retardé par les semis ou les conditions météo. » Les potentiels de rendements risquent d’être amoindries. Le peuplement et l’enracinement des plantes sont pénalisés, explique Grégory Vericel, ingénieur en fertilisation chez Arvalis. C’est assez difficile à chiffrer, les conditions météo des prochaines semaines seront déterminantes. »
Entre 10 et 20 % de rendement en moins
En effet, même si les céréales d’hiver sont capables de compenser un mauvais départ (tallage, nombre de grains par épis, PMG, etc.), l’ingénieur estime qu’il faut tout de même miser sur un rendement habituel dans le calcul du bilan. Quitte à revoir les doses au fil de la campagne pour les autres apports. Les conditions météo du printemps risquent d’être déterminantes.
En effet, certaines céréales ont été semées avec un gros retard et le potentiel de rendement n’est plus à son maximum. Là, on peut tabler sur une perte de rendement de 10 à 20 %. « D’autant que dans certains cas, de semis tardifs par exemple, la structure du sol est très endommagée, les céréales pourront difficilement rattraper leur retard de rendement, explique l’ingénieur. Les blés emblavés tardivement risquent également d’être davantage exposés au stress hydrique du printemps, faute de développement et de tallage suffisants. »
Fertilisation des sols en 2024, quelles ressources ?
L’eau en abondance crée une forte lixiviation de l’azote et du soufre. Les reliquats azotés sont attendus en baisse, surtout dans les zones où il y a eu excès d’eau. « Pour le vérifier, une mesure de reliquat s’impose », lance l’ingénieur Arvalis.
Par ailleurs, la minéralisation de l’azote a sans doute été ralentie, voire stoppée. « On risque de trouver davantage d’azote ammoniacal dans les résultats que d’engrais sous forme nitrique, fait remarquer Grégory Vericel. D’habitude, de telles valeurs font penser à un biais d’échantillonnage, mais c’est aussi souvent ce qui est constaté dans des sols saturés en eau ou compactés. Cette année, c’est avant tout l’anoxie des sols qui peut bloquer l’activité des bactéries nitrifiantes. »
L’azote, peu utilisable
Cependant, les situations peuvent être très diverses d’une parcelle à une autre. « Une adaptation au cas par cas est nécessaire : l’excès d’eau n’a pas le même sens ni les mêmes conséquences selon les types de sols », tient à rappeler Grégory Vericel.
Malgré ce constat et un développement retardé des plantes, les conseillers s’accordent à dire qu’il n’est pas judicieux de faire des impasses en sortie d’hiver. « Pour autant, il faudra se limiter à de petits apports de 40 à 50 kg N/ha, estime l’ingénieur. En effet, dans des sols probablement refermés, la disponibilité en oxygène est réduite et la valorisation de cet azote sera mauvaise. »
De plus, la reprise des cultures devrait être lente. Ce serait du gâchis. L’enracinement, peu profond dans cette situation, incite à revoir l’horizon d’étude entre 30 et 60 cm de profondeur. Il sera donc nécessaire de fractionner la dose à apporter en trois ou quatre apports. Et de les ajuster selon le comportement de la plante. Si les racines venaient à bien se développer, l’agriculteur pourra prendre en compte les horizons plus profonds.
Pas que l’azote
Mais avant cela, au printemps, la priorité sera de désherber les parcelles afin d’éviter la fertilisation des adventices.
Une fois la quantité d’azote à apporter calculée, il ne faudra pas non plus négliger la fertilisation soufrée. Cet élément s’est aussi lixivié avec les précipitations. « Ainsi, dans les sols superficiels, pauvres en matière organique, un apport de 30 à 50 kg de SO3/ha est recommandé, conseille Grégory Vericel. La dose est à modérer selon le potentiel de rendement et les apports d’effluents prévus. »
Quant au phosphore, les apports en sortie d’hiver pour rattraper un mauvais enracinement ne sont pas recommandés.
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