La pluie. Ils n’ont que ce mot-là à la bouche. Les agriculteurs des Hauts-de-France entament leur sixième semaine sans pluie, accompagnée d’un vent desséchant. De quoi compliquer la préparation des sols qui sont secs et motteux. Car même si le temps sec permet les plantations de pommes de terre avec quelques semaines d’avance, la poussière vole et inquiète la bonne levée des plants. Si la météo est menaçante, seules quelques gouttes sont attendues et bienvenues en cette matinée du 10 avril. Les plantations de pommes de terre 2025 sont en avance dans les Hauts-de-France.
Plantations de pommes de terre 2025, une campagne bien lancée
À la cuma de Belloy-sur-Somme, dans la Somme, les chantiers ont débuté le 1er avril 2025. « Et ce n’est pas une blague », ironise Eric Thibaut, l’exploitant de la parcelle du jour. Soit trois semaines avant la date habituelle, ce qui rend la disponibilité des plants parfois limitée. Qu’importe, les dix-neuf membres de l’activité pommes de terre s’affairent autour des deux planteuses. Il faut dire qu’il y a du boulot, 200 ha à planter.
Sous le soleil, l’ambiance reste détendue. À l’image de Simon, le salarié qui conduit le tracteur de la cuma… en chaussettes. « Mes copains m’envient et aimeraient être à ma place », reconnaît-il. Il faut dire que le chantier est organisé de manière que le chauffeur perde le moins de temps possible. « Le terrain doit être prêt et une fraise couplée à un décompacteur fignole le travail avant le passage de la planteuse, raconte le président. Elle sert également à travailler les fourrières lorsque la parcelle se termine. »
Et l’équipement est à la pointe malgré son âge. GPS, réglages électroniques, coupures à distance, cap et comptages des plants automatiques… tout se fait depuis la cabine.
Planter 20 ha/j
Pour perdre le moins de temps possible, la planteuse ne doit ni attendre les plants, ni les charger. « Je communique avec l’adhérent grâce à nos talkiewalkies », précise le chauffeur avec amusement. Le but de ce chantier, comme tous ceux de la cuma est de « faire du bon boulot le plus rapidement possible, martèle Vincent Lepers. Pour le reste, c’est à l’adhérent de gérer. » Et de mettre de l’huile dans les rouages.
Dans cette optique, cette année, le groupe s’est équipé d’un deuxième outil. « Une planteuse quatre rangs Agronomic, équipée d’une herse rotative Maschio, annonce Vincent Lepers. Il est prévu qu’elle réalise la moitié de la surface totale, mais cette année, c’est plutôt une prise en main. » Montant de l’investissement 50 000 euros pour la planteuse, 25 000 € pour l’outil de travail du sol. Avec les deux outils, les cumistes espèrent planter 20 ha/j. De quoi avancer rapidement, surtout lorsque les années sont compliquées.
Soulager la planteuse pour les plantations de pommes de terre 2025
Comme en 2024, où les jours de temps secs étaient comptés. Le groupe a dû travailler jour et nuit et tous les adhérents voulaient l’utiliser en même temps. C’est d’ailleurs, cette même année, que le groupe s’est décidé à investir de nouveau. « Notre planteuse Miedema CP42T de 14 d’âge accompagnée de sa fraise AVR plantaient environ 160 ha chaque année, se souvient le président. C’était trop et on sentait son usure précoce. Elle allait lâcher ! » Il fallait, en effet, changer les tôles formeuses tous les ans et entretenir les dents en carbure de la fraise en les renouvelant les tous les deux ans. Coûteux donc.
Pour les 40 ha restants, c’était un adhérent qui mettait à disposition son matériel. Histoire de ménager la planteuse et d’utiliser encore le matériel à disposition. Mais celle-ci restera au bâtiment cette année, au grand regret de son propriétaire. Depuis une dizaine d’années, la plantation s’effectue en chantier complet. « À l’époque, nous avions 60 ha à planter et l’organisation était devenue compliquée, se souvient Vincent Lepers, responsable de l’activité. L’entretien n’était pas fait correctement, la conduite de la machine n’était pas optimisée, personne ne voulait la renouveler. » Il fallait remettre du dynamisme dans cette section.
À voir en vidéo : Le John Deere 8RX au fraisage des pommes de terre.
La fécule revient dans le game
Le président a alors proposé une organisation autour d’un chantier complet et d’une planteuse. Le tracteur de 220 chevaux, indispensables pour ce travail, faisait déjà partie de la cuma. Le salarié a donc pris en main l’outil, et depuis 2015, la plantation suit l’organisation. Pour emblaver les 200 ha, il faut compter environ 145 €/ha, chauffeur et carburant compris. « Cette année, le prix risque d’augmenter autour de 160 €/ha, car nous avons acheté une planteuse supplémentaire, précise le président. Mais c’est pour être plus réactifs face à la météo, mais aussi planter davantage de surfaces. »
Car, en pommes de terre de fécule, principale production de la cuma, le prix est devenu de nouveau rémunérateur après une forte baisse ces dernières années. « Après des années à très faible rémunération, l’industriel Roquette a enfin revu ses prix à la hausse, explique Eric Thibaut. Grâce au quasi doublement des prix, nos exploitations ont été sauvées, surtout cette année où les rendements de céréales ont été décevants. »
D’ici au milieu de la semaine prochaine, les plantations devraient être achevées pour ce groupe. Mais la pluie tant attendue viendra-t-elle parfaire le travail des agriculteurs ?
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