Ils sont plutôt jeunes, agriculteurs ou plus souvent chauffeurs salariés. Et ils veulent conduire un tracteur propre. Cette nouvelle tendance révèle un changement de mentalité. La terre dans la cabine et les traces de graisse sur les sièges ne sont pas une fatalité. On peut travailler dans l’agriculture et vouloir des conditions de travail agréables, tout en préservant au passage son matériel. Une démarche qui devrait interroger dans les cuma où le même tracteur voit passer des adhérents et salariés différents.
Un coup de balayette pendant que le plein se fait
Steven Grogneuf, salarié à la cuma de Plurien (Côtes d’Armor) le résume simplement : « J’aime bien quand c’est propre. Vu le temps qu’on passe dedans, c’est normal d’être exigeant ». Il apprécie que chaque chauffeur de la cuma aie un tracteur attitré, ainsi chacun gère les choses à sa manière. Pour sa part, il donne un coup de balayette chaque soir dans le tracteur. « Pendant que le plein de GNR se fait, ou qu’on attend que la tonne à lisier se remplisse, c’est facile et ça ne prend pas plus de temps ». Quant à l’extérieur, il y veille au moins chaque semaine. « Au lisier, c’est un coup vite fait le mercredi et un vrai nettoyage en fin de semaine ».
L’image de l’entreprise à travers le tracteur propre
Avec ses collègues, Steven Grogneuf ajoute qu’on matériel propre joue sur l’image de la cuma. Son frère Yoann, qui travaille à l’ETA Périgois, ne dit pas autrement. « En voyant l’état du matériel, le client sait comment va être la qualité du boulot ». Et il le fait de son propre chef, pas à cause d’une consigne de son employeur. Les deux frères partagent ainsi cette attention au matériel, tout simplement transmise par leur père.
Prendre garde à moins salir
Yoann a pour sa part un principe : « Je ne loge jamais un tracteur sale ». Mais il fait pour cela attention à limiter les risques. « Pour charger du fumier, j’arrête le tracteur bien en ligne avec l’épandeur, et pas en angle, pour moins risquer de le salir en chargeant. » Yoann Grogneuf est également attentif à l’extérieur du tracteur. « Je refuse les chantiers avec des haies mal taillées où la cabine frotte dans les branches, on abime et on casse des gyrophares ou des rétroviseurs. » Il entretien d’ailleurs deux fois l’an la peinture dans les zones très exposées comme le marchepied ou les bras de relevage, et surveille de près son engin au retour de concession.
Des salariés découragés
Aurélien Masson, jeune agriculteur dans le sud de la Meuse, partage cette vision. « J’ai fait mon apprentissage dans une ferme où on prenait soin du matériel, et ça m’est resté. C’est plus plaisant de conduire un tracteur propre. Avant de m’installer, j’ai aussi été salarié et j’ai vu comment des chauffeurs peuvent être découragés d’avoir à utiliser du matériel en mauvais état et pas entretenu. »
La passion du tracteur en plus
D’autres utilisateurs vont encore plus loin dans leur démarche, avec une passion plus affirmée pour le matériel. On ne comprend rapidement quand on découvre le John Deere 6R de Baptiste Duros, éleveur dans les Côtes d’Armor. Des jantes de couleur noire, des phares longue portée, un bonhomme Michelin, un bumper de fabrication maison et d’autres marques de personnalisation. Il propose d’ailleurs ses services à d’autres agriculteurs qui souhaitent mettre leur tracteur à leur goût.
Une conduite plus confortable avec un tracteur propre
« Je n’aime pas avoir un matériel sale, explique-t-il simplement. Et en pratique c’est surtout une question de volonté. Un coup de balayette de temps en temps dans la cabine, un coup de Kärcher en fin de journée sur l’extérieur, c’est rapide et la saleté part toute seule avant d’avoir séché. » En cabine, il fait partie de cette catégorie d’utilisateurs qui retire les chaussures de travail. « En chaussettes, c’est beaucoup plus confortable, et on peut se permettre de poser les pieds sur le tableau de bord pour se détendre sans rien salir. » Son tracteur dispose d’un tapis en moquette, mais il a aussi un tapis en caoutchouc pour les chantiers salissants qui imposent trop d’allers et retour avec l’extérieur.
Pas de chaussures aux pieds
Quoi faire des chaussures quand on conduit en chaussettes ou en chaussons ? Deux solutions se présentent. Sur les plus gros tracteurs, il est possible d’aménager un petit rangement en haut du marchepied. Sinon, on les pose sur un petit paillasson à l’entrée de la cabine.
Tracteur propre : un changement de mentalité
Egalement adepte de la conduite sans chaussures, Tristan Raud est pour sa part organisateur de chantiers et chauffeur chez Champagne Epandage, dans l’Aube. Il dispose d’un tracteur attitré qu’il a personnalisé, et s’avoue un maniaque de l’entretien. « Je pense qu’il y a un changement de mentalité dans la jeune génération. Nous prenons en compte la valeur élevée du matériel, et l’image que nous véhiculons à l’extérieur ». Lui aussi laisse tomber les chaussures et la cote pour conduire, sachant qu’il a peu besoin de descendre du tracteur durant le travail. Il conduit en chaussons.
Bien apprécié du mécano de la concession
Lui comme nos autres témoins ajoutent un autre élément à cette attention portée à la propreté : le concessionnaire apprécie ! Les mécaniciens se salissent moins, sachant d’ailleurs que le nettoyage avant réparation est généralement facturé. Et en cas de revente, un tracteur bien soigné qui présente bien gagne forcément en valeur. Finalement, il existe effectivement une marge entre le chauffeur simplement soigneux, et le passionné qui consacre plus de temps et de moyens à son matériel. Chacun place le curseur où il le veut…et jusqu’où son employeur l’accepte.
Des bavettes pour protéger le matériel attelé
L’épandage de lisier ou de digestat représente l’activité typique où les roues du tracteur salissent beaucoup le matériel attelé. D’où cette pratique fréquente de fabriquer des bavettes en caoutchouc souple, genre tapis de mine. On installe les deux éléments sur un cadre métallique qui se fixe sur le trois points ou sur l’échelle d’attelage. Le temps de nettoyage de la tonne s’en trouve nettement diminué. Pour protéger son épandeur d’engrais, Baptiste Duros a aussi fabriqué des bavettes, fixée sur l’appareil lui-même cette fois ci. Il a également prolongé le garde boue des roues avant de son tracteur, pour mieux préserver le bas de la cabine.
Les astuces pour éviter de salir la cabine
Une cause de saleté dans une cabine est le fait qu’on y dépose des objets, une caisse à outil, des boules d’attelage, des pièces d’usure, une pompe à graisse ou même une tronçonneuse. Règle à s’imposer : rien dans la cabine ! Si la boîte à outils d’origine du tracteur est trop petite, certains confectionnent un support de boîte, souvent en haut du marchepied droit, avec un tapis qui la protège de la pluie. Hélas, l’encombrement des système d’échappement et de dépollution laisse de moins en moins de place de ce côté-là. D’autres choisissent une masse frontale ou un bumper avec un espace de rangement inclus. L’installation des boîtiers électroniques avec leur câble qui a plus ou moins traîné dans la saleté est aussi à craindre : mieux vaut avoir un chiffon sous la main.
Les accessoires de nettoyage
La balayette est l’outil de base du chauffeur soigneux. On y ajoute souvent une soufflette, assez facile à alimenter en air sur les tracteurs récents avec freinage pneumatique. Pour l’entretien des plastiques, il existe de nombreux produits, comme en automobile, à pulvériser ou sous forme de lingettes. Baptiste Duros apprécie aussi les lingettes dégraissantes, pour certaines taches. Souvent, nos interlocuteurs prévoient également un chiffon en microfibre, pour la poussière. Mais Aurélien Masson prévient : « Avant de faire la poussière, je mets la ventilation à fond quelques secondes, sinon il en reste dans le circuit d’air et elle ressort plus tard. »
Protéger le siège
Durant les travaux d’entretien en atelier, la cote peut être sale, et on ne va pas l’enlever à chaque fois qu’il faut monter dans le tracteur pour le déplacer ou manipuler une commande. C’est là qu’il faut éviter de salir le tissu du siège. Deux solutions se présentent : soit avoir sous la main un vieux plaid, soit mettre de côté les protections en plastique utilisées précédemment par le mécanicien de la concession. En temps normal, nos interlocuteurs enlèvent la cote ou en portent une propre. Voir d’autres astuces dans la page Facebook Club des cabines propres.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com.