Défanage des pommes de terre, quelles alternatives à la chimie ?

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Défanage des pommes de terre, quelles alternatives à la chimie ?

Arvalis a testé quelques nouveautés en matière de défanage de pommes de terre.

Le défanage des pommes de terre est souvent associé à l'utilisation de produits chimiques. Face aux retrait de certaines molécules, les agriculteurs s'adaptent en y alliant les outils mécaniques et autres solutions. Le point.

La destruction et l’arrêt de la végétation de pommes de terre est une phase cruciale. En effet, elle déterminera la date de récolte mais aussi le calibre, la tenue de la peau du tubercule ainsi que sa capacité à la stocker sans qu’elle ne s’altère. Habitués à utiliser des produits chimiques, les producteurs de pommes de terre voient l’offre de molécules réduire, entraînant une moindre efficacité. De nouvelles alternatives voient le jour avec, notamment, des solutions mécaniques. Quelles sont donc les nouveautés en matière de défanage ?

Des nouveautés en défanage de pommes de terre

Le broyage seul ou accompagné de chimie peut faire l’affaire et c’est bien souvent la solution choisie par les agriculteurs. Une étude d’Arvalis a été réalisée dans ce sens. De manière générale, en 2022 et 2023, le broyage seul des fanes de pommes de terre était quasiment identique à un broyage avec application d’un produit chimique. « Les conditions météorologiques ont donc permis un défanage mécanique plus rapide que celui chimique », lit-on dans la conclusion de cette étude. Résultats à confirmer cette année qui aura été davantage pluvieuse.

Autre moyen de destruction, l’arrachage des fanes. Plus abrasif, le passage d’un tel outil se fait après une intervention du broyeur. « Il va venir casser les tiges au ras de la butte, explique Coraline Dessienne, ingénieur chez Arvalis. Pour le coup, cette technique permet d’arrêter la croissance des tubercules du jour au lendemain. »

Se lancer dans l’électrique

L’arrachage a pour avantage d’éviter les risques de mildiou durant la sénescence de la plante et éviter le développement de maladies du tubercule. En revanche, en scalpant la terre des buttes, on peut remarquer un risque de verdissement des pommes de terre. Pour utiliser ce type d’outil, il faudra un tracteur plus puissant. Ainsi, le débit de chantier sera réduit.

Assez innovant, le défanage électrique peut être un moyen de détruire les fanes des pommes de terre. À l’image du Cropzone, développé par NuCrop. C’est un outil composé d’une cuve et d’une rampe à l’avant pour appliquer un électrolyte sur les feuilles. À l’arrière du tracteur, un générateur envoie des ondes électriques à peignes pour détruire les fanes.

Ne pas oublier le coût

« On estime qu’un passage de Crop Zone équivaut à deux passages de défanants chimiques, présente Thierry Launay, responsable du pôle technique chez Nufram. . Mais il est aussi possible d’effectuer un passage après un broyage. Seulement, dans ce cas, il faudra relever le broyeur afin qu’il reste de la biomasse. »

Arvalis a testé ce système qui permet de se passer de la chimie. « Ce système d’électrodes permet en plus d’obtenir un débit de chantier assez élevé, annonce Coraline Dessienne. On peut aller entre 5 et 8 km/h selon la densité des feuilles. » Seul point négatif, relevé par Arvalis, son coût. « Quand un défanage chimique coûte un peu moins de 100 €/ha, le service était tout de même facturé 275 €/ha l’année dernière », compte l’ingénieure.

De nouvelles molécules en défanage de pommes de terre ?

Enfin, les producteurs de pommes de terre peuvent aussi s’appuyer sur un acide gras, l’acide pelargonique, pulvérisé à auteur de 16 l/ha. En matière de produits, une nouvelle molécule est actuellement en test chez Arvalis. Il s’agit de l’acide caprylique, un dérivé ce l’acide gras utilisé. « Il va être homologué comme biocontrôle, indique l’ingénieur Arvalis. Il présente des résultats encourageants, même s’il faut envisager deux passages à 20 l/ha. » Pas d’effets négatifs sur le rendement de la pomme de terre n’ont été remarqués.

Si ces techniques ont chacune leur lot d’avantages et d’inconvénients, elles ne doivent pas occulter la nécessité pour les agriculteurs d’avoir des débits de chantiers efficaces. « La main-d’œuvre, le temps ainsi que le prix de la solution sont des paramètres à mettre en perspective, précise Coraline Dessienne. Le coût de cette nouvelle alternative au chimique doit rester raisonnable pour l’agriculteur. » Au risque que ces innovations restent au placard.

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