La campagne est verdoyante en ce printemps 2024. Les plantes ne souffrent pas de sécheresse et il n’y a plus de doute : les nappes phréatiques françaises ne sont plus à sec. Il suffit de constater le volume des précipitations ces derniers mois pour s’en assurer. Pour autant, les travaux des champs n’avancent pas vraiment rapidement en ce printemps 2024, la faute à la météo?
Des travaux des champs ralentis en ce printemps 2024
Rien que les deux dernières semaines d’avril, la France était coupée en deux. « Avec une pluviométrie encore souvent excédentaire sur la moitié Nord et le Centre-Est et une pluviométrie déficitaire sur le Sud-Ouest et PACA » analyse MétéoFrance. Avant cela, les quelques jours de chaleur ont succédé aux gels tardifs dans certaines régions. Les pluies tombées abondamment les mois précédents ont donc favorisé la recharge des nappes et ce, sur toute la France.
Dans ces conditions, les agriculteurs ont été ralentis dans leurs travaux des champs. Déjà retardés par l’hiver pluvieux, le retour dans les parcelles pour la fertilisation ou le travail du sol s’est fait avec parcimonie et avec quelques dégâts sur les sols dans certaines zones. Mais ce sont les retards d’implantations qui inquiètent le plus.
En maïs notamment, les semis ne sont pas achevés partout en France. On attend malgré tout une hausse des surfaces cette année, faute d’avoir pu semer du blé à l’automne et de l’orge au printemps. Arvalis rappelle à tous les producteurs de maïs de bien vérifier l’adéquation entre la précocité de la variété et la date de semis. Il faudra peut-être également revoir les dates de récolte.
Revoir les variétés de maïs
Ainsi, pour le maïs fourrage, « la récolte avant le 10 octobre est encore envisageable si les semis sont réalisés avant le 1er juin. Après, il faudra adapter les variétés » annonce l’institut technique. En revanche, pour le maïs grain, Arvalis préfère prévenir : après le 25 mai, une récolte à moins de 32 % d’humidité à la mi-novembre n’est plus réalisable. D’où l’intérêt d’adapter les variétés.
Toutefois, pour les parcelles emblavées, on remarque une croissance rapide. La pluie et la douceur aidant. « On note tout de même quelques dégâts de ravageurs comme les limaces ou les corbeaux, a remarqué Philippe Pluquet, responsable technique chez Noriap, coopérative des Hauts-de-France. On constate cependant, dans notre zone, moins de dégâts de corbeaux. Peut être que l’eau disponible a fait diversion. »
Côté betteraves sucrières, la totalité des surfaces sont emblavées. Non pas sans un gros retard mais dans de bonnes conditions et un sol bien travaillé. Les limaces ont fait quelques dégâts dans certaines zones, impliquant des resemis. Cependant, le désherbage de celle-ci s’annonce compliqué. En effet, la météo humide et douce favorise la levée des adventices mais rend impossible le désherbage mécanique. Il faut alors se tourner vers les solutions chimiques mais là encore, la portance des sols ne permet pas toujours une intervention en temps et en heure.
Des désherbages peu efficaces
Même constat pour les céréales. D’autant que les pluies hivernales n’ont pas permis l’application de désherbants dans certaines parcelles. « Des rattrapages de désherbage seront à prévoir », alerte Arvalis. Nombreuses sont les parcelles infestées de vulpin. « Maintenant, la seule solution réside dans le passage d’écimeuses pour tenter de sortir les graines de ces adventices de la parcelle » explique Philippe Pluquet.
Si les semis d’automne avaient pris du retard, les conditions météo du printemps 2024 permettent de le rattraper : « L’année est précoce en épiaison, fait remarquer le responsable technique. Tous les blés sont épiés et un tiers des blés sont en floraison. Il y a de l’eau et de l’azote à disposition, rien de mieux pour booster la croissance de la plante ». D’ailleurs, les modèles incitaient à appliquer une bonne dose d’azote sur les blés afin de garantir le potentiel de rendement.
La principale inquiétude réside dans les maladies. La pression est très importantes et les modèles agronomiques indiquent des niveaux de risques records. « Nous craignons les maladies d’épis qui avaient fait de gros dégâts en 2021, avoue Philippe Pluquet. Surtout que les conditions météorologiques pour l’application de fongicides ne facilitent une intervention optimale. Le vent et la pluie n’aident pas les agriculteurs ».
Pression mildiou dès la levée
En pommes de terre aussi, les travaux des champs en ce printemps 2024 s’éternisent. Les pluies intermittentes ne permettent pas aux agriculteurs d’intervenir sur de longues périodes. En attendant, les plants continuent de germer dans les bâtiments, Arvalis préconise « un égermage sur les germes de 5 cm. Après cette opération, respecter une phase de cicatrisation de 3 à 5 jours avant de planter ». Pour la plantation, la société rappelle de ne pas se précipiter. Il vaut mieux attendre que le sol soit bien ressuyé et travaillé finement. Le désherbage des pommes de terre est également un réel enjeu pour cette année très humide.
Plus que cela, ce sont les risques de mildiou qui cristallisent les agriculteurs : « Les pommes de terre à peine levées subissent de fortes pressions de maladie, explique le responsable technique de Noriap. La météo est très orageuse et les buttes restent humides. Cela favorise le développement des champignons. Les agriculteurs sont appelés à être très vigilants et à traiter dès qu’une fenêtre météo s’entrevoit ».
Après avoir subi, ces dernières saisons, un mauvais temps, les agriculteurs aimeraient entrevoir une période de beau temps. Ce ne serait pas volé ! Pour les trois prochains mois, MétéoFrance n’ose pas afficher de réelle tendance. « Aucun scénario ne se dégage, assurent les météorologues. Il y a un tiers de chance que les prochains mois soient plus humides, un tiers plus sec et une tiers conforme aux normales de saison ». Il faudra donc s’adapter…
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