Les cuma de Vendée veulent participer à l’installation d’agriculteurs. L’Union des cuma a d’ailleurs défini son thème d’assemblée générale en ce sens. Le 19 janvier à Tallud-Sainte-Gemme, le public de la salle associe ainsi des dirigeants de cuma et des étudiants en BPREA. L’estrade de la table ronde propose en conséquence la même diversité. Après vingt années passées en cuisine, Guillaume Chappuy souhaite changer d’air , déjà « pour voir le soleil », plaisante le témoin qui partage son aventure. Il fait partie des visiteurs réguliers du RDI (Répertoire départ installation). En préambule, ces derniers sont plutôt nombreux, ce qui fait insister le président de la section 85 de l’Union des cuma sur un point : « Le métier d’agriculteur intéresse. Il y a des candidats. » Pour autant Frédéric Jolly constate aussi « la baisse importante » de certains effectifs, celui des éleveurs en tête.
Le métier d’agriculteur intéresse
« En Vendée, 20% des gens au RDI cherchent pour du maraichage », pose Frédéric Jolly. Ils ne sont que 13 % à viser une production de lait de vache, soit à peine plus que la part de projets caprins (12 %). « Nous sommes de plus en plus nombreux à avoir des projets de niche », reprend l’ex-cuisinier. Il cite les cultures de chanvre ou de houblon. Pour lui, ce sera du champignon. Aussi, quand il explique qu’il ne cherche qu’une dizaine d’hectares, « certains cédants rient. » Sur le fauteuil voisin, Brice Guilloteau analyse le décalage : « Vous cherchez du foncier », lance l’administrateur de la cuma les Frenes. « Or ce que les cédants ont à transmettre, ce sont des entreprises. C’est difficile de dissocier les terres des bâtiments… » L’idée d’associer plusieurs projets d’installation à la transmission d’une seule ferme émerge naturellement dans le débat.
Installé il y a deux ans à Bournezeau, en production de volaille et viande bovine, Brice continue de travailler avec la cuma déjà implantée dans l’exploitation qu’il reprenait. « Je suis conscient que travailler avec la cuma c’est s’y investir. » Pour autant, « Avec l’atelier, les collègues, l’équipe… » il y trouve les moyens pour accéder à du matériel opérationnel, sans y consacrer ni trop de temps, ni trop d’investissement.
Intégrer la continuité de l’entreprise dans les projets
Cyril Bouet, autre porteur de projet, prend le micro. Lui, se voit éleveur de chèvres. « J’aurais besoin de peu d’équipements. Un petit tracteur certainement. Selon le lieu où je m’installerai, je devrais choisir entre une solution cuma ou une ETA. J’ai aussi l’attente de trouver des conseils techniques. »
Son collègue complète. Dans un groupe d’une douzaine de porteurs de projets, autour de lui, « nous serions la moitié de cumistes », résume Guillaume Chappuy. « Nous voyons l’intérêt de la cuma pour le matériel, son entretien, l’aspect économique, mais aussi sur le coté social et la connaissance du milieu. »
Mais en balance de cette liste, il oppose son besoin également réduit en matériel. « Pour l’activité truffière je n’ai que des légers retournements de terre à faire ponctuellement. » Tandis que sur les petites productions spécifiques qui vont se développer, « les cuma n’ont pas forcément le matériel adapté », juge-t-il.
Un gros matériel peut cacher une multitude de petits services
« En même temps, ailleurs que dans une cuma, où pourrez vous trouver un tracteur disponible pour quelques heures de temps en temps ? », leur rétorque Fabrice Gouin, agriculteur dans un département voisin. Président de la cuma du Sillon assure qu’autour des cuma structurées, « l’agriculture est dynamique. » Autrement dit, « ce n’est pas parce qu’une cuma a du gros matériel qu’elle ne répondra pas à vos besoins. En effet, elle a surement tout une somme de services et de solutions pour vous derrière. » Sa propre cuma en apporte une preuve. Il y a quelques années, elle créait en effet une section maraîchage. « Entre autres pour l’atelier, c’était plus simple pour les maraîchers de s’adosser à une cuma déjà existante », explique le président qui témoigne des adaptations qui ont été nécessaires pour faire croitre la culture cuma et adapter les fonctionnements avec ces nouveaux adhérents.
Aujourd’hui, la vocation laitière de la cuma du Sillon a perdu de sa superbe, certes. « Nous ne sommes peut être plus que 60 ou 65 % d’élevages laitiers. Mais est-ce préférable de devoir surmonter des soucis d’ensileuse ou être trois fois moins nombreux dans la cuma ? » interroge le dirigeant de coopérative. Brice Guilloteau appuie avec l’expérience de la cuma les Frenes où tout un groupe d’agriculteurs bio pousse à acheter des matériels « que nous n’aurions pas acheté autrement, mais qui finalement sont utilisés par un tiers des adhérents. »
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