Pas mal d’exploitations agricoles, notamment dans l’Ouest, peinent à trouver des repreneurs. Les raisons? Trop grandes, trop chères, ou ayant une production tel que le lait, qui ne correspond plus à la majorité des demandes exprimées par les candidats à l’installation… Ce constat a poussé Maxime Pawlak, co-fondateur de la société Eloi, à proposer une solution innovante.
Partage entre deux ou trois candidats
Principe: le partage de l’exploitation à transmettre au profit de deux ou trois porteurs de projet. L’exploitation est ainsi reconfigurée en deux ou trois exploitations indépendantes juridiquement. Le concept de «grappe» qu’avance la société Eloi signifie que ces nouveaux preneurs puissent néanmoins travailler en symbiose: rotations de parcelles, effluents d’élevage, matériels… Chaque preneur peut avoir en effet des besoins complémentaires en surfaces, bâtiment, irrigation…
Eloi assure le portage
Concrètement, Eloi se porte acquéreur, momentanément, du bien à vendre. Et elle le cède ensuite aux porteur de projets qu’elle a identifié. Cette approche singulière de la transmission offre une alternative à ceux qui n’ont pas toujours la possibilité de financer la reprise intégrale des exploitations en place. Mais qui ont néanmoins un projet viable souvent porté à une échelle différente. On pense en premier lieu aux productions végétales ou animales développées en circuits courts. Celles-ci nécessitent généralement des surfaces moins importantes par unité de main-d’œuvre.
Cahier des charges
Des jeunes, souvent hors cadre familial, peuvent être intéressés par les offres proposées par la société Eloi. Les exigences demandées par Eloi aux candidats à la reprise sont les mêmes qu’aux autres JA. Ils devront suivre le parcours 3 P et avoir la capacité agricole requise. Cette société à mission, qui revendique une «vocation sociale et solidaire», demande aussi que les candidats s’engagent vers «l’amélioration des pratiques agricoles en signant une charte d’engagement agroécologique.»
«Dés-agrandir» l’exploitation
Une telle formule peut intéresser des exploitants sur le départ. En particulier ceux qui sont désireux de privilégier la transmission à de nouveaux agriculteurs, plutôt que de favoriser l’agrandissement. Cette démarche peut intéresser aussi des exploitants en place qui pour un motif ou un autre (divorce, problème de santé, envie de souffler à l’approche de la retraite…) ne souhaitent conserver qu’une partie de l’exploitation existante, et céder une partie à un tiers (foncier, atelier…).
15 projets Eloi en 2022
Financièrement, la société prend une commission de 7% facturée aux cédants pour les frais d’étude et de négociation. Eloi, qui compte aujourd’hui une équipe de sept salariés, travaille en concertation avec les structures habituelles impliquées dans la transmission des exploitation (Safer, Chambre d’agriculture…). Pour l’instant, la société est surtout présente dans l’Ouest. En 2022, elle prévoit une quinzaine de transactions. L’objectif est d’atteindre soixantaine en 2023. Et 240 en 2024.
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