L’assemblée générale de proximité de la section 44 de l’Union des Cuma Pays de la Loire avait pour fil rouge l’installation et le renouvellement des générations. Un slogan : «Entrez, bienvenue, installez-vous !» Le rapport d’orientation établit clairement le lien avec le maillage coopératif, mais bouscule aussi les troupes. «Nous savons qu’une cuma dynamique sur un territoire favorise les installation (…). Soyons ouverts aux personnes qui veulent s’installer (…). Nous devons sortir de notre zone de confort (…) C’est à nous de trouver des solutions pour pérenniser notre métier et continuer de le transmettre aux jeunes générations.»
Aller voir ailleurs avant l’installation
Pour illustrer les profonds changements en cours dans le vivier de ceux qui souhaitent s’installer, la sociologue de l’ESA Angers Caroline Mazaud a présenté une étude menée récemment auprès de 141 nouveaux installés de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire. Pour 45% d’entre eux, ni le père ni la mère n’est agriculteur, mais il y en a souvent un chez les grands-parents ou les oncles et tantes. La moitié d’entre eux a des origines sociales modestes, avec des parents ouvriers ou employés.
Se forger des goûts et des dégoûts
En revanche, ils ne sont que 55% à avoir suivi une formation agricole initiale. «Les stages ont joué pour eux un rôle important, explique Caroline Mazaud. Ils leur ont permis de se forger une envie, des goûts et des dégoûts sur la manière de travailler.» Ces nouveaux agriculteurs ont également exercé dans d’autres secteurs avant de s’installer. Ils jugent cette expérience professionnelle très utile dans leur métier. Que ce soit des savoir-faire techniques nécessaires en agriculture comme la mécanique ou la comptabilité. Ou bien des compétences transversales également bienvenues, comme l’autonomie, le travail en collectif, la rapidité, l’endurance, l’organisation, etc.
L’installation, oui, mais la vie privée compte aussi
Par rapport à des jeunes qui prennent la suite de leurs parents par devoir, ces nouveaux agriculteurs «se sont approprié le métier avant d’y entrer.» Ce parcours préalable fournit des ressources aux non issus du milieu agricole. Mais il fait aussi que «les héritiers modifient leurs pratiques.» Une des conséquences flagrantes est le souci de se préserver une vie privée et des congés, à côté du travail.
Trouver sa place dans la cuma
Lucas Briand fait partie de ces enfants d’agriculteurs qui ont fait un détour. D’abord conseiller, il a ensuite fait le pas de l’installation, avec sa conjointe, mais dans une autre ferme que celle de ses parents. Une exploitation qui convenait à leur projet. Et pour le matériel: «On ne pensait pas à la cuma, mais elle était là, alors on y est allé.» Aujourd’hui, il constate combien il y trouve des avantages: du matériel, de la main-d’œuvre, des compétences, un réseau de proximité. «Durant le stage, le cédant nous a amenés à la réunion de planning hebdomadaire, cela nous a permis de trouver notre place dans le groupe. C’est plus difficile quand on arrive de l’extérieur. Chaque groupe a ses codes, ses non-dits.»
De la transparence
Maryvonne Lagré, qui cède en ce moment l’exploitation laitière qu’elle conduit avec son époux, complète. «Sans la cuma, notre exploitation n’était pas viable. Le pacte avec les repreneurs était qu’ils y restent.» Et on imagine bien qu’en retour, la cuma a aussi besoin de ces adhérents. La bientôt ex-agricultrice donne ce conseil aux cédants: «Savoir ce que vous voulez, et ne pas changer d’avis en cours de route. Etre transparent sur les chiffres de l’exploitation, penser à la question de la maison d’habitation, et prévoir un tuilage.»
Mettre le sujet de l’installation sur la table dans la cuma
La discussion a aussi fait converger l’idée que la question du renouvellement des générations doit se discuter à l’intérieur de la cuma. Pour savoir qui va bientôt partir et anticiper. Pour regarder ensemble comment trouver un vrai successeur plutôt que voir les hectares partir à droite à gauche. Cela demande du courage, a reconnu un intervenant. Et pourquoi pas se faire accompagner d’un intervenant extérieur, a suggéré un autre.
Les chiffres clés des cuma de Loire-Atlantique
- 170 cuma adhérentes,
- 5 000 cumistes,
- 213 salariés permanents dans 73 cuma,
- 32,8 M€ de chiffre d’affaires,
- 18,5 M€ d’investissements,
- 17 dossiers PCAE pour 23 matériels.
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