Depuis que Claude et Véronique Souriau ont repris l’exploitation à la suite des parents de Claude en 1983, la ferme s’est construite dans l’idée d’être la plus autonome possible sur le prix et la façon de produire. Au fil des ans, les deux associés du Gaec de la Croix-Blanche remplacent les productions historiques porcine et ovine par des volailles de chair en vente directe, pour ne plus être dépendants de prix trop volatiles. Ils convertissent l’exploitation au bio, s’initient à l’agroécologie et se mettent à produire leurs semences paysannes.
Installation collective: des avantages encore méconnus
Puis, devenu adulte, l’un de leurs cinq fils se montre intéressé pour les rejoindre dans l’aventure. Après son bac STAV, Martin Souriau choisit un BTS GPN (gestion et protection de la nature) plutôt qu’un BTS (Acse), dont il ne «partage pas les valeurs». De plus, fort d’une expérience comme salarié agricole en Nouvelle-Zélande et en Auvergne, il souhaite diversifier l’exploitation familiale pour s’installer sans augmenter la surface foncière. Ainsi, il crée un atelier de petits fruits rouges (mûres, framboises, cassis, fraises) de 3.000m² et un verger de pommiers sur 1,5ha que parcourent les volailles. Au total, 90% de la production est transformée.
Il s’appuie sur le réseau de distribution déjà bien rodé des volailles: un magasin de producteurs, cinq AMAP, deux épiceries, une biocoop, un marché de plein-vent et une vente à la ferme le vendredi après-midi.
Rapidement, la question de la transmission s’est imposée aux associés du Gaec. Martin avait exprimé son souhait de ne pas rester seul après le départ de ses parents: «les avantages de l’installation collective restent souvent méconnus et sous-estimés par les porteurs de projet», regrette Martin Souriau. Moins coûteuse en matière d’investissements, l’installation collective contribue aussi à une meilleure gestion du temps de travail et laisse la possibilité de partir en vacances.
Chercher un associé
Martin a très vite pensé à Jordan Gaillard pour être ce candidat à la reprise. Apprenti pendant deux ans, il venait de s’installer à 15km pour développer son propre élevage avicole. L’idée de l’association est apparue comme une évidence pour ces deux élevages. En effet, ils partagent déjà le même abattoir et le même magasin de producteurs. Et c’est ainsi qu’en 2018, le Gaec de la Croix-Blanche est passé de 2 à 4 associés.
Afin de permettre à chacun de trouver sa place dans cette nouvelle configuration, les associés ont mené une réflexion avec le Civam de Châtellerault. Cette dernière a conclu à la nécessité de faire appel à un appui extérieur. «Je connaissais la ferme comme salarié. Il me manquait une vue d’ensemble qui intègre la compatibilité ou les enjeux stratégiques des différentes productions», reconnaît Jordan. «De mon côté, je voyais plus souvent mes parents que Jordan et cela pouvait laisser s’installer des tensions. Ce regard extérieur, apporté par la Chambre d’agriculture, a permis à chacun de trouver sa place et de mieux nous organiser.»
Après le départ à la retraite de Claude, celui de Véronique suivra dans deux ans. Déjà les associés cherchent un nouveau compagnon de route. Depuis le début de l’année 2022, un alternant en reconversion professionnelle a rejoint l’exploitation et se forme au maraîchage. L’association étant déjà envisagée, les associés pensent à se faire accompagner pour échanger ensemble et bien définir les attentes et besoins.
«L’humain doit rester au cœur de toutes nos décisions, c’est primordial», concluent les associés.
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