Comme bien souvent, l’idée de travailler le sol par le strip-till est venue d’un constat terrain. L’élan porté sur l’agriculture de conservation emmène beaucoup d’agriculteurs. Mais certains sols ne sont en effet pas prêts à supporter le semis direct de suite. Et une transition est donc nécessaire, notamment sur les limons fragiles avant une culture de printemps.
En transition avec le strip-till
L’objectif recherché dans le cadre du partenariat entre la chambre d’agriculture et la fdcuma était de construire une journée technique autour des couverts végétaux et de la technique du strip-till. L’essai mis en place porte sur la culture du tournesol, dont l’enracinement peine parfois à s’opérer en semis direct. Le précédent était un blé tendre avec paille restituée, suivi par un couvert d’été broyé fin septembre. Puis d’un couvert d’hiver qui est resté vivant jusqu’au passage du strip-till .
L’essai se décline en plusieurs étapes. Tout d’abord, les organisateurs identifient la zone compactée à partir de laquelle ils conseillent la meilleure profondeur de passage de l’outil. Une semelle entre 8 et 18 cm est détectée. Le choix du réglage de l’outil se fixe donc à une profondeur de 18 cm. Ce choix correspond également la modalité privilégiée par l’agriculteur.
Plusieurs modalités pour tester le strip-till avant un tournesol
Les modalités d’essai, sont les suivantes :
- sur l’ensemble de la parcelle, un passage aller-retour du strip-till à une profondeur de 18 cm.
- sur une zone délimitée, un passage à 11-12 cm (en plein la zone compactée),
- sur une autre zone, un passage au-dessus à 6-7 cm.
Précision : le sol est à dominance limoneuse avec un historique de sans labour depuis de nombreuses années. L’agriculteur est membre du GIEE Agrosol. Il est en ACS depuis 10 ans. Il pratique une rotation 2/2, c’est-à-dire une culture du même type deux années de suite, en système irrigué : 2 dicots suivis de 2 graminées ou 2 cultures de printemps, suivies de 2 cultures d’hiver). Ou encore 2 années de cultures d’été puis 2 années de cultures d’hiver. Cela donne par exemple une rotation de type « maïs ou tournesol – féverole – colza – blé ».
Principales étapes de l’essai
Le 5 avril, le strip-till est passé sur la parcelle. Un passage de rouleau suit. Puis un traitement au glyphosate dans un couvert vivant. Les conditions printanières de 2023 sont assez fraîches et humides.
Ensuite, 15 jours plus tard, le semis est suivi d’un passage de rouleau. Le semoir est très classique, hormis les roues de rappui spécifiques destinées à raffermir sans lisser. Malheureusement, les limaces saccagent la parcelle qui est ressemée fin mai.
Enfin, le 1er août, une journée technique avec présentation des résultats sur l’enracinement des tournesols est organisée.
Quelques enseignements
Plusieurs pieds ont été déracinés. On constate des différences entre les modalités.
Sur la modalité à 18 cm, on observe un pivot qui descend beaucoup plus. Surtout, on remarque que toutes les racines secondaires émanant du pivot sont beaucoup plus nombreuses. Cela informe que la dent du strip-till a peu lissé latéralement lors de son passage. Le passage à cette profondeur a permis d’éclater cette zone et a créé le passage pour des racines secondaires dans cet horizon. Dans la modalité intermédiaire, le pivot bute sur la zone compactée. La dent ne va assez bas.
Sur la zone à 6 cm, le pivot a tout de même réussi à descendre jusqu’à la zone compactée. Les tissus racinaires superficiels sont assez denses sur toutes les modalités.
L’agriculteur chez qui l’essai a eu lieu est membre du GIEE Microbiologie. Il est en TCS et a travaillé avec un outil à une quinzaine de centimètres pour implanter sa culture de tournesol. Les racines de tournesol ont bien colonisé l’ensemble du profil. Mais le chevelu racinaire superficiel était beaucoup moins dense que sur la parcelle en strip-till .
Aller jusqu’à la zone compactée
En conclusion, la technique du strip-till est plutôt convaincante en amont de l’implantation d’un tournesol. Elle s’inscrit dans une démarche d’approche globale vers l’objectif d’un sol vivant. Elle permet de laisser les interrangs non travaillés et stables lorsque les racines du couvert sont bien présentes, tout en permettant au tournesol de bien s’implanter. Le réglage de la profondeur nécessite au préalable un état des lieux du sol afin de bien la décider. Lorsqu’une zone compactée est remarquée, ne pas hésiter à aller jusqu’à elle, sous peine de pénaliser le développement de la culture.
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