Sur le chantier d’ensilage du maïs, deux objectifs principaux justifient de laisser au sol des chaumes plus longs que la longueur habituelle d’environ 15cm. L’ensilage en coupe haute améliore tout d’abord la valeur alimentaire du fourrage mis en stock. En effet, la technique consiste à augmenter la proportion d’épis par rapport à la partie de tiges et feuilles dans le fourrage récolté. De la même manière, elle contribue à augmenter sa teneur en matière sèche.
La coupe haute pour anticiper l’ensilage de 8 à 10 jours
« Cette année, l’avantage d’une coupe d’ensilage à 50 ou 60 cm du sol est donc qu’elle permettra de rentrer un maïs à 30-32 % MS plus tôt que si on le coupe à 15 cm », analyse Hugues Chauveau, ingénieur Arvalis, responsable du pôle fourrages. Dans les conditions automnales, la différence est de l’ordre d’une semaine à dix jours. Ainsi la technique peut surtout s’envisager là où les agriculteurs ont semé « tardivement sans précocification des variétés. Ça peut être bienvenu pour semer les céréales pas trop tard ensuite. » Hugues Chauveau pose toutefois une condition évidente : « Il faut que les stocks soient au rendez-vous. »
L’institut technique avait réalisé en 2014 des essais sur ses stations de recherche pour chiffrer l’impact de cette pratique. L’ingénieur en retient un résumé : « Le relèvement de la hauteur de coupe par tranche de 10 cm permet d’augmenter la teneur en MS du fourrage de 0,7 point. Mais dans le même temps, le rendement diminue de 350 kg MS/ha. »
Plus de matière laissée au champ donc moins de rendement
Des éleveurs d’une cuma vendéenne avaient expérimenté la technique dans le cadre d’un DiNAcuma en 2021. Leurs observations confirment les enseignements. « La quarantaine de centimètres supplémentaire induit une perte de rendement d’environ 1,5 tMS/ha. Mais l’ensilage sera plus digestible, et plus riche en énergie (+ 0,07 Ufl/kg de MS), comme en protéines », relatait Augustin Fouillet, animateur cuma. « En laissant 10% de fourrage au sol par rapport à la méthode classique, la Claas Jaguar 930 a amélioré son débit de chantier instantané de 16 %. »
Un bon complément d’une herbe moyenne
Dans le cas d’une récolte au bon stade, l’ensilage en coupe haute n’altère pas la conservation au silo du maïs fourrager. Hugues Chauveau alerte en revanche : « Cette pratique n’est pas recommandée sur des maïs à des stades déjà bien avancés, au-delà de 35 % MS. »
Enfin la densification du maïs en énergie aura dans bien des cas l’intérêt de complémenter l’herbe récoltée au printemps dernier. Et la coupe haute à 50 – 60 cm se présente alors comme un bon compromis par rapport à la solution plus extrême d’une récolte en maïs épi : « Le besoin en sommes de températures est de + 200°C jour par rapport à un maïs récolté à 32%MS. » Envisager l’ensilage d’épis risquerait donc dans certains secteurs de trop retarder la récolte et donc la libération du terrain. « À moins de ne pas attendre mais ne pas valoriser le plein potentiel du grain », analyse l’ingénieur Arvalis.
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