L’ensilage de maïs épi a des atouts pour lui. Ingrédient qui concentre de l’énergie, tout en restant moins acidogène qu’une céréale (blé ou orge), il s’avère relativement simple à l’usage. « On l’utilise en ajustement de la ration de vaches laitières à haut niveau de production », explique Hugues Chauveau, ingénieur fourrages d’Arvalis, qui propose aussi un autre contexte d’usage : Une portion de 6 à 8 kg MS/j de maïs épi dans une ration à base de fourrages herbagers permettra en effet de maintenir sa densité énergétique.
Entre fourrage et concentré
Sur la zone de l’avant Pays Savoyard, la pratique est courante. « Deux tiers des éleveurs utilisent de l’ensilage de maïs épi pour densifier leurs rations à base de foin », explique Romaric Puthod, responsable sur l’exploitation du Centre d’élevage de Poisy (74). Sur une période allant d’octobre à la mise à l’herbe, voire aussi sur les premières semaines de transition, le maïs épi est un complément intéressant. Au-delà d’être le seul fourrage fermenté possible pour une valorisation dans certaines filières IGP de la zone, la culture a l’avantage de son rendement.
Le repère de rendement moyen dans la zone se situerait à 8 tMS/ha de maïs épi. Sur le centre d’élevage, la référence est même à 11 tMS/ha. Romaric Puthod résume : « Le potentiel de production d’UFL à l’hectare est supérieur à celui d’une orge. » L’éleveur et formateur alerte toutefois sur le fait que le changement climatique, avec des étés chauds et secs plus fréquents, nuance ce constat. Ainsi l’intervenant à un webinaire du 6 février met en avant que le maïs épi est un aliment riche pour densifier la ration énergétiquement à un coût maîtrisé (175 €/tMS). »
Sur la ferme de Trévarez, en Bretagne, les expérimentatrices de la Chambre d’agriculture Élodie Tranvoiz et Claire Caraës partagent l’analyse. Après deux hivers de tests sur la station, la ration ensilage d’herbe plus maïs épi et tourteau de colza se montre particulièrement économe par rapport à son témoin, tout en favorisant l’autonomie du système. Mais l’expérimentation pointe surtout des limites. La réussite d’une ration herbe – maïs épi se joue surtout sur la qualité de l’herbe
Éviter l’ensilage de maïs épi quand la surface fourragère est limitante
Avec une qualité de l’ensilage d’herbe insuffisante, l’impact d’une baisse de performances est lourd sur la marge économique. Dans le cadre de l’essai en production conventionnelle, une chute de l’ingestion (-4,2 kg/VL/j) se conclut par une dégradation de la marge sur coût alimentaire de 12 000 € en trois mois pour un troupeau de 75 VL. « Les atouts attendus sont là, mais il n’y a pas de miracle », conclut Valérie Brocard, responsable de projets d’Idèle. « Le maïs épi ne fait pas tout. Il faut que l’herbe associée soit de qualité. »
Si du côté de l’expérimentation en bio à Trévarez, les conclusions de l’essai sont plus positives, Claire Caraës souligne : « Le gain de marge que nous constatons reste fortement dépendant du rendement et du coût de l’ensilage. En outre, le plus fort impact porte sur le besoin de surface supplémentaire avec le maïs épi. » Hugues Chauveau précise : « le rendement d’un ensilage de maïs épi correspond à environ 60 % de celui de la plante entière. » Dans un système tendu du point de vue de la surface fourragère, baser une stratégie sur le maïs épi « peut mettre en péril le bilan fourrager », alerte Valérie Brocard. À l’inverse, aucun risque lorsque cette récolte porte sur une part restreinte de la sole ou lorsqu’il s’agît de valoriser un excédent de production lors d’une bonne année.
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