Combien coûte un chantier d’ensilage de maïs ? Ça dépend… bien entendu. Pour évaluer le coût d’un chantier d’ensilage de maïs, nous allons partir d’un chantier complet avec une ensileuse de 480 ch, achetée 296 600 €. Pour le transport : un ensemble de tracteurs de 160 ch coûtant 21 €/h et de bennes homologuées 40 km/h, en nombre suffisant pour le débit et la distance à parcourir. Et pour le silo : deux tracteurs de 160 ch également à 21 €/h. Le tout avec des chauffeurs rémunérés pour un coût de 22 €/h. Nous considérons, d’autre part, un maïs offrant un rendement de 14 tMS/ha et récolté à 33 % de matière sèche.
Par contre, nous allons faire varier quatre éléments pour évaluer leur impact sur le coût du chantier d’ensilage de maïs :
- L’intensité d’utilisation de l’ensileuse : 210, 230 ou 250 h/an.
- L’éloignement des parcelles : 4, 6 ou 10 km aller-retour.
- Le débit de chantier : 2, 2,5 ou 3 ha/h.
- La capacité des bennes : 32 ou 40 m3.
L’ensileuse représente 57 % du coût de chantier d’ensilage de maïs
À partir de tous ces éléments, et en retenant dans un premier temps une ensileuse utilisée 230 heures/an, des déplacements de 6 km, des bennes de 40 m3 et un débit de chantier de 2,5 ha/h, le chantier complet revient à 533 €/h, soit 15,20 €/tMS. Dans ce total, l’ensileuse en elle-même représente 57 %, au sein desquels deux gros postes se détachent : la décote et le carburant.
Le transport pèse, quant à lui, pour 27 % et la confection du silo pour 16 %. Sur ces 533 €/h, il apparaît également que la conduite de l’ensileuse et des tracteurs se chiffre à 128 €/h, soit 24 % du total. Attention : toute la main-d’œuvre est ici valorisée à 22 €/h. Or, les chantiers emploient le plus souvent de la main-d’œuvre familiale et des collègues d’un groupe d’entraide. Le montant facturé est alors inférieur au total annoncé dans nos calculs. À chacun de décider à combien il évalue son temps. Dans l’autre sens, il est probable que les responsables de l’activité facturent plus que le coût marginal de l’heure du salarié, 22 € dans nos hypothèses, car ils doivent tenir compte des heures payées mais non facturables (préparation, déplacements, entretien, etc.).
Les écarts se creusent
La variation envisagée du nombre d’heures d’activité de l’ensileuse joue peu sur le coût. Les 20 h annuelles en plus ou moins se traduisent par 10 € en moins ou en plus sur le coût de détention horaire de l’ensileuse. Soit 3,5 % d’écart. Ramenée à la tonne de matière sèche, la différence représente encore moins. Toutefois, nous avons pris une fourchette assez resserrée, entre 210 et 250 h/an, qui représente une population importante.
Mais on rencontre sur le terrain des machines tournant seulement 160 h/ an, parce qu’il y a peu de maïs dans le secteur, ou que des adhérents sont partis en retraite sans successeur. Dans ce cas, le manque d’heures se mesure clairement dans les comptes. Si cette ensileuse remonte, par exemple, à 250 h/an grâce à la mise en place d’une intercuma avec un autre groupe, son coût diminuera de façon significative.
Le coût de chantier d’ensilage de maïs dépend aussi des distances
L’éloignement des parcelles s’avère un critère plus déterminant. Nos deux premières hypothèses, 4 et 6 km aller et retour, demandent toutes deux une équipe de trois tracteurs et bennes. Le coût ramené à la tonne de matière sèche change peu entre 4 et 6 km. Par contre, en passant de 6 à 10 km aller-retour, il faut une quatrième benne. Le coût passe de 15,20 à 17,10 €/tMS. Soit une hausse de 12,5 %. Ce surcoût est difficile à contrecarrer en termes d’organisation de chantier dans la mesure où il est lié au parcellaire de chaque adhérent de la cuma, qui récolte souvent toutes ses parcelles à la suite, sur un ou deux jours.
Plus que tout autre matériel, l’ensileuse gagne à travailler dans un parcellaire groupé car cette configuration réduit le poste transport du chantier. Sans compter bien sûr les avantages pour d’autres activités (épandage, semis, etc.).
Combien de bennes ?
Troisième critère étudié dans nos simulations : le débit de chantier de l’ensileuse. À puissance égale, il peut en effet varier selon l’organisation des opérations, la largeur de la coupe, l’état de la culture ou encore le type de parcellaire. Si le débit baisse de 2,5 ha/h, la valeur de base, à seulement 2 ha/h, le coût du chantier augmente nettement : 19 €/ tMS au lieu de 15,20 €/tMS. Soit 18 % en plus. Dans l’autre sens, si le débit peut atteindre 3 ha/h, le coût descend à 13,90 €/ tMS. L’écart s’avère moindre car, si l’ensileuse est certes mieux exploitée, il faut par contre une benne de plus pour assurer le transport.
L’application Tass’Silo de la frcuma Ouest nous apprend d’autre part qu’avec ce niveau de débit, il faudra veiller à bien lester les tracteurs qui tassent le silo. Un poids minimal de 8,5 t se révèle nécessaire, au regard de la masse de fourrage qui arrive, alors que 7,2 t suffisaient dans les autres configurations.
Pour terminer, nous avons comparé deux capacités de benne, 32 et 40 m3. À partir d’une certaine distance, il faut prévoir un équipage de plus. Or, un tracteur et un chauffeur alourdissent le coût. Ainsi, pour des trajets de 6 km aller-retour, le chantier avec quatre bennes de 32 m3 revient à 16,60 €/ tMS, au lieu des 15,20 €/tMS de notre hypothèse de base, soit trois bennes de 40 m3. De même, pour 10 km aller-retour, les cinq de 32 m3 conduisent à un coût de 18,40 €/tMS, contre 17,10 € avec les quatre de 40 m3. La nuance qu’il faut apporter à cette comparaison tient dans le fait qu’on compare des petites bennes, souvent âgées, donc amorties, à des grosses plus récentes donc proportionnellement plus coûteuses.
Calculer le coût à l’hectare du chantier d’ensilage de maïs
L’ultime calcul consisterait à déterminer en quoi le chantier peut interférer sur le nombre d’unités fourragères que l’éleveur tirera de son silo, et donc d’un revenu en litres de lait. Il est très difficile à effectuer, mais il aurait de l’intérêt. Les éleveurs en tiennent compte dans leurs réflexions. Trois exemples. Une machine saturée, moins chère à l’heure, risque de récolter un peu tard. De plus, le maïs sera plus difficile à conserver et finalement moins riche. Un silo confectionné trop vite, tassé avec un matériel trop léger, a la même conséquence. Un éclateur très serré ralentit le chantier et augmente son coût à l’hectare. Il peut néanmoins permettre au maïs de libérer plus d’amidon et donc de valeur alimentaire.
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