Tous les fabricants de moteurs destinés aux engins agricoles cherchent des carburants pouvant remplacer le gasoil. Le groupe AGCO et sa marque Valtra ont récemment présenté leurs pistes d’avenir lors du forum AgriVenture Finland. Focus sur les futurs moteurs AGCO.
Futurs moteurs AGCO: pas de solution miracle pour les carburants
Jarno Ratia, responsable moteurs chez AGCO, explique qu’il n’existe pas de solution miracle et que différentes solutions se présentent en fonction des créneaux de puissance. Il met toutefois en avant le nouveau moteur du groupe AGCO, baptisé Core. Il équipe d’ailleurs les tracteurs Fendt 700 Vario de la génération 7. Le constructeur l’a conçu comme une plateforme pouvant se décliner ultérieurement en plusieurs versions, pour fonctionner au biométhane, à l’hydrogène, à l’éthanol, ou encore au méthanol. Sachant qu’à la base il accepte déjà les huiles hydrogénées (HVO).
Le poids énorme des batteries
Selon Jarno Ratia, un tracteur électrique ne peut s’envisager que pour des puissances de moins de 75 ch. Le poids et l’encombrement des batteries constituent en effet des obstacles énormes. Il explique ainsi qu’un tracteur de 300 ch devant labourer durant 10 h devrait disposer d’une batterie pesant 10 t, et d’un encombrement de 3,5 m3.
L’hydrogène, dans un moteur à combustion interne ou dans une pile à combustible, ainsi que le méthane lui semblent plus adaptés à des puissances supérieures. Mais guère au-dessus de 180 ch, là encore pour des raison d’encombrement, ou de manque d’autonomie, au choix. Les réseaux de distribution d’hydrogène restent également très limités.
Le méthanol aurait sa place
Dans cette zone de puissance, Jarno Ratia cite une technologie moins connue : la pile à combustible alimentée au méthanol. Certaines régions du monde pourraient l’exploiter. Mais au-delà, il ne voit qu’un retour au moteur classique, utilisant des carburants décarbonés.
Futurs moteurs AGCO: des carburants à base d’huile testés en Suède
Lors du même forum AgriVentures, la coopérative suédoise Lantmännen a fait part de ses essais de biocarburants sur des tracteurs Valtra. Elle est en effet l’importateur dans son pays. En collaboration avec le pétrolier Neste My, Landmännen a mené des essais avec du HVO (huiles hydrogénées) et de l’EMHV (ester méthylique d’huiles végétales, équivalent de notre Diester).
Per Wretblad souligne l’intérêt du HVO, qui réduit la pollution atmosphérique par rapport au carburant diesel classique. Mais il est plus cher. En revanche, il a constaté que l’EMHV, moins coûteux, offre des performances intéressantes.
« Il faut prévoir un filtre chauffant pour l’hiver. D’autre part, il est crucial que le produit contienne moins de 10 ppm d’eau », note-t-il. La consommation s’avère toutefois un peu plus élevée, et la puissance disponible légèrement diminuée.
La coopérative a ainsi décidé de garantir ses tracteurs Valtra fonctionnant à l’EMHV, à condition que le carburant provienne d’un fournisseur reconnu. En l’occurrence la société suédoise Energifabriken.
Le plein de HVO à l’usine Valtra
En fait, le constructeur Valtra lui-même n’hésite pas à employer du HVO, de chez Neste My, pour faire les plein de carburant des tracteurs qui sortent de son usine finlandaise de Suolahti. Et cela depuis cinq ans déjà. Il s’agit d’ailleurs d’un site où la maison mère Agco réalise de gros efforts de durabilité, le considérant comme son deuxième le plus « vert » au monde. Entre le chauffage via un réseau de chaleur local alimenté au bois et l’électricité d’origine éolienne ou hydraulique, Suolahti se déclare 100% renouvelable en matière d’énergie. L’usine a d’autre part réduit sa consommation de 18% entre 2018 et 2022. Elle recycle également 81% de ses déchets, avec un tri très organisé à tous les postes de travail.
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