Le portrait robot du maïs fourrager 2024 prend des traits du crû qui l’a précédé dans les silos. En conférence de presse le 2 décembre Anne-Sophie Colart (spécialiste maïs fourrage) et Hugues Chauveau (zootechnicien) détaillaient le bilan de campagne du maïs ensilage 2024. Les ingénieurs d’Arvalis résument : « 2023 était une très bonne année. Nous sommes plutôt dans la continuité. »
Maïs ensilage 2024 : 12,3 t MS/ha
Les producteurs avaient tout d’abord consacré un peu plus de surface au maïs fourrager. Anne-Sophie Colart indique une hausse de l’ordre de 1 % par rapport à 2023. L’automne hiver très pluvieux avait empêché la mise en place de parcelles de céréales à paille. « Il y a donc eu du report entre autres sur le maïs. » À l’arrivée, c’est surtout par un rendement moyen de 12,3 t MS/ha que se solde la campagne d’ensilage 2024. En moyenne nationale, le maïs ensilage fait donc mieux cette année que la moyenne quinquennale (+ 2 %). Ces rendements, « bons à très bons dans beaucoup de régions de production », traduisent en premier lieu l’absence assez généralisée de stress hydrique ou thermique.
Richesse en amidon intéressante
Avant même les implantations, les réserves étaient à un bon niveau. Puis les cultures ont ensuite été très régulièrement arrosées. « Les conditions estivales ont été favorables à la mise en place des grains et à leur remplissage », illustre Hugues Chauveau.
Aussi, la teneur moyenne en amidon approcherait des 33 %. D’après les plus de 9 000 résultats d’analyses que les partenaires de l’institut remontent, 7 maïs sur 10 ont une teneur en amidon supérieure à 30 %.
Malgré une digestibilité des fibres « décevante », la valeur énergétique moyenne du maïs se maintient à un niveau correct : 0,94 UFL/kg MS (soit -0,01 UFL/kg MS par rapport à 2023).
Cycle décalé
Outre un rayonnement relativement faible, une contrepartie de cette météo est que le retard pris au printemps n’a jamais été rattrapé. De l’histoire des relevés météo, « ce printemps 2024 est le 4ème plus pluvieux », retient Anne-Sophie Colart. Après des tout premiers chantiers dès fin avril, une fenêtre climatique favorable s’était ouverte début mai. Puis la pluie avait stoppé l’avancement. L’animatrice de la filière poursuit : « Les semis reprennent finalement fin mai et s’étaleront jusqu’à la mi-juin. » À tel point que les services compétents avaient construit leurs prévisions de dates de récoltes en distinguant deux périodes d’implantation.
Beaucoup de récoltes avant le stade de maturité optimal
Ainsi, « les récoltes les plus précoces ont démarré fin août dans le sud de la région Centre-Val de Loire, en Midi-Pyrénées, dans le Limousin et en Rhône-Alpes », observe l’ingénieure. Plus au nord et à l’ouest, il a fallu attendre septembre pour voir les automotrices se mettre en action timidement. Après un pic à la mi-octobre, « les ensilages se sont éternisés jusqu’en novembre. » Pour autant beaucoup de maïs ont migré vers leur silo à des teneurs en matière sèche faible. « Quasiment 40 % des maïs ont été récoltés à moins de 30 % de matière sèche. C’est un peu trop humide », résume Hugues Chauveau.
D’une part, ces récoltes avant le stade préconisé induisent de moindres rendement et valeur alimentaire du fourrage. Ceci pénalise aussi sa conservation, car les écoulements de jus sont synonymes de pertes d’éléments nutritifs. Et elles seront parfois très significatives. « En raison de ce phénomène, il sera important de refaire une analyse de fourrage après conservation. »
La verse du maïs en 2024 a eu de nombreuses origines possible
Autre fait marquant des dernières récoltes, de nombreuses automotrices ont fait face à des champs de maïs versés. Les ingénieurs d’Arvalis précisent les origines multifactorielles du phénomène. Dans un certain nombre de situations, la verse a été plutôt physiologique. L’excès d’eau sur le début de cycle par exemple ne favorise pas le bon enracinement. Le déficit de rayonnement (qui a été de l’ordre de 10 à 15 % en juillet dans beaucoup de secteurs de production) conduit à un allongement des entre-nœuds. « C’est encore un facteur aggravant au phénomène de verse », illustrent les experts.
De plus, ce déficit, en décalant le cycle de culture, a d’avantage exposé les maïs aux intempéries de septembre et octobre. « Les épisodes de vents violents sur ces deux mois ont été des facteurs déclencheurs. Des sensibilités variétales ont aussi pu être mise en évidence en parcelles ou dans les essais variétaux. »
Risques sanitaires
Le zootechnicien insiste enfin sur le besoin de vigilance vis-à-vis des risques sanitaires. Les chantiers réalisés parfois en conditions difficiles favorisent la présence de terre dans le silo et donc de probables contaminations en spores butyriques. Pour sa part, Anne-Sophie Colart alerte sur la présence du datura « qui est en progression dans les zones d’élevage. »
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