En Vendée et ailleurs dans le Grand Ouest, il y a du maïs versé à ensiler. Les coups de vent violents ont couché des parcelles et la récolte sera difficile. Michel Seznec, conseiller en agroéquipements à l’Union des Cuma des Pays de la Loire et expert fourrage pour l’Ouest, répond à nos questions sur l’ensilage du maïs versé.
Comment aborder un chantier d’ensilage d’un maïs versé ?
Il faut d’abord identifier l’état des maïs dans la parcelle : sont-ils tous versés dans un même sens ou pas ? Certains peuvent être « tourbillonnés ». Les plantes sont-elles cassées à mi-hauteur ou au pied ? En fonction de la situation, le degré de difficulté de la récolte sera différent, sachant dans un même champ on peut constater des états différents…
Quel type d’ensileuse peut ramasser dans de telles conditions ?
Peu importe la machine, c’est d’abord une question de becs. Les cueilleurs rotatifs se sont généralisés. Ils ont l’avantage de pouvoir récolter dans n’importe quel sens. On peut donc s’adapter aux situations. Le gros inconvénient c’est que, du moins en Vendée, beaucoup de ces becs récents sont équipées de petites toupies, moins efficaces que des grandes toupies. En effet, la plante une fois coupée ne reste pas aussi bien sur l’équipement et peu retomber vers le sol. Avec une grande toupie, c’est beaucoup moins le cas.
Par ailleurs, il sera peut-être nécessaire de retirer certains éléments tel que les cônes afin que le maïs reste plus facilement sur le bec et pénètre mieux dans la machine. Si le maïs est déraciné ou encore coupé ou couché dès la base du pied, il va falloir réussir à le redresser légèrement pour le récolter.
Autre élément à prendre en compte : les becs des ensileuses vont souffrir dans ces conditions. Il est donc encore plus important qu’ils soient en très bon état de fonctionnement : qualité de coupe, état des éléments de nettoyage, qualité des sécurités, etc. Dans des conditions où il y a aura beaucoup de bourrages, les éléments peuvent être mise à mal.
Comment ramasser un maïs cassé ou complètement à plat ?
La première chose que le chauffeur doit essayer de faire avec sa machine est de redresser au mieux la base des plants pour favoriser la coupe. Mais sans pour autant trop raser le sol, pour éviter l’incorporation de terre et autres corps étrangers. Certains constructeurs proposent des kits « maïs couché » ou « tempête », ou des pointes. Ils permettent de relever légèrement le plant avant la coupe. Donc de ne pas laisser de longues tiges au sol et de réussir à les faire remonter dans le bec.
Certains responsables de cuma ont déjà pu commander ces options pour adapter leurs ensileuses. Mais on peut supposer aujourd’hui qu’il y aura quelques difficultés d’approvisionnement auprès des constructeurs. Les plus habiles pourront bricoler leur machine pour essayer d’obtenir le même résultat, mais avec une efficacité plus aléatoire.
Faut-il ressortir les becs à chaînes pour l’ensilage du maïs versé ?
Effectivement, certains préconisent de ressortir les vieux becs à chaînes. Il est vrai que ce type d’équipement pouvait, dans certaines conditions, aller chercher le maïs à plat grâce à ses pointes prolongées. Elles relèvent bien la plante dans le rang et de façon plus régulière qu’avec une toupie. Mais il n’en reste plus gère dans les coins d’ateliers !
Dans tous les cas, il faudra prendre son mal en patience et le débit du chantier sera forcément bien plus lent dans de telles conditions. Un maïs plus sec, sera d’autant moins lourd et sera plus facile à faire rentrer dans les machines. Si une fenêtre météo s’annonce peut-être faut-il attendre un peu. Pas facile de juger !
Est-ce que certaines cuma testent des adaptations pour récolter ?
Les responsables et les salariés se concertent, font des tests, vont voir les cuma voisines et interrogent leur concessionnaire. Mais ce qui fonctionne sur une parcelle peut ne pas du tout être satisfaisant sur celle d’à côté. Il n’y a pas de solution miracle. Parfois, l’enjeu n’est pas de tout ramasser, mais d’en laisser le moins possible au sol.
Perdre un partie de la plante au sol n’est pas nécessairement trop grave pour cette année, si l’éleveur estime qu’il aura suffisamment de stock. Cela favorisera un taux de matière sèche plus élevé, et une meilleure valeur alimentaire (plus d’épi par rapport à la tige), sans favoriser les butyriques. Selon moi, si on a suffisamment de stocks de fourrage, on peut peut-être se permettre de le tenter.
L’autre difficulté est la praticabilité des sols : beaucoup de machines n’ont que deux roues motrices. Certaines des cuma envisagent d’adapter un pont arrière sur l’ensileuse pour pouvoir entrer dans les champs sans s’embourber.
Un dernier conseil aux cuma ?
Nous préconisons aux groupes voisins de se parler, pour éventuellement échanger les machines si jamais l’une et mieux adaptée que l’autre pour faire telle ou telle parcelle. Ce peut être pour des questions de ramassage et aussi d’équipement en quatre roues motrices, en cas de soucis de portance. Cela pour éviter tous les investissements de dernières minutes, parfois assez conséquent, qui auront du mal à se rentabiliser.
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