Le bac décanteur ou débourbeur est une fosse de récupération et de décantation des eaux de lavage, où sont retenues les matières lourdes (sable, feuille, terre, graviers…). Il est placé en amont du séparateur d’hydrocarbures et il permet d’éviter que ce dernier se remplisse trop rapidement de dépôts lourds, difficiles à curer. Sa conception dépend du volume de terre ramenée des champs, des types de matériels lavés, de la méthode de nettoyage de la plateforme et de la fréquence de curage.
Mode de curage
Le dimensionnement est à adapter au moyen de curage disponible sur l’exploitation et de préférence mécanique (tracteur avec chargeur équipé d’un godet, chargeur télescopique, tractopelle…). Le curage manuel reste une opération pénible.
- Un plan incliné sur un côté permet son curage avec un godet équipant un chargeur frontal. Son angle et sa profondeur sont fonction des caractéristiques du godet.
- Un bac décanteur avec 4 murs verticaux nécessite un godet de pelle rétro pour le curer. Sa taille va dépendre de l’amplitude du bras et la taille du godet. Il sera implanté en périphérie, le plus proche possible de la plateforme, voire accolé à la dérivation. Une clôture évitera toutes chutes accidentelles dans cet ouvrage.
Sortie de l’eau
La sortie de l’eau du bac décanteur ou débourbeur doit être plus basse que l’entrée et positionnée à l’opposé de l’entrée (performance de la décantation). Sur cette sortie, on installera, du côté décanteur, un coude à 90° en PVC avec un retour d’environ 20 cm orienté vers le fond du bac pour bloquer les éléments flottants (paille…). Ce tuyau devra être amovible si possible afin de ne pas l’endommager au moment du curage. A noter: il existe sur le marché des séparateurs équipés d’un débourbeur qui ont la même fonction que le débourbeur ou décanteur. Mais le curage n’est pas facile.
Plus simple
Lorsque la plateforme est exclusivement réservée au lavage du matériel (hors pulvérisateur), la gestion des boues est plus simple: pas de système de dérivation à prévoir et le débourbeur peut être dans la continuité de la plateforme. Il sera facile de curer avec un engin de manutention. Le curage doit être pensé dès sa conception (manuel, godet de tractopelle, chargeur).
Le séparateur d’hydrocarbures
Placé à la sortie du bac décanteur ou du débourbeur, le séparateur d’hydrocarbures piégera les résidus d’huile, de graisse et de carburant, contenus dans les eaux de lavage du matériel, et permettra le rejet d’une eau dont la teneur en hydrocarbures ne dépasse pas 10 mg/litre (décret n°77-254 du 8 mars 1977), voire 5 mg/litre dans certains arrêtés préfectoraux. Ces appareils sont équipés d’un filtre coalesceur.
Deux classes d’appareils
Il existe deux classes d’appareils :
- – Classe I pour les rejets directs dans le milieu naturel (norme 5 mg/l),
- – Classe II pour les rejets dans l’égout (norme 100 mg/l).
La taille (ou débit) doit être adaptée au débit d’eau qu’il doit absorber. Il faut tenir compte du débit utilisé pour laver le matériel avec un nettoyeur haute pression (0,15 à 0,32 l/seconde). Pour éviter de surdimensionner le séparateur d’hydrocarbures, il faut éviter de collecter la pluie tombant sur la plateforme. Il faut donc prévoir un système permettant de les dévier au niveau de la plateforme quand celle-ci n’est pas utilisée (c’est la troisième dérivation décrite dans l’article «Bien orienter les différents effluents d’une plateforme de lavage»).
La gamme de pièges à hydrocarbures retrouvée sur les exploitations agricoles varie de 1 à 3 l/s. Le séparateur devra être nettoyé régulièrement. Il peut ou non être équipé d’un débourbeur intégré. Les huiles et boues seront récupérées et évacuées par une société spécialisée et seront traitées comme déchets dangereux. Un système d’alarme du niveau d’hydrocarbures doit être installé.
Débourbeur séparateur mixte et boudins déshuileurs
Dans beaucoup de situation de lavage de matériel sans fuite d’huile, le séparateur d’hydrocarbures n’est pas nécessairement utile. Une installation «maison» avec un coude à 90°C en sortie du débourbeur est parfois suffisant (graisse restant avec les boues) et limite le rejet des hydrocarbures vers le milieu naturel. Si une installation d’un séparateur d’hydrocarbures est programmée dans un deuxième temps, il faut prévoir une place d’environ 2 m x 1,50 m et facilement accessible pour sa pose. Il existe également des boudins déshuileurs que l’on place dans le bac décanteur. Ce sont des boudins absorbants hydrophobes conçus pour l’absorption d’hydrocarbures et de liquides huileux. Ils sont hydrophobes, repoussent l’eau et absorbent les liquides à base d’hydrocarbures et de pétrole.
Extrait du guide «Concevoir sa plateforme de remplissage/lavage du pulvérisateur et du lavage de matériel», édité par les chambres d’agriculture de la Vienne et des Deux-Sèvres. Auteurs: Christine Archenault (chambre d’agriculture de la Vienne), Daniel Colin (chambre d’agriculture des Deux-Sèvres), Sylvain Jarousseau – BTS GEMO Saintes.
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Un guide sur les plateformes phytosanitaires et de lavage
Le sommaire du guide « Concevoir sa plateforme de remplissage/lavage du pulvérisateur et du lavage de matériel ».
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