Découvrez les témoignages de 4 cuma du Puy-de-Dôme engagées dans le semis direct.
1 / Le semis direct à la cuma de l’Entraide
La cuma de l’Entraide de Chauriat a investi dans un semoir direct de marque Sola principalement pour les Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates). Le semoir entre dans sa 6e année. «J’ai un collègue qui a semé du blé avec. Mais notre semoir ne fait que 3m de large. Le débit de chantier n’est pas très élevé. Résultat, il ne s’en sert plus pour ça» explique Frédéric Verdier, le président de la cuma.
«Finalement pour les blés, c’est du semi simplifié parce qu’on sème directement au Semavator. On fait un petit travail du sol rapide et léger après la récolte.» Frédéric Verdier reconnaît que le labour est encore utile, «nos terrains c’est de l’argile, c’est compliqué avec le semis direct.» Lui se sert de l’outil pour semer les couverts. «C’est surtout pour ça qu’on l’a acheté d’ailleurs.»
Eviter les frais de semis des couverts et limiter les passages
Ils sont quatre adhérents à avoir relancé la cuma voilà une dizaine d’années. Ensemble, ils ont cherché un outil adapté pour éviter les frais de semis des couverts et limiter les passages. «Plus on remue la terre plus on la sèche alors qu’on sème au mois d’août, lorsqu’il ne pleut pas beaucoup.» En se renseignant sur internet, les adhérents de la cuma découvrent un semoir qui leur plait, chez un agriculteur du côté de Blois. Ils l’achètent «nous voulions du dégagement et de la pression».
En semis direct, traditionnellement l’utilisation du glyphosate contribue à la réussite, mais ses couverts, Frédéric Verdier les travaille, les broie ou les retravaille directement et les enfouit. «De toute façon, l’interdiction du glyphosate ça fait déjà plusieurs années qu’on en parle. Ce sera peut-être un gros souci par rapport à certaines vivaces?» s’interroge-t-il.
2 / Le semis direct à la cuma du Germinel
Dans la plaine de la Limagne, Serge Vallant, président de la cuma du Germinel à Bas-et-Lezat n’est pas un fervent défenseur du semis direct. Mais sa cuma propose tout de même un beau parc d’outils qui permet de pratiquer la technique. «Nous avons deux semoirs. Un Simtech de 3m équipé de dents. Une distribution spécifique, équipée de disques en mousse, permet facilement de réaliser des semis de mélange de graines grosses et petites. Le second, est un semoir installé sur un déchaumeur à disques de 3m. Il bénéficie d’une distribution électrique et, est surtout utilisé pour la réalisation des semis de Cipan.»
En tout, une dizaine d’adhérents utilisent le semoir Simtech et une quinzaine, celui installé sur le déchaumeur. Même si le semis direct est dans l’air du temps, il ne convainc pas tout le monde. «Je suis un pro de la charrue, même s’il est vrai que la technique du semis direct permet de faire baisser les charges de mécanisation. Il y a aussi moins de consommation de GNR. Par contre, de mon point de vue, les résultats ne sont pas au rendez-vous. Mais ce qui nous a décidé à investir c’est justement le résultat que d’autres pouvaient obtenir. Il y a des connaissances à avoir.» Une des craintes, pour certains de se lancer dans le semis direct, est la gestion des adventices.
3 / Témoignage de la cuma de la Haute Morge
A Montcel, la cuma de la Haute Morge utilise un semoir direct. Etienne Onzon, son président, précise qu’il est utilisé pour de nombreuses cultures comme recharger une prairie fatiguée, semer des couverts végétaux. «Nous sommes 18 adhérents dans la cuma, et on est une bonne dizaine à l’utiliser.» Au printemps, à l’automne comme l’été, «il peut servir à semer des couverts l’été après récolte et il peut servir aussi à semer de nouvelles prairies au printemps ainsi qu’en été. Mais il peut aussi semer des céréales, du méteil, ou encore des mélanges de céréales.»
L’achat a répondu à de nouveaux besoins par rapport à la réglementation Cipan. «Et puis depuis plusieurs années nous nous intéressions aussi à la recharge des prairies. Avec la cuma nous avions fait une formation sur l’agriculture de conservation. C’est un peu compliqué dans notre climat parce que vu qu’on a pas beaucoup de pluie on ne peut pas faire ce qu’on veut.»
S’ouvrir plusieurs fenêtres de tir
Après avoir hésité sur le choix du matériel: semoir plutôt à disques ou plutôt à dents, la cuma s’est décidée pour un semoir à dents. «C’est assez polyvalent pour ce que nous voulons faire.» Puis, après avoir visité une cuma et s’être renseigné au Sommet de l’élevage, la cuma invite Frédéric Thomas pour une formation.
«Le choix de cet outil nous permet de nous lancer dans l’agriculture de conversation comme de nous adapter à la réglementation, ainsi qu’à la baisse programmé de l’utilisation des produits phyto. C’est un matériel qui nous satisfait parce qu’il nous offre de la polyvalence. Il peut aussi bien être utilisé par ceux qui se mettent à l’agriculture de conservation et semis direct comme pour d’autres qui se dirigent plus vers une simplification du travail du sol.» Localement, les agriculteurs souffrent de la pluviométrie avec des périodes sèches et de la chaleur.
La cuma tire un bilan assez positif de cet investissement. «Pour s’adapter chacun a fait un peu à sa sauce mais la transition s’est bien passée. Chacun a essayé et y a trouvé son compte.» Confronté à l’interdiction du glyphosate «nous avons deux solutions: mettre en place des couverts entre deux cultures et pratiquer le semis direct ou alors partir avec une solution qui consiste à travailler souvent le sol pour lutter contre les adventices, comme le feraient des agriculteurs en bio» analyse le président de la cuma de Haute Morge.
4 / Témoignage de la cuma des Plateaux
«C’est notre troisième semoir direct. Nous avons déjà eu deux Unidrill et, depuis un an, nous avons investi dans un semoir Sky Agriculture de 3m avec une distribution mécanique. Un semoir à disques, parce que chez nous, dans les terrains superficiels moins on utilise de dents mieux on se porte» résume Cyril Borel, président de la cuma des Plateaux. Une dizaine d’adhérents utilisent le semoir. «Une utilisation au semis des prairies derrière des céréales, faire un sur-semis de prairies ou implanter des couverts. Avec les années difficiles qui se succèdent, nous semons aussi des dérobés tout de suite derrière la récolte de l’orge. Pour le moment, nous les récoltons parce que nous avons des vaches à nourrir. Pour bien faire et améliorer nos sols, il faudrait les enfouir.»
Aujourd’hui, le semoir travaille sur environ 130ha. «L’activité est certainement amenée à se développer. Il y a, d’abord, l’aspect conservation des sols. Ils sont superficiels et le semis direct permet de lutter contre l’érosion en ne travaillant pas sur des sols nus. Il y a aussi, le côté baisse des charges de mécanisation. On supprime les travaux de préparation, il y a moins de passages d’outils.» Par contre, la technique demande une certaine maitrise. Les utilisateurs ont suivi une formation proposée par le constructeur. «Nous avons bien sur appris sur les différents réglages du semoir, mais surtout sur la technique du semis direct, l’agriculture de conservation, les semis sous couverts.»
Une part de risque à accepter
Le semis direct offre aussi des avantages qui permettent de saisir des opportunités comme semer du maïs en direct. «C’était un peu dans l’urgence. J’ai semé du maïs destiné à l’ensilage directement derrière un chaume de méteil récemment récolté. Le résultat: 12tMS/ha, donc loin d’être une catastrophe» indique Bruno Cotte, adhérent de la cuma.
«Bien sur le semis est moins précis. Le semoir n’est pas vraiment fait pour ça. Mais il est possible d’y apporter des améliorations. Mais aucun travail de préparation et une consommation de 5l/ha de GNR. Pas sûr qu’en ayant travaillé de façon plus conventionnelle, le rendement ait été supérieur au point de payer toute la chaîne de préparation du sol. Par contre, avec le semis direct, il y a une part de risque qu’on ne maitrise pas trop. On ne peut pas encore le banaliser. Il faut plus de connaissance pour bien maitriser la technique mais, pour l’avenir, nous allons certainement vers un développement plus important du semis direct.»
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