Produits laitiers : « N’oublions pas de produire »

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Produits laitiers : « N’oublions pas de produire »

Pour Tanguy Bidaud, il y a du lait dans le gaz… (©AdobeStock)

Pour Tanguy Bidaud, éleveur laitier en Normandie, « la France est reconnue dans le monde entier pour la qualité de ses produits laitiers. La décarbonation de notre activité ne doit pas se faire sur le dos de la croissance ».

Moins 20% de carbone par litre de lait produit à horizon 2025. Ce chiffre est issu des travaux du projet Carbon Dairy mené entre 2013 et 2018. Conduits par l’Institut de l’Elevage, ils ont montré qu’il était possible de baisser de 20 % l’impact carbone d’un litre de lait. 20%, c’est l’écart qu’il y avait entre la moyenne des élevages étudié et les 10 % des meilleurs.

Valeur à l’unité produite

On aurait pu imaginer prendre un chiffre en lien avec les exigences du réchauffement climatique… Imaginez si la filière retenait ce mode de calcul pour fixer le prix du lait ! Evidemment, c’est une valeur à l’unité produite qui a été retenue. Ceci dans un contexte de baisse de cheptel de plus de 20 % sur les 20 dernières années. Le secteur aéronautique aussi s’engage à baisser ses émissions de transport au km parcouru mais dans un contexte légèrement différent. En 2000, le secteur transportait annuellement 1,5 milliards de personnes. En 2024 près de 5 milliards de personnes et le secteur en prévoit 10 milliards en 2050 !

« La France est une terre de lait »

Pendant ce temps, en plus de voyager, nous importons la moitié des poulets consommés en France. La Belgique et les Pays-Bas exportent depuis 2022 des tonnes de frites surgelées, acheminées dans des bateaux réfrigérés vers l’Amérique du Sud. L’impact carbone du secteur du numérique augmente également de jour en jour. Mon propos n’est pas celui d’un éleveur qui ne veut rien faire, il faut continuer à décarboner notre filière laitière, nous n’avons pas le choix. Mais je me refuse un discours de décroissance. La France est une terre de lait qui façonne jour après jour les territoires par l’activité qu’elle génère. Reconnue dans le monde entier pour la qualité de ses produits laitiers, la décarbonation de notre activité ne doit pas se faire sur le dos de la croissance.

Entre voyager, se divertir ou manger, il faut choisir?

Notre industrie laitière est riche de leader mondiaux, nous produisons tous les produits laitiers qui existent dans le monde. Nos exports sont les seuls remparts à l’importation. Imaginer une France laitière plus performante à 15 milliards de litres de lait est une utopie que nos voisins européens s’empresseront de corriger. La France fait partie des pays d’Europe ayant le plus diminué sa collecte depuis 2018. Ce malgré les belles intentions de nos voisins européens de verdir leur production. Tout le monde doit être bien conscient que ce qui ne sera pas produit chez nous sera produit par quelqu’un d’autre…
Quand à attendre du consommateur un changement de mode de consommation en faveur de moins de carbone, il n’y a qu’à regarder les statistiques d’importation des fruits et légumes ou bien encore la reprise du traffic aérien depuis la fin du covid pour se rendre compte de la réalité de leurs incantations. Voyager, se divertir ou manger, ils ont choisi !

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