La cuma permet de s’adapter plus vite aux changements. Ce n’est pas la traditionnelle machine à vendanger qui est à l’origine de la cuma. « En 2007, nous avons commencé à quatre avec une prétailleuse sur fils », indique Pierrick Romieu, le président. « Aujourd’hui, la cuma des Voconces compte dix adhérents, soucieux de bien entretenir le matériel. » Depuis, le parc a évolué avec une mini-pelle, un épandeur de fumier et différents autres matériels. Dernièrement, la cuma a investi dans un rouleau Faca et un semoir direct. Le but : implanter des couverts végétaux entre les rangs. Un changement de modèle qui trouve son intérêt avec les effets du changement climatique.
Enherbement des vignes pour plus de résilience à la cuma des Voconces
« Le premier but de l’enherbement était de pouvoir conserver de l’eau dans les sols en évitant l’évaporation », souligne Pierrick Romieu. Pour cela des mélanges seigle, vesces ou féveroles sont semés chaque année un rang sur deux. Ils sont ensuite roulés pour créer un mulch sur le sol. Avec cinq ans d’expérience, les résultats sont plutôt positifs. « On remarque que dans les parcelles semées, poursuit le président, la vigne a moins souffert que dans les endroits sans couvert. On passe les périodes de stress hydriques un peu plus facilement. Nos terres sableuses restent plus fraîches. Aussi, après cinq ans, le sol a changé dans les inter-rangs semés. La couleur n’est plus la même, la structure a évolué et le travail du sol est plus facile. »
D’autres effets positifs sont ressortis, comme une diminution de l’érosion. « Avec certains adhérents, nous faisons partie d’un GIEE sur l’enherbement des vignes. C’est un domaine à explorer où il reste beaucoup à apprendre. Le fait de faire partie d’un GIEE permet aussi d’échanger avec d’autres et de ramener des idées dans la cuma. », ajoute le président.
Trouver des solutions au manque de main-d’œuvre
Comme dans beaucoup d’autres cuma, un problème récurrent touche les adhérents. « Nous ne trouvons plus de main-d’œuvre pour les différents travaux dans les vignes », regrette Pierrick Romieu. Avant, tout était bien réglé avec des équipes stables. « Depuis le Covid, le recrutement des équipes devient très difficile, observe-t-il. En plus, les personnes recrutées sont souvent sans expérience. Il faut être présent pour encadrer l’équipe pour des travaux comme l’ébourgeonnage sur lequel nous sommes assez pointilleux. Avant, nous pouvions monter sur le tracteur pour réaliser les nombreux travaux et laisser l’équipe travailler. Maintenant ce n’est plus le cas. »
Avec des exploitations trop grandes pour pouvoir travailler seul et pas assez pour embaucher un salarié qualifié, « il faut trouver une solution de remplacement », constate-t-il. Remplacer certains travaux en investissant dans un robot est une solution qui existe déjà et sur laquelle la cuma a voulu en savoir plus.
S’appuyer sur de nouvelles technologies
Pour se faire une idée des possibilités d’un robot en remplacement de certains travaux habituellement réalisés par l’exploitant comme le désherbage mécanique, la cuma a donc organisé une démonstration. « Nous avons fait venir le robot Bakus de chez Vitibot, équipé pour biner sur le rang et nous avons été bluffés », annonce Pierrick Romieu. Différentes parcelles ont été travaillées, sur le plat et en dévers. « Le travail est très précis, dans les différentes conditions de test et même dans les vieilles vignes irrégulières », note-t-il.
Reste le problème de la réglementation, qui pour le moment stipule que le robot ne peut pas travailler en totale autonomie. Une personne doit rester dans la parcelle pour pouvoir intervenir si besoin.
Investir dans un robot : la cuma pour s’adapter aux nouvelles situations
« Pour moi, ce n’est pas une contrainte », explique Sébastien Guillaume, secrétaire de la cuma de Voconces. Investir dans un robot me permettrait d’encadrer une équipe pour du travail manuel précis et qui apporte une valeur ajoutée. Le fait que le robot travaille dans la même parcelle n’est absolument pas gênant. De toute façon, la réglementation a de bonnes chances d’évoluer en laissant le robot pouvoir travailler seul dans une parcelle. »
Aujourd’hui, la cuma a déposé un dossier pour l’investissement dans un robot Bakus d’un prix avoisinant les 220 000 € et subventionné à 50 %. « Nous avons 18 mois pour décider si nous sautons le pas ou non », précise le président. « Quoi qu’il en soit, la mécanisation va dans le sens de l’histoire. On l’a vu dans notre profession avec la machine à vendanger. Ou on prend le train ou on reste sur le quai », conclut Laurent Schneider, trésorier de la cuma.
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