L’esprit cuma va perdurer. En août 2022, Philippe Villemont prend sa retraite. Mais ses deux fils reprennent ses parts et développent l’activité laitière. L’exploitation passe de 50 à 130 vaches. « Sans les cuma, il aurait été impossible pour nous de développer l’activité laitière telle qu’elle est aujourd’hui », observent les deux fistons. En effet, avec un investissement de près d’un million d’euros, dans une salle de traite notamment, le matériel de cuma représente un réel avantage économique pour les deux jeunes installés. Comme ils l’expliquent, leur vision de la cuma est ambitieuse : « travailler ensemble, avoir du matériel ensemble et avoir un salarié ensemble ! »
Comment avez-vous connu le réseau cuma ?
Notre grand-père a créé la cuma des Bouchures en 1983, avant que mon père n’engage la création de la cuma du Grand Sapin, il y a près de 40 ans aussi. Il était donc tout naturel pour nous de perpétuer ce fonctionnement. Il nous permet, notamment, d’avoir accès à du matériel récent et performant. or, nous n’aurions pu en faire l’acquisition par nos propres moyens.
À quelles cuma adhérez-vous ?
Nous travaillons avec plusieurs cuma à proximité de notre exploitation :
- la cuma des Betteraviers pour l’épandage, la fauche et la tonne à lisier,
- le Grand Sapin pour le battage, le semis de maïs, le broyeur et la presse,
- les Bouchures pour le tracteur attelé à la débrousailleuse et la fenaison,
- la cuma de la Poussière pour les deux tracteurs, le pulvé avec chauffeur ainsi que pour l’atelier de réparation,
- les Blés dorés pour la faucheuse frontale (création de la section à la suite de l’installation),
- les Ronces pour le télesco-pique acquis par Camacuma, qui est la centrale d’achat du réseau Cuma avait assez peu d’engagements au début, mais en passant de 350 à 550 heures d’utilisation par an, cela entraîne une baisse de prix pour l’ensemble des utilisateurs.
Quels sont vos objectifs et vos projets de développement ?
Au niveau professionnel, nous aimerions construire un hangar en photovoltaïque de 3 x 800 m2,. Il permettrait de protéger les génisses, le matériel ainsi que le fourrage. Nous recherchons également des terres pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. À titre personnel, nous nous octroyons un week-end sur deux, quinze jours de vacances en août et une semaine en février. C’est vraiment l’avantage de travailler en famille .
Quelles difficultés avez-vous rencontrées, lors de votre installation ?
La toute première fut de convaincre les banques. Mais le fait d’être en cuma, de travailler avec la laiterie de Varennes et de faire partie de la démarche « C’est qui le patron ? » nous a grandement aidés. Puis, il y a eu la crise laitière, nos prix ont fluctué trois fois l’an dernier. Aujourd’hui, ils atteignent 500 €/1 000 litres.
Quels sont les principaux avantages et inconvénients des cuma ?
Il y a très peu d’inconvénients, si ce n’est la disponibilité du matériel, notamment au printemps. C’est tout à fait normal et compréhensible. On constate également qu’il y a peu de jeunes impliqués au sein des cuma. A contrario, les avantages sont très nombreux. Nous bénéficions de matériels récents, entretenus et performants. Nous n’aurions jamais pu acquérir de tels engins, en tant que jeunes installés. Par exemple, les tracteurs nous sont facturés 38 € de l’heure (tracteur + remisage).
Nous avons un engagement de 260 heures, ce qui représente près de 10 000 €/an. Aujourd’hui, la facture que nous payons en cuma pour l’utilisation des tracteurs ne couvrirait pas une annuité d’emprunt (environ la moitié). Nous avions acheté un tracteur d’occasion pour l’exploitation, mais nous n’avons pas le projet de le renouveler, car il est bien plus avantageux pour nous d’utiliser ceux de la cuma. De plus, les échanges de bonnes pratiques, les retours d’expériences et l’entraide entre les adhérents sont essentiels à nos yeux. Ce sont des valeurs très importantes pour nous.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :