Sol sec ou souple, c’est différent
Sur sol déchaumé et sec, le 520/85R gonflé à 1,6 bar a consommé 23 % de moins que les autres. On était un peu dans des conditions de circulation sur route et il était à son avantage (moins de pertes par déformation). Descendu à 1 bar, il s’est en revanche montré plus gourmand. Sur sol labouré, l’avantage a tourné vers le 650/65R42 à 1,4 bar et le 800/70R32 à 0,8 bar. Il fallait plus de surface de contact pour bien accrocher. Poussé à 1 bar, le 800/70R32 a logiquement perdu en efficacité, +19 % de consommation. Enfin, sur sol labouré puis rappuyé, le 800/70R32 a consommé 13 % de moins que le 650/65R42. Conclusions : pas de meilleur pneu, une pression à adapter quel que soit le modèle, et des traces moins visibles quoi qu’il arrive pour le pneu de grand volume.
Plus de capacité de traction avec un plus grand diamètre
Autre essai en 2019, qui visait à savoir quel est l’impact du diamètre des pneus d’un tracteur. Il a porté sur trois chantiers : passage d’un outil à dents (sur chaume et sur labour), labour, et transport (fumier). À l’arrivée, il s’avère que les différences de consommation de carburant n’ont pas été très marquées. Sur route, l’effet pression s’est manifesté avec 6 % de GNR en plus à 0,8 bar par rapport à 1,6 bar. En revanche, le grand pneu, de 42 pouces, s’est détaché nettement de la monte standard, en 38 pouces, en matière de capacité de traction. Pas moins de 25 % en plus, en restant à un taux de patinage de 10 à 15 %.
Le VF accroche mieux
En 2016, c’étaient la chambre d’agriculture et la fdcuma du Loiret qui mettaient face à face un pneu standard et un VF, sur un tracteur de 180 ch. Le sol, très argileux mais sec, n’offrait pas de conditions très discriminantes. Le type VF a affiché un taux de patinage 20 % inférieur, et une consommation réduite de 7 %, par rapport au pneu de base. On peut attribuer cet écart à une carcasse très souple, offrant plus de surface d’accroche.
Le télégonflage utile, même avec des VF
Retour en 2019 avec cette fois un essai fncuma – Entraid, pour observer le comportement de pneus VF sur un ensemble tracteur et remorque. Premier constat : même si ces pneus agraires encaissent bien, ça vaut le coup d’ajuster la pression pour diminuer la résistance à l’avancement. Ainsi, sur route, elle est moins élevée avec les pressions recommandées pour le transport (1 et 1,2 bar sur le tracteur, et 2,8 pour la benne) qu’avec celles préconisées au champ (et d’ailleurs déconseillées sur route !).
Inversement, au champ, cette configuration route s’avère plus tirante. Les valeurs recommandées (0,6 et 0,8 sur le tracteur, et 1,8 sur la benne) offrent moins de résistance à l’avancement. D’où l’intérêt du télégonflage pour passer aisément d’un mode à l’autre, même avec des pneus VF. Le même équipage a fait l’objet de mesures de consommation de carburant, lors d’une seconde opération avec le réseau cuma du Sud-Ouest. Sur route, l’adoption d’une pression routière s’est traduite par une économie de 18 % par rapport à une pression mixte champ/route. Mais il faut ensuite que le sol soit sec pour se permettre de conserver une pression élevée au champ.
Pression et types de pneus agraires
Il y a quelques années, l’opération européenne Efficient20, à laquelle participait le réseau cuma et Aile, avait également donné l’occasion de créer des références. Lors d’un chantier de semis avec un outil de reprise à l’avant et un combiné à l’arrière, la consommation de carburant a baissé de 10 % en passant de la pression route à des valeurs indiquée pour le champ en travaux lourd. Soit un passage de 1,6 – 1,8 bar à 0,6 – 1,4 bar. Sur un chantier de labour, la consommation a d’autre part diminué de 18 % en descendant la pression de 1,4 à 0,9 bar. Enfin, toujours au labour, remplacer des pneus standards (série 85) par les équivalents en taille basse (série 65) a permis de descendre de 26 % la consommation, sur la base de pressions optimisées dans les deux variantes.
Le poids de l’engin tasse en profondeur
Les mesures réalisées en 2017 par l’association canadienne IFAO confirment les simulations que produit notamment le logiciel Terranimo. Elles montrent que quelle que soit la pression dans les pneus, c’est la charge à l’essieu qui crée un risque de compaction en profondeur quand le sol est fragilisé. L’IFAO a par exemple testé une presse haute densité avec deux pressions de gonflage différentes. À 3,4 bars, la pression mesurée à 15 cm sous les roues atteint un niveau qualifié de « risque élevé » par les agronomes.
En abaissant la pression à 1,5 bar, la situation remonte en « risque moyen ». En revanche, la contrainte mesurée à 50 cm de profondeur n’a pas changé. Comme le résume Agro-Transfert, la pression de gonflage et le type de pneus sont importants vis-à-vis du tassement en surface. La charge à la roue intervient pour sa part sur le tassement en profondeur. Voilà qui donne matière à réflexion quant aux limites agronomiques des matériels agricoles très lourds, même chaussés de la plus belle façon.
Pour plus d’informations, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com
Pneus agraires : parce qu’ils le valent bien