En plus de s’intéresser à la consommation d’un tracteur articulé de 620 ch, l’essai des Case IH Quadtrac 620 et John Deere 9620RX a permis d’observer l’impact sur le sol d’un tracteur articulé à chenilles. A partir de ce dernier, il est possible d’extrapoler en s’intéressant à l’impact d’un matériel de 30 tonnes sur chenilles (comme certaines moissonneuses-batteuses par exemple). La principale conclusion de cette étude, réalisée par Arvalis-Institut du végétal, est que l’on observe une évolution de la structure du sol liée au passage du tracteur. Et ce, même si cet essai s’est déroulé en conditions peu favorables au tassement du sol (sols secs).
«Sous le passage de la chenille du tracteur, on constate une perte de porosité», constate Pascale Métais, ingénieure d’études pour Arvalis-Institut du végétal. «Visuellement, on le constate. Il y a beaucoup moins d’espaces vides dans le sol où l’eau et l’air peuvent circuler.»
Tassement du sol jusqu’à 18 cm
Une observation constatée visuellement sur les 5 premiers centimètres de profondeur, mais aussi plus profondément, vers 15 à 18 cm. «On note des différences significatives jusqu’à 18 cm de profondeur. On observe donc un tassement du sol lié au passage de la chenille du tracteur jusqu’à 18 cm de profondeur.»
«La différence est assez minime si on regarde les valeurs», convient Pascale Métais. «Mais le fait que l’on observe une différence dans un état sec, nous indique qu’il faut être très vigilant. En effet, dès que le sol va être un peu plus frais, on aura des différences d’autant plus importantes. Elles peuvent se matérialiser par des pertes de porosité plus importantes.»
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La surface d’appuis de ces tracteurs est importante: de 5,6 à 6,6 m² selon la largeur de la chenille. La charge est donc répartie, mais ces tracteurs pèsent près de 30 tonnes à vide. De plus, «la charge n’est pas forcément répartie de façon homogène sur toute la surface de contact de la chenille. En outre, sous les galets, la charge est plus importante».
Le poids total, critère déterminant
Ce qu’il faut retenir, c’est que «même si on a une chenille qui répartit la masse sur une grande surface, cette répartition n’est pas toujours égale. Surtout, le poids total est très élevé. Or, c’est ce poids total qui détermine principalement les risques de tassement de sol, ainsi que la profondeur jusqu’à laquelle ce dernier va se répercuter».
Ainsi, selon Pascale Métais, travailler dans une parcelle avec un outil de 30 tonnes peut vite être problématique. En effet, on peut créer du tassement juste via le passage du tracteur. Un risque d’autant plus important si la parcelle est dans un état frais, avec des sols humides.
Et c’est un cercle vicieux qui se met en place. Le sol étant compacté, il faudra plus de puissance pour travailler le sol, donc des outils plus gros, plus lourds, avec un risque de tassement accru.
Ne pas dépasser 4 t/roue
«Il faut vraiment faire attention au poids des machines», insiste Pascale Métais. «Et 30 tonnes, c’est beaucoup trop.» A titre d’exemple, pour les machines sur pneumatiques (donc avec une surface de contact moins importante qu’une chenille), «on conseille de ne pas dépasser les 4 tonnes par roue pour éviter le tassement du sol.» La répartition de la charge va permettre de limiter les marques en surface mais elle n’empêchera pas le tassement en profondeur. Donc si le matériel est trop lourd, même avec des chenilles, il reste trop lourd.
Lorsque l’on compare les valeurs de pénétromètre sous les passages des deux tracteurs, on constate des observations relativement similaires. Par contre, on observe des différences entre les mesures prises sous les galets des chenilles et entre les galets des chenilles.
Pour en savoir plus sur cette problématique, rendez-vous sur le site d’Arvalis-Institut du Végétal.
Tous les détails de cette étude sont à retrouver dans le mensuel Entraid’ de mars 2020.