Le prix fait hésiter
Pour Fabrice Maîtrot, en Côte-d’Or, les préoccupations du terrain se tournent vers le prix et la durée de vie. « Je rencontre surtout des éleveurs, qui jugent les pneus chers et manquent de comparatifs pour choisir. » Mais il reconnaît que le sujet mériterait plus d’approfondissement. « Le pneu est un équipement beaucoup plus complexe qu’on ne pense. Quelle est la bonne pression selon l’activité du tracteur ? Quel modèle choisir sachant que les agriculteurs ont besoin de polyvalence ? » Lors de ses formations sur l’éco-conduite, il aborde la question des pneus en lien avec le lestage. Mais il y a aussi l’aspect agronomique. « L’idée qu’un pneu large ou une chenille tassent moins est bien admise, mais la notion de risque de compaction en profondeur liée à la charge à l’essieu est mal connue. » Il relève également un préjugé sur l’usure des pneus larges sur route.
Le tassement des sols préoccupe
Plus à l’Ouest, dans le Maine-et-Loire, Alexis Cochereau a relevé du changement : « Je constate plus de préoccupations sur le tassement des sols, notamment avec les grosses tonnes à lisier. Les agriculteurs se posent des questions sur le type de pneus à choisir, la pression de gonflage ou encore l’intérêt du télégonflage. Ils ont aussi besoin d’éclaircissements techniques sur les types IF et VF, qui apparaissent. » Mais il confirme également que le thème est complexe et qu’il est difficile au quotidien de connaître la pression nécessaire et de la modifier pour chaque chantier.
Le choix des marques
Face à ce besoin d’informations, il faut souligner l’offre de services qui se développe dans les réseaux spécialisés multimarques. Claire Albert, marketing manager « marchés véhicules industriels » chez Euromaster, en donne des exemples. Premier élément : le conseil. « Nous intervenons en direct auprès des agriculteurs lors des renouvellements de pneumatiques, ou en partenariat avec les concessionnaires pour des investissements en neuf, afin de bien choisir la monte. Notre offre comprend trois types de marques, premium, intermédiaire ou budget, selon la demande des clients. Les marques premium permettent vraiment d’obtenir une meilleure efficacité des matériels, en adaptant la réponse aux contraintes : le type de sol, les conditions de travail, le pourcentage de route, etc. Elles coûtent plus cher mais nous pouvons proposer des solutions de financement spécifiques. Nous fournissons ensuite aux clients les préconisations de pression de gonflage. »
Visite préventive du technicien
Mais Euromaster réalise également dans ses ateliers des réglages de géométrie de véhicules, qui ont une incidence sur l’usure des pneus. Autre mesure préventive : la visite du parc. « Nos techniciens peuvent faire un état des lieux du parc de machins de l’agriculteur, pour prévenir les avaries et réduire les temps d’immobilisation en pleine saison ». Autre service à signaler chez Euromaster, la formule SOS Récoltes pour les dépannages d’urgence au champ. Elle est proposée par une centaine de ses centres entre juin et octobre, et cela 7j/7 et 24h/24. Claire Albert résume ainsi la ligne de l’entreprise : « Établir avec les agriculteurs une relation de confiance, en apportant de la technicité et de la proximité. »
Raisonner en coût d’utilisation
Autre exemple chez Profil +, un réseau spécialisé multimarques indépendant des manufacturiers. Guillaume Besseyre, responsable de la ligne agro-industrie au sein du groupe Simon, constate les contraintes économiques des agriculteurs. « Ils s’attachent beaucoup au prix d’achat des pneumatiques, plus qu’à leur coût d’usage. De notre côté, nous cherchons à leur proposer des solutions qui répondent à l’utilisation qu’ils font de leurs matériels, avec un objectif de rentabilité. Cela passe aussi par le fait de les user jusqu’au bout. »
Changement des pneus avant la livraison
Dans la façade Ouest de la France, où il exerce, il note une montée en puissance des questions sur les carcasses de type IF et VF, mais également sur le télégonflage et les dispositifs TPMS (capteurs de pression). « Globalement, on sent une demande de moins marquer le sol avec les matériels. » Dans ce réseau également, le conseil constitue la première offre de service. « Beaucoup de clients nous sollicitent avant d’investir dans un nouveau matériel. Et quand le constructeur ne propose pas la monte souhaitée, il nous arrive de changer les pneus du matériel neuf en concession, avant sa livraison. » Après la vente, viennent les préconisations de gonflage, avec la pesée des matériels et la lecture des abaques charge/pression, puis les conseils d’entretien. « Certains manufacturiers offrent d’ailleurs cette séance de pesée lors d’un achat de pneus. »
Gare à la prépondérance !
Guillaume Besseyre relève quelques erreurs récurrentes de la part des agriculteurs. « Les pressions de gonflage inadaptées peuvent arriver, souvent pas manque d’attention ou de temps, dans la précipitation des chantiers. Les agriculteurs qui changent eux-mêmes des pneus connaissent aussi des problèmes de prépondérance, qui fait qu’ils exploitent mal leurs quatre roues motrices, ou génèrent des usures anormales de la mécanique ou des pneus. Il faut savoir qu’à dimensions égales, des pneus de modèle ou de marque différente peuvent différer légèrement de ceux montés d’origine sur le tracteur. » Et effectivement, dans ces conditions, la prépondérance du pont avant sur le pont arrière, propre à chaque modèle, risque de ne plus être respectée.
On retourne ainsi à une notion essentielle : les pneus contribuent grandement aux performances d’un tracteur.
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