Sud-Astarac : une nouvelle cuma pour optimiser les chantiers

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Sud-Astarac : une nouvelle cuma pour optimiser les chantiers

Damien Latapie, producteur de céréales et éleveur de bovins à Mont d'Astarac.

Dans le sud du Gers, la création de la cuma Sud-Astarac a permis à ses adhérents d’optimiser leurs chantiers en développant une collaboration qui va bien au-delà du partage de matériel. Témoignage de Damien Latapie, producteur de céréales et éleveur de bovins.

Trois ans, tout juste, c’est l’âge de la cuma du Sud-Astarac. Dans le monde des affaires, on dirait facilement que c’est un spin-off (une structure  dérivée en anglais) de la cuma d’Aussos, toute proche, bien plus ancienne et à bien des égards bien plus grosse. C’est Damien Latapie, producteur de céréales et éleveur de bovins à Mont-d’Astarac, qui raconte cette genèse. « Nous étions une poignée d’adhérents au sein de la cuma d’Aussos à avoir des besoins assez spécifiques, notamment lorsque nous sommes partis en bio. Alors, en accord avec le trésorier et parce que nous n’étions plus vraiment en phase avec la façon dont la cuma envisageait le recours aux subventions, nous en sommes sortis. Enfin pas complètement parce que nous en faisons encore un peu partie, je suis toujours membre du bureau », sourit-il.

Du matériel prêt et disponible au bon moment

« La cuma d’Aussos voulait raisonner les subventions à l’échelle de la structure et nous plaidions pour notre part pour une gestion à l’outil, sans compter que nous avons des surfaces importantes à travailler. Il nous faut donc être sûrs que le matériel sera prêt et disponible au bon moment », précise-t-il ensuite. Ils sont donc une poignée à prendre partiellement le large et à créer une nouvelle cuma. Les investissements s’enchaînent rapidement avec l’appui des plans de relance de l’État. De quoi travailler dans de bonnes conditions. Mais mettre du matériel en commun peut aussi n’être que la première marche d’un projet plus ambitieux…

200 hectares en une semaine

« Le déclic a été l’embauche de notre salarié. Il a mis beaucoup de fluidité dans l’organisation de nos chantiers parce que nous avons tous des élevages et que nous ne pouvons pas forcément être dans les parcelles tous les matins à cause de cet atelier. » Qui dit fluidité dit aussi plus de tranquillité d’esprit et donc plus de possibilité de prendre du recul. « Avec les deux autres agriculteurs historiques de notre cuma on s’entraidait déjà pas mal sur les chantiers d’enrubannage et de paille, poursuit-il. le fait d’avoir des outils de travail du sol nous a permis d’aller plus loin dans cette direction.

Aujourd’hui, pour gagner en fluidité, on essaie de ne pas dételer les outils que l’on a attelés sur nos tracteurs, ceux que nous avons en propriété individuelle, qui sont les plus adaptés aux types de travaux à réaliser. Mais surtout, on organise le travail non pas en fonction des exploitations mais de l’état des parcelles. Cela nous permet d’optimiser les chantiers.

Un vrai travail de coordination

Peu importe à qui appartient le tracteur, on refait le plein quand on a fini, sans regarder à 10 litres de gasoil. Idem pour le champ. On fait en fonction de l’état. Au salarié le travail de préparation du sol, au président de la cuma les semis et à moi le désherbage mécanique. » Le salarié est relevé par les agriculteurs pendant les pauses pour que personne ne perde de temps et au printemps 2023, période compliquée s’il en fut, ils sont ainsi parvenus à semer 200 hectares de maïs, soja et tournesol en… une semaine !

« Nous avons un groupe WhatsApp. Le vendredi je fais le point, je relance pour savoir quelles sont les priorités de la semaine à venir et j’énonce le programme de travail du salarié pour la semaine suivante. C’est juste un travail de coordination en somme. Le salarié, lui, fait le tampon entre la vision des parcelles, le planning et l’entretien du matériel. C’est important, je n’aime pas mettre un tracteur à 200 000 € entre les mains de quelqu’un qui ne connaît ni le matériel ni les parcelles. »

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La cuma sud-Astarac possède une herse étrille en 12,5m achetée à Camacuma.

Aller jusqu’aux fenaisons

Cette organisation déjà bien huilée a toutefois connu des ratés. « C’est quand on a basculé sur les foins que nous nous sommes dispersés. Comme nous avons tous nos propres outils, nous sommes partis chacun de notre côté et du coup, on a eu du mal à finir correctement à cause des conditions météo », se rappelle l’éleveur. C’est la raison pour laquelle quand ils regardent en arrière, ils se disent qu’il y a peut-être mieux à faire. « Ici on a la première grosse vague de méteils à la mi-avril, ensuite, en mai, les prairies multi-espèces, temporaires et les luzernes et en juin, les foins de pré et les secondes coupes, détaille Damien Latapie. Pour peu que la paille commence et qu’il faille se mettre au désherbage mécanique, ça peut vite devenir super tendu dans l’emploi du temps. »

Toujours communiquer pour bien s’organiser

D’où l’idée de mutualiser aussi les fenaisons pour la prochaine campagne avec l’ajout d’un combiné de fauche et un roundballer dont l’acquisition est en cours à l’automne 2023. « Il faut que nous arrivions à réaliser pour les foins ce que nous faisons pour les semis. C’est-à-dire faire un point tous les dimanches matin pour planifier le travail de la semaine qui suit en fonction des conditions, précise-t-il. C’est quand nous avons arrêté de communiquer que nous sommes partis chacun de notre côté. » Pour autant, cette organisation peut-elle être étendue ? « Pas sûr, je trouve qu’à trois c’est très fluide, au-delà cela devient vite plus complexe », fait-il remarquer.

Et aller plus loin ? Jusqu’à l’assolement en commun ?

Il sourit. « Wilfrid Leprat nous dit toujours qu’il y a d’autres marches à franchir en effet, la cuma intégrée, la cuma intégrale… puis l’assolement en commun. Le président de la cuma et moi avons des parcelles avec du potentiel à l’irrigation, le troisième, lui, a peu de céréales et est plus spécialisé sur l’élevage. Mon salarié à l’élevage doit partir en retraite dans les années qui viennent et je ne me vois pas embaucher quelqu’un d’autre… » La solution esquissée serait peut-être alors en effet de regrouper et spécialiser en fonction des affinités, de créer une solidarité inter-exploitations. Le troupeau serait alors fort de 450 mères.

« Tout assumer ensemble »

« On pourrait imaginer travailler à trois : un principalement sur l’élevage, un autre sur les cultures et le troisième sur les fenaisons, moi par exemple », suggère-t-il. « Cela peut-être pertinent dans le contexte de la bio, avec des rotations longues. » Même si le marché pour l’heure n’est plus guère favorable… Mais de là à repasser en conventionnel, il y a un pas. « Cela nous embêterait, depuis que nous sommes passés en bio nous nous sommes intéressés à l’agronomie, nous avons appris beaucoup de choses et nous sommes plus à l’aise. » En attendant, il soulève quelques obstacles potentiellement rédhibitoires à cette ultime étape. « Il y a déjà la connaissance des parcelles, je connais les miennes par cœur, pas forcément celles des autres. Ensuite, il y a les risques de salissures, de grêle… Si tu mets tout en commun il faut tout assumer ensemble… ».

La cuma Sud-Astarac en quelques chiffres

La cuma du Sud-Astarac regroupe cinq exploitations agricoles, dont quatre sont engagées en agriculture biologique et trois forment le noyau principal. Cela représente 850 ha dont environ 400 en céréales et oléoprotéagineux et 250 en prairies fauchées plusieurs fois par an. Depuis sa création, elle a procédé à l’acquisition d’un combiné, une remorque à vis, un plateau fourrager, deux bennes à céréales de 30 m3, une charrue 6 corps, une herse rotative de 6 m, un semoir monograine 9 rangs, une bineuse 9 rangs, une herse étrille en 12,5 m achetée à Camacuma, un lamier, un rouleau ect .

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