La modulation en agriculture peut se faire au moment du semis, de la fertilisation ou du désherbage. Malgré tout, l’engouement pour cette technique n’est pas au beau fixe car seuls 10% des agriculteurs la mettent en pratique. Pourquoi si peu? Élements de réponse avec Caroline Desbourdes, spécialiste de l’agriculture de précision chez Arvalis.
Quel est le domaine où elle est le plus utilisée ?
« Pour la modulation des apports d’engrais, il faut distinguer ceux azotés et ceux de fond. La technologie est plus développée pour ceux azotés. Elle justifie les épandages tardifs sur le blé, notamment. Pour pouvoir moduler les apports, il faut une cartographie. On a remarqué que dans une parcelle hétérogène, on pouvait espérer un gain de rendement moyen de 3 q/ha. Mais attention, les cartes doivent bien être structurées, avec de grandes zones. »
Peut-on y voir un développement prochain ?
« La modulation d’apports d’azote, c’est un peu comme une cerise sur le gâteau pour une catégorie d’agriculteurs qui cherchent la précision dans leurs techniques culturales. Cela reste intellectuellement très intéressant même si les agriculteurs n’y retrouvent pas forcément un gain économique. »
Qu’en est-il de son utilisation en densité de semis ?
« Tout d’abord, il faut que l’agriculteur soit équipé d’un semoir électrique prévu à cet effet dès l’achat. Il doit pouvoir interrompre le semis rang par rang. C’est un investissement conséquent, qui n’est pas utile pour les plantes qui tallent, par exemple. En revanche, selon une étude que nous avons menée en maïs, l’enjeu de la modulation de la densité de semis est de 2 q/ha selon la variabilité de la parcelle. »
Depuis quelques années, vous réalisez des études sur la modulation au moment du désherbage, quel est votre regard sur ce type d’intervention ?
« Pour cet usage, la modulation peut apporter de belles perspectives à l’agriculture française. Il ne s’agit pas de modulation au sens strict mais d’une application on/off. Cela concerne essentiellement les rattrapages de désherbage de maïs. Dans ces cas-là, on observe une réelle économie avec, par exemple, 80 à 95 % de produit économisé.
Cette technique reste prometteuse. Pour cela, il faut que l’agriculteur soit correctement équipé. C’est là que se trouve la limite. Pour le moment, il y a encore très peu de pulvérisateurs disponibles dans ce domaine. Si les coupures de tronçons représentent normalement la seule technologie nécessaire, le problème réside aussi dans le système électronique du pulvé. Dans bien des cas, il n’est pas capable de lire ces cartes, même s’il peut moduler l’azote. »
Peut-on s’attendre à un développement de la technique à une plus grande échelle ?
« Oui, il faut l’espérer car la technique de pulvérisation ciblée est peut-être un des moyens qui permettra de conserver certaines molécules. Les perspectives de cette technologie sont vraiment prometteuses, c’est une vraie solution. Et sur ce sujet, le temps presse. »
Un chiffre clé : 10 % des agriculteurs seulement utilisent la modulation de doses.
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