Les plantes indésirables sont bien présentes dans les champs, avec des suspicions de résistance. Ce constat, d’une part est sans appel, d’autre part vaut aussi bien pour les cultures d’automne avec le vulpin ou le ray-grass… que pour les cultures de printemps qui bataillent avec les chardons, rumex et autre chiendent. Quels que soient les modes culturaux (agriculture biologique, de conservation ou conventionnelle), les agriculteurs se confrontent aux vivaces et la pression ne faiblit pas.
Stratégie de désherbage : le tout phyto, c’est fini
Ne serait-ce qu’en raison de l’émergence de résistances au sein de la flore adventice, une stratégie de désherbage ne considérant que l’action chimique n’apparaît pas pertinente. L’intégration d’interventions de désherbage mécanique démontre ses intérêts. Certes, ces techniques sont efficientes, au-delà même de rattrapages. Néanmoins ce ne sont pas seules qu’elles font face à la résistance des mauvaises herbes.
Sur son exploitation de l’Eure, Édouard Deceuninck observe la pression du ray-grass. Alors qu’un seul pied produit entre 1 000 et 1 500 graines, une densité de 15 pieds de ray-grass par mètre carré suffit à nuire au rendement d’une céréale. Or dans son secteur, la résistance aux herbicides est apparue dans les années 1980. Force est de constater que le retour à la charrue et la technique du faux semis n’ont pas réussi à endiguer le phénomène qui impose aux producteurs d’alterner les modes d’action.
L’an dernier, l’agriculteur ajoutait un levier supplémentaire à son plan d’adaptation, en se dotant d’une moissonneuse munie d’un broyeur de paille capable d’anéantir 98 % des graines, selon son fabricant.
Questions d’agronomie
Inévitable en matière de gestion des adventices, la question de l’alternance des cultures revient sur le devant de la scène. Aux leviers déjà connus de l’introduction de prairies pluriannuelle ou de cultures de printemps s’ajoutent aujourd’hui des opportunités de nouvelles cultures. Le chanvre, par exemple, peut avoir un impact sur la pression des adventices à l’échelle de la rotation.
Enfin, sans changer d’espèces, Philippe Chuffart, Philippe Chuffart, agriculteur dans l’Eure, insiste néanmoins sur l’intérêt de la diversification. Dans le cadre d’un assolement commun à cinq exploitations, il cultive tous les ans une dizaine de variétés de blés. Les 740 ha du collectif se répartissent sur différentes zones naturelles ayant des précocités différentes. L’agriculteur du secteur de Lyons-la-Forêt retient : « Avec ces différents secteurs, nous misons sur plusieurs indices de précocité au semis. Ainsi, nous étalons d’autant plus nos périodes de travaux. » Ce sujet de la gestion des adventices fait l’objet d’un atelier technique au Mécalive du 16 mai 2024, à Beuzevillette, dans le pays de Caux.
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